Aller au contenu

Laporte (Ex)-Président de la FFR


Mahatma

Messages recommandés

Il y a 2 heures, le zèbre aux courges a dit :

Donc j'ai le droit de dire sur ce forum qu'on ne sait pas ce que fait lacroix avec ses secrétaires dans son bureau? Ou qu'on ne sait pas ce que dit mola sur les juifs ou les musulmans? Toujours dans un esprit caustique bien sûr ?


Pourquoi tu n’aurais pas ce droit ? 

Lien vers le commentaire
Il y a 2 heures, daqcxv a dit :


Pourquoi tu n’aurais pas ce droit ? 

Je ne sais pas, propos diffamatoires peut-être  ?

Lien vers le commentaire
il y a 2 minutes, RaimonNTada a dit :

Je ne sais pas, propos diffamatoires peut-être  ?

Le risque a chaque fois que l'on ouvre notre clapet voir notre clavier.  :(

Lien vers le commentaire

Après ce blue Monday rien de mieux que ce bon vieux moles pour se remonter le moral:

 

 

Référendum pour ou contre Patrick Buisson. 

COMME LES TEMPÉRATURES, LES " BONNES RAISONS " de VOTER CONTRE, EN FORTE BAISSE. 

Dans une petite semaine sera donné le coup d'envoi du référendum pour ou contre Patrick Buisson, dont l'enjeu n'est rien de moins que la continuité de la gouvernance du CD de Bernard Laporte ou un strike. KO ou chaos.
Car si la ministre envisage probablement, en cas de défaite, de nouvelles élections, l'agenda,  pressé comme un 🍋 de Menton promet un sacré carnaval entre le Tournoi, le Top 14,  les phases finales du rugby régional et la coupe du monde.... Un temps chaotique qui a de quoi filer la migraine. À vos dolipranes ! Mais aussi rares aujourd'hui qu'un parigot sur la plage de Palavas, il ne restera qu'une bonne cuite à la verveine pour ne pas tomber en syncope.

Reste un autre remède, 100% efficace et remboursé par la bonne conscience, donc gratuit, voter POUR Patrick Buisson. Plus de problèmes de temporalité dégénèrée aux scrutins mensuels, l'horizon devient lisse comme une peau de vache tannée dans le millavois, et roule ma poule, cheveux aux vents jusqu'à l'appel aux mondialistes et le France/All-Blacks du 8 septembre. 

Ce scénario semble se dessiner doucement mais sûrement si l'on en croit le nombre de raisons de voter contre, qui en quelques jours, secouées par le blizzard, s'effondrent de 5 à 3 😛😛. Coup de froid, coup de semonce, coup sur la cafetière ? Indéniablement le corpus des protestations et revendications est alité d'un grelotement, qui n'est pas bon signe pour passer l'hiver. La fièvre électorale n'est pas celle du samedi soir. On n'est plus dans le rock and roll, mais dans le coke and lol. Ça bulle mais sans zeste d'imagination, point de rêves pour les clients du bistrot d'Ovalie. Ça sent le KO, qui nous éviterait le chaos. 
Sûr qu'avec une myriade de votes POUR, le nouveau boss Patrick Buisson paye sa tournée🥂🥂 Allez santé à toutes et tous. Et n'oubliez pas, avec Buisson c'est tout bon🥰. Sinon on va toucher le fond 😶🌫️😶🌫️.

  • Confus 1
  • Vomit 2
Lien vers le commentaire

j'ai cru qu'ils avaient interviewé Laporte, ou alors le mec il avait une oreillette 

 

 

Fédération française de rugby : « Président délégué, ce n’est pas un prête-nom », assure Patrick Buisson, proposé pour remplacer Bernard Laporte

Les clubs amateurs doivent voter, du 23 au 26 janvier, pour valider la désignation du président délégué de la Fédération française de rugby choisi par Bernard Laporte, après sa condamnation pour corruption en première instance et sa mise en retrait. 

Propos recueillis par Clément Martel et Rémi Dupré

Publié aujourd’hui à 17h04, mis à jour à 18h44

 

Article réservé aux abonnés

Bernard Laporte et Patrick Buisson, à Bourgoin-Jallieu (Isère), le 5 juin 2021.&amp;lt;img src="https://img.lemde.fr/2023/01/18/0/0/7360/4912/664/0/75/0/ac87a6c_1674035029288-sipa-01023001-000028.jpg" alt="Bernard Laporte et Patrick Buisson, à Bourgoin-Jallieu (Isère), le 5 juin 2021."&amp;gt;<span class="Apple-converted-space"> </span> Bernard Laporte et Patrick Buisson, à Bourgoin-Jallieu (Isère), le 5 juin 2021.  MOURAD ALLILI/SIPA

Patrick Buisson a été proposé par Bernard Laporte pour occuper le poste de président délégué de la Fédération française de rugby (FFR), après sa « mise en retrait » à la suite de sa condamnation en première instance pour corruption. Avant le vote des 1 900 clubs amateurs, du lundi 23 au jeudi 26 janvier, pour valider – ou non – sa nouvelle fonction, l’actuel vice-président chargé du rugby amateur de la FFR répond au Monde.

Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Bernard Laporte renonce à toutes ses prérogatives pour rester président de la Fédération française de rugby

Comment abordez-vous ce référendum, et s’il est positif pour vous, le mandat qui vous sera confié ?

D’une manière très simple : la démocratie va s’exprimer. Mais c’est un référendum, pas une élection [pour la présidence de la FFR], laquelle aura lieu en 2024. C’est la continuité du mandat du comité directeur, qui a été réélu de manière démocratique [en 2020], les textes prévoient ce référendum. Aujourd’hui, il est l’heure de nous rassembler pour pousser derrière le XV de France. A quelques mois de la Coupe du monde [en France, du 8 septembre au 28 octobre], on ne devrait pas être dans la division : ce que l’on souhaite, c’est la stabilité.

Quelle est votre indépendance vis-à-vis de Bernard Laporte, dont vous avez été un proche collaborateur ? Puisqu’il demeure président de la FFR, comment garantir qu’il ne participera plus, dans l’ombre, aux grandes décisions ?

Il y a eu un jugement, la ministre [des sports, Amélie Oudéa-Castera,] a demandé à Bernard Laporte de se mettre en retrait, et il l’a fait en attendant le délibéré de son procès en appel. Et on ne le voit plus ! Aujourd’hui, Bernard Laporte n’est plus à la Fédération française de rugby, il s’est mis en retrait. Et pendant la Coupe du monde, s’il n’y a pas eu le procès en appel et la décision finale, il ne pourra pas représenter la fédération dans le protocole et ne sera pas en tribune, c’est clair.

 

Est-ce que je suis un prête-nom ? Imaginons que le « oui » l’emporte, je serai alors président délégué, et ce n’est pas un prête-nom. Le président délégué prendra toutes les décisions. Il siégera au bureau fédéral, au comité directeur et sera en relation directe avec les élus – comme le trésorier général, le secrétaire général et les vice-présidents. C’est un poste de responsabilité, et je n’ai pas de crainte à pouvoir l’assumer.

Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Rugby : à neuf mois de la Coupe du monde en France, l’embarrassant cas « Bernard Laporte »

Après la condamnation pour corruption de Bernard Laporte et l’éviction, à l’automne 2022, de Claude Atcher du groupement d’intérêt public (GIP) France 2023, la gouvernance du rugby français traverse une zone de turbulences. Comment entendez-vous restaurer le crédit de l’institution après ces affaires ?

Je veux incarner la fin des affaires, un retour au calme. Les clubs ont besoin de sérénité. Il est l’heure de se rassembler pour le bien de notre rugby, pas pour des intérêts personnels. Dans quelques mois, on organise une Coupe du monde. Pour la réussir, il faut de la stabilité. La division va nous mener à l’échec, donc il est temps d’y mettre fin et de travailler ensemble.

Comment entendez-vous incarner cette « fin des affaires » ? Au tribunal, Bernard Laporte a reconnu ne pas avoir lu la charte éthique et déontologique de la FFR, l’avez-vous fait ? Et, plus largement, en matière de probité et d’éthique, avez-vous une feuille de route ?

Une fois encore, le comité directeur a été élu et va continuer à suivre sa feuille de route. Ça fait seize ans que je suis à la fédération, donc je connais parfaitement le rôle de l’élu, et j’ai évidemment lu la charte d’éthique. On sait quel est notre rôle, quelles sont nos prérogatives, ce qu’un élu doit faire et ne pas faire et on va suivre tout ça. A la FFR, il y a cent cinquante salariés, et nous, nous sommes là pour fixer les choix politiques. Ils ont été fixés lors de notre précédente mandature [entre 2016 et 2020], et on va les assumer, on veut aller au bout, et la fédération va fonctionner normalement. Il n’y a pas que des affaires à la fédération.

Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Pourquoi Bernard Laporte va rester à la tête de la Fédération française de rugby, malgré sa condamnation pour corruption

Vous êtes à la fédération depuis seize ans, mais le grand public vous connaît peu. En quoi êtes-vous l’homme à même de fédérer le rugby hexagonal ?

J’ai commencé le rugby à l’âge de 6 ans et j’ai tout connu. J’ai été joueur, entraîneur, président d’un club, élu régional, secrétaire général puis président d’un comité territorial. Ensuite, j’ai été élu à la fédération. Et depuis un peu plus de deux ans, je suis chargé de tout le rugby amateur. Ce parcours prouve que j’ai une certaine expérience du rugby.

Au-delà des statuts de la fédération, comprenez-vous que le grand public soit étonné qu’un président condamné – en première instance –, et « mis en retrait », nomme celui qui lui succède ? Cela ne peut-il pas mettre votre légitimité en question ?

La légitimité, ce sont les clubs qui vont me la donner ou pas. Il y a un référendum, et si les clubs estiment que je suis légitime, il y aura un « oui ». Les clubs ont voté les statuts [de la FFR], ils ont décidé que le président pouvait désigner un président délégué – qui est un poste bénévole. Et là, ils sont en situation d’approuver ou de refuser. Personne, à la fédération, n’a dit : « Ah tiens, Bernard, désigne-nous un président délégué ! » Nous n’avons appliqué que nos statuts, et ça a été approuvé par la ministre des sports.

Justement, Amélie Oudéa-Castera a pesé pour que Bernard Laporte se mette en retrait. Comment comptez-vous collaborer avec ce ministère des sports ?

C’est le rôle du ministère des sports d’être regardant sur toutes les fédérations. Nous, on a une mission très importante à assumer : faire vivre le rugby. Il y a un Tournoi [des six nations] à assumer [à partir du 5 février], puis une compétition mondiale à organiser. C’est la compétition du rugby français, et l’on aura assez de matière pour montrer à la ministre que la fédération travaille bien et continue à vivre normalement.

Au niveau des structures internationales, World Rugby ou les Six Nations, comment va s’articuler la représentation française désormais ?

J’insiste : le rôle du président délégué est de représenter la fédération pendant la mise en retrait de son président. Donc bien évidemment, on va être présent dans toutes les structures internationales. Les résultats sportifs comptent beaucoup dans la représentation d’une nation, et vu le classement mondial de notre équipe de France [2e, derrière l’Irlande], le pays est très bien représenté au niveau mondial. Aujourd’hui, la France du rugby bénéficie d’une image exceptionnelle grâce à ses résultats, chez les filles comme chez les garçons.

Le nom « Altrad » (la société du président de Montpellier, également condamné pour corruption en première instance) orne le maillot du XV de France. Est-il acceptable de le maintenir sachant que le tribunal a établi que ce contrat s’inscrit « dans la continuité d’une relation de corruption » ?

La priorité, c’est de stabiliser la fédération. Il faut passer cette étape, revalider le comité directeur, et ensuite, il y aura différents sujets sur la table. Aujourd’hui, le groupe Altrad est un partenaire de la fédération, qui permet notamment au rugby amateur de fonctionner. Nous avons embauché cent soixante cadres techniques de clubs grâce à ce partenariat.

Il existe désormais des soupçons concernant la billetterie du Mondial 2023, au cœur d’une enquête du Parquet national financier sur le GIP France 2023. Le rugby français est-il voué à vivre avec ses vieux démons encore plusieurs années ?

Au sujet des billets, on a demandé toutes les explications à la gouvernance du GIP France 2023 et nous défendrons bien évidemment les intérêts de la FFR. Après, ce que les gens pensent, on n’y peut rien. Il s’est passé ce qui s’est passé et on va vivre avec. Mais on a des priorités : le Tournoi des six nations, la Coupe du monde et les clubs. Moi, j’échange beaucoup avec les clubs et je vais les voir. Et ce ne sont pas des affaires qui les intéressent particulièrement. Ils ont vécu des périodes difficiles, avec le Covid-19, comme tous les sports, et aujourd’hui, ils sont heureux de jouer. Les clubs en ont marre de tout ça, ce qu’ils veulent, c’est préparer le match du dimanche et gagner.

Clément Martel et  Rémi Dupré

  • Merci 1
Lien vers le commentaire

Le discours "il s'est passé ce qui s'est passé", les affaires n'intéressent personne et moi je travaille circulez y a rien à voir est quand même juste scandaleux. Si ce mec est légitimé par le vote, on a pas fini d'entendre des conneries

  • Upvote 1
Lien vers le commentaire
Il y a 10 heures, Gabi a dit :

 

Y'a ça aussi (et ce n'est pas un article ancien, contrairement à ce que je pensais) :

https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Affaire-claude-atcher-une-enquete-ouverte-pour-harcelement-moral/1375464

 

Si quelqu'un avait la bonté de partager ces articles, on pourrait encore se marrer !

Lien vers le commentaire

L’article, paru ce jour dans l’équipe, relate de grosses dissensions entre les présidents de top14 concernant le comportement à adopter sur ce qui se passe du côté de la fédé…

 

Outre le fait que la grande majorité demande de nouvelles élections, ce qui semble bloquer est bel est bien ce qui ont la double casquette avec Laporte :  bouscatel, Lacroix….

 

il est bien expliqué dans l’article que la grogne monte, la cocotte minute va ps tarder à peter si ça conitues…

certains avancent même des pactes de fidélité avec l’instance… etc… etça

Temporise de l’autre côté…

 

Je suis un peu abasourdi, (pas encore dégoûté….) de l’attitude de notre président!

mais a quoi joue t’il ???

 

Lien vers le commentaire
il y a 8 minutes, Solex31 a dit :

L’article, paru ce jour dans l’équipe, relate de grosses dissensions entre les présidents de top14 concernant le comportement à adopter sur ce qui se passe du côté de la fédé…

 

Outre le fait que la grande majorité demande de nouvelles élections, ce qui semble bloquer est bel est bien ce qui ont la double casquette avec Laporte :  bouscatel, Lacroix….

 

il est bien expliqué dans l’article que la grogne monte, la cocotte minute va ps tarder à peter si ça conitues…

certains avancent même des pactes de fidélité avec l’instance… etc… etça

Temporise de l’autre côté…

 

Je suis un peu abasourdi, (pas encore dégoûté….) de l’attitude de notre président!

mais a quoi joue t’il ???

 

Je pense qu'il vise la succession d'un des deux.

  • Upvote 3
Lien vers le commentaire
il y a 33 minutes, Raph a dit :

Voici un peu de lecture, L'Equipe sort encore une couverture et 3 doubles pages pleines sur le sujet :blink:

 

ENQUÊTE OUVERTE POUR HARCÈLEMENT MORAL

FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, GUILLAUME DUFY et MARC LEPLONGEON

 

Claude Atcher, le 14 décembre 2020 au palais Brongniart à Paris lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2023. - Dave Winter/INPHO/Presse Sports

Le rapport de l’inspection du travail, dont « L’Équipe » a pu prendre connaissance, assombrit encore le récit du management absolutiste de l’ancien « DG » du Groupement d'intérêt public France 2023, Claude Atcher. Il a donné lieu à l’ouverture par le parquet de Paris d’une enquête préliminaire pour harcèlement moral.

À 10 heures du matin, le 24 juin dernier, les deux inspecteurs du travail missionnés par la ministre des Sports deux jours plus tôt entrent au siège parisien du GIP - France 2023, au 24 de la rue Saint-Victor. Ils ne le savent pas encore, ne l’imaginent même pas, mais ils vont tomber entre les mains d’un personnage intempestif. Cette scène délirante, les contrôleurs ont tenu à la formaliser noir sur blanc, dans une lettre adressée à Jacques Rivoal, président du comité d’organisation de la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre), et Claude Atcher, directeur général de la structure en ce temps-là. Une lettre qu’ils ont insérée en avant-propos de leur rapport long de 32 pages dont L’Équipe a pu prendre connaissance. Dans un monde normal, les inspecteurs auraient souhaité être accueillis par M. Atcher, principal mis en cause dans l’enquête publiée par L’Équipe le 22 juin. Mais comme le signalera trois mois plus tard un courrier de la DRIEETS (Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) au préfet de Paris et au préfet de région, « Claude Atcher a refusé de recevoir les agents de contrôle. »

“Nous effectuons des contrôles de façon régulière et il est extrêmement rare que nous ayons à déplorer un tel accueil

LES INSPECTEURS DU TRAVAIL MISSIONNÉS PAR LA MINISTRE

Le 24 juin, c’est le directeur juridique du GIP, François Guéant, fils de l’ancien secrétaire général du président Sarkozy, qui se charge du comité d’accueil, à sa façon. « Nous lui avons demandé à le suivre dans son bureau ou en salle de réunion pour ne pas perturber l’activité au sein de l’open space, relatent les inspecteurs. Monsieur Guéant a alors fait preuve d’une grande nervosité, refusant dans un premier temps de nous recevoir, nous faisant remarquer que nous n’avions pas prévenu de notre visite puis indiquant qu’il allait immédiatement contacter son avocat. » Après une courte accalmie, M. Guéant s’emporte à nouveau et demande aux inspecteurs de lui dresser la liste des salariés qu’ils souhaitent entendre et surtout de prévenir de leur venue lors de leur prochaine visite. « Nous lui avons rappelé que les inspecteurs du travail peuvent accéder aux lieux de travail sans en avertir au préalable l’employeur ou demander une autorisation, interroger les salariés et se faire transmettre tout document dans les conditions prévues au Code du travail, ce qui n’a pas manqué, une fois encore, de déclencher un emportement de M. Guéant. »

Les inspecteurs demandent alors à échanger avec Sophie Coste, directrice des ressources humaines. Guéant indique que celle-ci est occupée en réunion, se ravise et suggère de « pouvoir assister à cet entretien, ce que nous avons refusé afin de pouvoir entendre librement M me Coste, est-il mentionné dans la lettre. Durant notre échange avec M me Coste qui se déroulait dans des conditions tout à fait cordiales et habituelles, M. Guéant nous a interrompus à trois reprises en se présentant dans la salle de réunion. » Les inspecteurs le prient à nouveau de s’effacer. Toujours selon la lettre, il aurait accusé les enquêteurs « d’exercer une pression sur la DRH et de lui faire subir une garde à vue ». M. Guéant s’est ensuite installé sur les canapés attenants à la salle de réunion, dont les parois sont vitrées, la confidentialité des échanges avec Mme Coste ne pouvant donc plus être garantie. «Nous effectuons des contrôles de façon régulière et il est extrêmement rare que nous ayons à déplorer un tel accueil. Nous attirons votre attention quant au fait qu’il apparaît interpellant de se présenter pour un contrôle dans le cadre d’une enquête pour violence au travail et de subir un accueil de la sorte. » L’inspecteur-élève qui accompagnait ce jour-là les titulaires aura des choses à raconter sur ses premiers pas dans le métier. François Guéant n’a pas répondu à nos sollicitations.

“Il a un comportement menaçant, il laisse le doute que ça peut en venir au physique

UN SALARIÉ SUR L’ATTITUDE DE CLAUDE ATCHER

Au fil de ses investigations et auditions (61 salariés se sont exprimés), l’inspection du travail a pu avoir confirmation des informations parues dans L’Équipe, aussi bien concernant le climat de terreur que faisaient régner Claude Atcher et quelques-uns de ses lieutenants au 8étage de la Mutualité, que sur l’absence de médecine du travail pendant plus de six mois alors même que les burn-out s’accumulaient parmi les salariés. À la lecture de ce rapport, on comprend aussi que rien n’était tout à fait à jour, ni dans les clous. « Lors de notre visite du 24 juin, aucun document de décompte des forfaits jours ni des heures travaillées n’a pu nous être fourni. (…) Nous avons demandé le registre unique du personnel tel que prévu au sens de l’article L.1221-13 du Code du travail ; M me Coste nous a répondu qu’il n’y en avait pas. » La réponse fut identique s’agissant de la base de données économiques sociales (BDES). Quant au document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), élaboré en août 2020, il n’avait pas été mis à jour. D’après nos informations, Claude Atcher aurait personnellement bloqué pour que ces informations ne soient pas communiquées au CSE. Les inspecteurs ont par ailleurs procédé au calcul du taux de rotation – ou taux de turnover – à la date de leur contrôle. Cette mesure constitue un bon indicateur de conditions de travail dégradées. Au GIP, ce chiffre dépassait le niveau « éloquent » (lire par ailleurs).

L’Équipe a également pu avoir connaissance du rapport du comité d’éthique, que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait commandé simultanément. Ces deux lectures avaient suffi à édifier le pouvoir politique et à provoquer la révocation de Claude Atcher pour faute lourde, le 10 octobre. Il avait préalablement été mis à pied à titre conservatoire le 29 août. Après avoir parcouru toute cette littérature, on se demande comment, avec les mêmes documents en main, Bernard Laporte, président de la FFR (qui détient 62 % du GIP), a tout de même essayé d’obtenir le maintien en poste de Claude Atcher.

“Entre les salariés, on l’appelle « Poutine », « Robespierre » ou « Caligula »

En plus de ces deux rapports, les élus du personnel du GIP avaient mandaté le cabinet conseil ADDEO. Tout aussi accablante, cette synthèse, longue de 121 pages et nourrie par une centaine de témoignages, confirme les dérives d’un pouvoir autocentré, le sous-effectif, la surcharge de travail, les arrêts maladie… En tournant les pages de ces rapports, on déambule au milieu d’une profusion de verbatims de salariés. Qui décrivent le management de l’ancien « DG»: « Une verticalité extrême, il est mégalomane» ; « C’est une organisation dictatoriale et pyramidale avec une pointe élevée et pointue»« Il impose la terreur » « Physiquement, il impose, il domine. Verbalement, il crie, il hurle, il humilie en public devant les salariés en open space et crée une ambiance latente de violence. » « Il a un comportement menaçant, il laisse le doute que ça peut en venir au physique » « Il nous dit qu’il saura qui parle»; « Il est nocif. Entre les salariés, on l’appelle “Poutine”, “Robespierre” ou “Caligula”. » Qui décrivent aussi une souffrance : « Les personnes qui pleurent oui, je l’ai vu. J’ai entendu des cris provenant du bureau d’Atcher » ; « Les gens pleurent dans les toilettes » ; « Il m’a brûlé moralement, il m’a détruit»« J’avais une boule au ventre tous les jours, il m’appelait et me criait dessus. Il appelle à n’importe quelle heure. Il m’appelait le dimanche soir pour le lendemain. C’était pour m’humilier » « Les gens ont peur de se retrouver seuls avec lui dans le bureau » ; «J’ai été sous son emprise, c’est un gourou » « J’en suis venu à être terrorisé par un coup de téléphone » ; « On n’a pas su protéger ceux qui sont venus derrière parce qu’on s’est juste préoccupés de nous sauver nous-mêmes » ; « J’ai reçu le coup de fil du dimanche midi, celui pour déstabiliser et mettre la pression » ; « Quand je parle de lui, ça me prend aux tri- pes » ; « J’ai augmenté ma consommation d’alcool et de tabac à cause du travail. Je prends des produits pour tenir la fatigue. J’ai développé des maux de tête chroniques, des douleurs aux cervicales, des maux de ventre, des bouffées de stress et d’anxiété » ; « Fin novembre 2021, je ne savais plus comment je m’appelais » « Je me suis retrouvé dans l’incapacité d’écrire un mail. J’en suis arrivé à avoir des idées noires » ; « J’ai contracté des taches de stress sur le corps » « J’ai eu une crise de larmes durant douze heures d’affilée»« En l’espace d’un an, j’étais à bout, je devenais exécrable, tout était noir, je voulais tout quitter, je voulais partir. »

Plusieurs témoins reviennent sur l’impressionnante crise d’angoisse de ce « proche » d’Atcher qui venait d’être humilié en réunion par le grand patron et qui allait être évacué dans une couverture de survie.

“Monsieur Claude Atcher ne peut que se réjouir de l’ouverture d’une enquête

Mes EMMANUEL MOYNE ET GEOFFROY GOUBIN

« Lors des faits, j’étais présent dans l’open space, dit un salarié. J’ai entendu un cri qui ressemblait à un cri d’enfant, cela m’a glacé » ; « Lorsque le collègue s’est effondré, témoigne un autre, M. Atcher a dit : “Circulez, il n’y a rien à voir”. » Le 29 novembre, suite à un signalement de la DRIEETS, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour harcèlement moral. C’est la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) qui a été saisie de l’enquête.

Contactés par « L’Équipe », les avocats de Claude Atcher, Mes Emmanuel Moyne et Geoffroy Goubin, répondent : « Monsieur Claude Atcher l’ignorait mais ne peut que se réjouir de l’ouverture d’une enquête qui devrait permettre à terme de lever l’anonymat des témoignages prétendument à charge le concernant auxquels il pourra enfin avoir accès et ainsi y répondre de manière circonstanciée. Cela lui permettra de donner à tout témoignage mensonger la suite judiciaire qu’il appartiendra. » 

16 %

La proportion de salariés du GIP estimant qu'ils consomment davantage de substances psychoactives (tabac, alcool, médicaments, cannabis, autres drogues) à cause de leur travail.

(source : questionnaire du cabinet conseil ADDEO)

36,65%

Le taux de rotation (calculé à partir du nombre de salariés et pondéré selon le nombre de départs contre le nombre d'arrivées sur une période donnée) constaté au GIP par l'inspection du travail.

Le taux de rotation moyen en France est de 15%.

39 %

La proportion de salariés du siège du GIP estimant que leur état de santé au travail s'est dégradé depuis qu'ils travaillent au sein du Comité d'organisation.

(source : questionnaire du cabinet conseil ADDEO)

39,1 %

La proportion de salariés du GIP se considérant témoins de violence psychologique au travail est passée de 39,1% à 1,8% depuis le changement de direction générale.

La proportion des salariés se déclarant victimes de violence psychologique au travail est passée, elle, de 13,6% à 2,7%.

 

RUGBY

Péril sur les finances du Mondial

FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, GUILLAUME DUFY et MARC LEPLONGEON

 

Claude Atcher, ancien patron du GIP. - Alain Jocard/AFP

Mauvaise gestion budgétaire, soupçons de favoritisme et de détournement de fonds publics : magistrats et inspecteurs tirent la sonnette d’alarme sur les comptes de la Coupe du monde 2023. La nouvelle gouvernance promet de « sécuriser l’organisation du tournoi ».

C’est un ballon qui n’en finit plus de se dégonfler. En février 2017, lancé dans une campagne visant à permettre à la France d’organiser un deuxième Mondial de rugby (après 2007), Claude Atcher joue, face à l’Afrique du Sud, la carte financière et affirme au Figaro pouvoir réaliser 200 millions d’euros de bénéfices potentiels. Cinq ans plus tard, le 13 juin 2022, en plein conseil d’administration du GIP, la somme a été divisée de moitié mais le patron de la Coupe du monde 2023 continue d’étaler sa folie des grandeurs. Le directeur envisage désormais un résultat d’exploitation de plus de 95 millions d’euros et propose d’indexer sur ce montant des primes aux employés les plus fidèles. Publiquement, c’est un autre chiffre qui est présenté, officiel, celui-là : 68 millions d’euros de bénéfices nets. Assorti d’une promesse : celle de monter la Coupe du monde la plus rentable de l’histoire grâce à une billetterie attractive et des sponsors généreux.

L’histoire, que L’Équipe a pu reconstituer après avoir pris connaissance de nombreux documents budgétaires inédits et d’extraits du rapport secret de l’Inspection générale des finances (IGF), est moins belle.

La Coupe du monde ne serait plus rentable que de 40 millions d’euros

L’IGF, elle, invite d’ores et déjà à oublier les promesses de bénéfices colossaux promis en son temps par Claude Atcher : « Compte tenu du contexte actuel du GIP, la mission estime que l’ambition portée sur les résultats financiers de la Coupe du monde ne constitue pas une priorité. Seule [compte] la livraison du tournoi dans des conditions optimales et la bonne réalisation des opérations engagées dans le cadre de la Coupe du monde, quitte à mobiliser une partie des bénéfices réalisés pour en garantir la réalisation. Le seul objectif à préserver au regard des engagements incontrôlés de l’ancien directeur général (Claude Atcher) est celui d’un résultat raisonnable, de l’ordre de celui garanti par les hypothèses basses du compte de résultat prévisionnel du GIP.» Selon des sources concordantes, les dépenses pourraient en réalité avoir été sous-évaluées de 28 millions d’euros. La Coupe du monde ne serait plus rentable que de 40 millions d’euros, en attendant les résultats d’un audit financier indépendant qui, selon nos informations, a été réclamé par le Parquet national financier (PNF). Celui-ci pourrait encore corser l’addition…

Chargé d’une enquête préliminaire, le PNF a saisi les gendarmes de la section de recherche de Paris pour perquisitionner début novembre les locaux de France 2023. S’il convient d’être particulièrement prudent, et si un important travail d’étayage juridique doit encore être mené, les magistrats s’appuient sur un certain nombre de constats formulés par l’Inspection générale des finances (IGF), saisie par le ministère des Sports d’une mission conjointe avec l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Toutes deux pointent plusieurs irrégularités dans la gestion du GIP, dont certaines seraient attribuées à Claude Atcher et à l’ancienne gouvernance pour un préjudice total de plusieurs millions d’euros. Premier grief : le dispositif Campus 2023, un centre de formation d’apprentis (CFA) censé offrir un emploi à plus de 2 000 jeunes. Problème : deux ans plus tard, le Campus est loin d’avoir rempli ses promesses (voir page 6). Surtout, malgré au moins une alerte de la direction financière du GIP, l’ancienne gouvernance aurait, selon une source bien informée, omis d’intégrer aux dépenses les « charges de personnel » et les taxes d’apprentissage. En clair : « Une mauvaise interprétation de la législation sur la comptabilité d’un CFA d’entreprise » aurait conduit à minorer les dépenses de 28 millions d’euros, nous précise-t-on.

Interrogée par L’Équipe sur ces points, la nouvelle gouvernance du GIP se veut rassurante. « La priorité de la nouvelle gouvernance est de sécuriser l’organisation du tournoi en mobilisant les moyens nécessaires à la livraison d’un événement aux meilleurs standards de qualité. Il sera présenté au prochain conseil d’administration du 2 février un budget actualisé de l’événement intégrant pour la première fois l’ensemble des périmètres du Comité d’organisation (GIP, CFA Campus 2023, GIE et Fonds de dotation). Ce budget permettra de dégager un résultat positif au niveau de celui des meilleures Coupes du monde, qui sera redistribué au rugby français », assure-t-on. Les avocats de Claude Atcher, Mes Moyne et Goubin, font quant à eux savoir que leur client « ignore » tout de ces difficultés. Ils renvoient à la responsabilité du cabinet ESS et des directeurs des affaires financières (DAF) de Campus et du GIP, qui avaient la charge de valider et de contrôler les éléments de paie ou encore l’état des cotisations et des charges sociales.

Si les dépenses de sécurité et de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) semblent avoir été largement minorées dans le budget du GIP, celles-ci sont heureusement compensées par de nouvelles rentrées d’argent liées au sponsoring et aux très bonnes ventes de billets, explique une source bien informée. Il en va également ainsi pour World Rugby. L’organisme international a dénoncé récemment pour plusieurs millions d’euros des dépenses que France 2023 entendait mettre à sa charge, en vertu d’un accord-cadre qui régit leurs relations, et qui porte notamment sur l’événementiel. Les missions d’inspection pointent pour leur part d’autres faits, susceptibles eux aussi de revêtir une qualification pénale. Parmi eux : un contrat d’édition de 12 000 euros entre une jeune écrivaine et le GIP. La mission dévolue à l’autrice ? Raconter en plus ou moins 80 pages la « vision de Claude Atcher sur l’organisation des grands événements sportifs du XXI siècle à l’aune de problématiques protéiformes telles que les enjeux financiers, géostratégiques, territoriaux, ou encore de la responsabilité sociétale et environnementale » (sic). L’IGF ne semble pas avoir bien compris en quoi les finances du Mondial 2023 étaient concernées par un tel ouvrage. Contactée, l’écrivaine a confirmé à L’Équipe avoir touché la moitié de son à-valoir avant que le projet ne soit abandonné. Les conseils de Claude Atcher répondent que l’objectif de cet ouvrage, qui n’a donc pas abouti, « était de laisser un héritage sur le travail fait et de valoriser le travail collectif de l’organisation. (…) Il ne concernait pas uniquement Claude Atcher mais un retour d’expérience sur l’organisation d’un événement d’ampleur telle qu’une Coupe du monde du rugby.»

Faits de favoritisme, anomalies et frais de VTC ou de train dans le collimateur

L’IGF souligne également avoir retrouvé la trace de cadeaux, de produits ou de services mis à disposition ou offerts à des cadres du GIP, dont Claude Atcher, en dehors, semble-t-il, de tout contrat de partenariat. Lui nie, par l’intermédiaire de ses conseils, et affirme n’avoir « jamais reçu de cadeaux de la part de sponsors du GIP. Les bouteilles de vin et boîtes de chocolats qui ont pu être reçues au moment des fêtes de fin d’année étaient systématiquement mises à disposition des collaborateurs. »

Le PNF enquêterait également sur un certain nombre de marchés passés par le GIP et qui sont susceptibles de constituer des faits de favoritisme. Des anomalies ont en effet été relevées par l’IGF. Autre écueil : les inspecteurs financiers, comme le comité d’éthique, ne sont pas certains d’avoir compris le besoin réel pour le GIP de passer un contrat avec Be on coaching, l’entreprise pour laquelle le fils de Claude Atcher était prestataire. Claude Atcher, lui, jure s’être «déporté de la procédure (de commande publique) sur recommandation de la direction juridique du GIP lorsqu’il s’est avéré que son fils était susceptible d’y participer », expliquent ses avocats.

Sur le registre du favoritisme, les inspecteurs s’alarment aussi des dizaines de milliers d’euros dépensés pour s’attacher les services d’un chauffeur VTC sans, une nouvelle fois, avoir passé le moindre appel d’offres. L’ancien patron du GIP assure n’avoir «jamais été alerté sur une quelconque utilisation non conforme des VTC, dont les factures étaient validées par la direction financière. Les différents organes (internes mais aussi externes) de contrôle du GIP n’ont eux aussi jamais remis en cause ces dépenses ».

De corruption à détournement de fonds publics et favoritisme

Enfin, l’IGF a tiqué devant les finances du GIP, qui ont servi à payer le trajet en train de plusieurs collaborateurs partis assister aux obsèques du père de Claude Atcher. Ce dernier déclare via ses avocats « ne pas être à l’initiative d’une telle prise en charge. Renseignements pris et comme il est d’usage dans de nombreuses organisations et sociétés, il s’agit d’une pratique du GIP ayant consisté à prendre en charge les trajets des collaborateurs du GIP souhaitant témoigner de leur soutien lors de funérailles de proches de collaborateurs du GIP ou encore les déplacements relatifs aux obsèques des personnalités du monde du rugby » .

Selon nos informations, le Parquet national financier pourrait abandonner à terme la qualification de corruption initialement retenue à l’ouverture de l’enquête, pour privilégier celle de détournement de fonds publics et de favoritisme. L’enquête judiciaire promet cependant d’être particulièrement difficile, avec de nombreuses zones d’incertitude autour du statut même du GIP, un organisme mi-public mi-privé.

En août 2022, le comité d’éthique se voulait alarmiste : «Il ressort des entretiens tenus et des informations qui nous ont été rapportées que des manquements à la probité financière ou économique auraient été commis », peut-on lire. La gouvernance actuelle du GIP donne pour sa part rendez-vous au printemps avec la réalisation d’une mission d’audit financier et comptable visant à « s’assurer de la conformité de toutes les opérations comptables et financières des entités du comité d’organisation depuis leur création à leurs obligations et engagements».

Un audit qui a été exigé par le PNF, mais qui avait également été recommandé par l’Inspection générale des finances, mandatée par le gouvernement « à la suite de la décision des membres fondateurs du GIP France 2023 de changer la direction du groupement et de revoir les modalités de la gouvernance du comité d’organisation afin d’assurer transparence et collégialité ».

 

Le siège du GIP France 2023, situé à la Maison de la Mutualité, rue Saint-Victor, dans le V arrondissement de Paris, a été perquisitionné début novembre.

La face sombre de la billetterie

Comme révélé par L’Équipe en novembre dernier (voir notre édition du 10 novembre), l’enquête préliminaire ouverte par le Parquet national financier et confiée à la Section de recherches de la gendarmerie de Paris s’intéresse à de possibles infractions autour de la billetterie de la Coupe du monde 2023. Nos confrères du Parisien ont indiqué le 6 janvier que le meilleur ami de Claude Atcher, Henri Mioch, avait acquis 600 billets, et Sébastien Chabal, ambassadeur de l’événement, une centaine.

Les investigations devront déterminer si ce volume de billets a pu servir à générer des revenus pour MM. Mioch, Chabal et Atcher, par l’interface d’hospitalités sauvages (place au match + repas + possibilité de rencontrer un ancien grand joueur) pouvant multiplier par 3, 4 ou 5 le prix d’origine du billet. L’Équipe a eu connaissance d’un mail envoyé par un responsable du GIP à M. Mioch en avril 2021, récapitulant la fameuse commande de 600 billets. Intermédiaire et initiateur de cette commande, Claude Atcher était en copie de ce courrier.

F. Be., R. Bo., G. D. et M. L.

RUGBY

Campus, le projet gâché

GUILLAUME DUFY, FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, et MARC LEPLONGEON

 

Jean Castex, alors Premier ministre, entouré par Claude Atcher (à sa droite) et Jean-Michel Blanquer, à l’époque ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, lors de l’inauguration du Campus 2023 en mars 2021. - Abaca / Icon Sport

Le rapport de l’inspection générale des finances pointe du doigt les incohérences et l’irrationalité du grand centre de formation professionnelle pensé par Claude Atcher.

Le 29 mars 2021, c’est l’effervescence au siège du comité d’organisation de la Coupe du monde 2023. Claude Atcher reçoit du très beau monde. Jean Castex, le Premier ministre est là, tout comme Élisabeth Borne, la ministre du Travail, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, et Roxana Maracineanu, la ministre déléguée aux Sports. Bernard Laporte, le président de la FFR, a également répondu présent à l’invitation de son vieil et bel ami Claude Atcher. C’est un grand jour pour le directeur général de France 2023. Ce 29 mars, il lance officiellement Campus 2023, un programme sociétal ambitieux pour former en alternance des jeunes aux métiers du sport, du tourisme et de la sécurité. «Vous commencez une belle aventure, elle va changer le cours de votre vie professionnelle, de votre vie tout court», s’emballe Claude Atcher. L’événement est retransmis dans 70 centres de formation. Jean Castex applaudit « ce développement massif de l’apprentissage » qui va donner l’occasion à tous ces jeunes d’associer leur passion à un engagement dans un parcours d’insertion professionnelle. « Je soutiens ce projet et je suis particulièrement enthou- siaste», s’exclame le Premier ministre. Atcher rêve de former plus de 2 000 étudiants. Le projet fait l’unanimité. L’idée est belle. L’État s’engage à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros et subventionne l’initiative. Mais deux ans plus tard, les politiques ne sont plus sur la photo. L’euphorie est retombée. Entre l’idée, et la réalisation, il y a un gouffre.

“La finalité réelle du programme Campus 2023 selon leurs concepteurs, Claude Atcher et Benoît Rover, portait sur l’accroissement des recettes d’activité du GIP…

EXTRAIT DU RAPPORT DE L’INSPECTION GÉNÉRALE DES FINANCES

monde de rugby, elle illustre la frénésie qui a animé Claude Atcher dans le montage d’une opération… »

« La finalité réelle du programme Campus 2023 selon leurs concepteurs, Claude Atcher et Benoît Rover, portait sur l’accroissement des recettes d’activité du GIP… », peut-on lire dans le rapport de l’inspection générale des finances qui précise : « L'objectif d'accroissement du résultat financier du GIP ne sera pas atteint puisque les projections budgétaires actualisées du programme montrent qu'il sera vraisemblablement déficitaire de 1,4 M€. »

Ce chapitre passionne le Parquet national financier qui en octobre dernier a ouvert une enquête préliminaire relative à la gestion du comité d’organisation. Il se demande si l’argent public n’a pas été détourné à d’autres fins, ce que laissent penser ces quelques lignes lues dans le fameux rapport financier. « Le montage financier initial de l’opération duquel la mission ne peut exclure l’hypothèse qu’elle ait pu conduire à des malversations. ».

Les inspecteurs des finances s’interrogent sur des aides publiques destinées aux apprentis qui pourraient en réalité avoir été versées dans le budget recettes du GIP. Ils émettent ainsi des doutes sur le circuit financier utilisé. Selon une source proche de l’en-Dans le rapport de l’inspection générale des finances que nous avons parcouru, il est écrit noir sur blanc : « L’objectif initialement annoncé en 2020 par Claude Atcher qui consistait à recruter 2 023 apprentis a été revu à la hausse par lui-même en avril 2021 avec un objectif de 2 388 apprentis. Or la mission constate qu’avec 1 322 à l’échéance d’octobre 2022, les résultats obtenus sur le programme sont très éloignés de ces objectifs… L’opération révèle une méconnaissance du marché du travail dans le secteur de l’animation et du sport. Plus qu’un héritage de la Coupe du quête, s’ils étaient avérés, ces faits pourraient être qualifiés de détournement de fonds publics par le PNF. Maîtres Moyne et Goubin, les avocats de Claude Atcher, répondent : « Le GIP était doté d’une direction financière, outre la présence d’un contrôleur de l’État. Les comptes annuels du GIP n’ont jamais fait l’objet de la moindre remarque. Nous serions ravis de vous apporter une réponse plus complète sur ce point une fois que nous aurons une connaissance plus précise de cette accusation qui demeure particulièrement floue et touche à la comptabilité du GIP qui ne relevait pas des fonctions et de la compétence de monsieur Atcher ».

Le comité d’éthique du GIP s’était arrêté sur le sujet, dans un court rapport remis le 1er août 2022 à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Il faudrait contrôler le dispositif Campus « pour s’assurer de la réalité des prestations servies par tous les stagiaires et des contrats-conventions passées avec les collectivités locales», écrivaient ainsi Solange Moracchini, représentante de l’Agence française anti-corruption (AFA), et Alain Pichon, de la Cour des comptes, après avoir mené une petite vingtaine d’auditions. Mais ce n’est pas tout…

Des étudiants qui déchantent

Lors de sa création, il était prévu que Campus 2023 soit récupéré, ou plutôt légué à la FFR à la fin de la compétition. Auditionné dans le cadre de l’enquête de l’inspection des finances, Bernard Laporte, le président de la FFR, a assuré qu’il n’était pas au courant, comme il ignorait également devoir récupérer et endosser le CDI de Benoît Rover, le patron de Campus 2023, après la Coupe du monde. Ce sujet a cristallisé les inquiétudes de l’IGF qui note dans son rapport : « La mission relève une incertitude préoccupante sur le devenir du programme du CFA au lendemain de la Coupe de monde. Il s’agit là, une nouvelle fois, de l’expression du manque de cadrage initial dont aurait dû bénéficier cette opération et du manque de professionnalisme dans sa conception. » Et les inspecteurs d’inviter à définir les « conditions dans lesquelles une partie très conséquente des bénéfices de la Coupe du monde pourrait être réservée au financement de la pérennisation des emplois d’apprentis à la fin de leur contrat ».

Ces imprécisions dans le fonctionnement se font ressentir sur le terrain où les stagiaires se demandent parfois pourquoi ils se sont engagés. Plusieurs étudiants nous avaient alertés l’été dernier sur les difficultés financières qu’ils rencontraient avec du retard dans le versement des indemnités, et le remboursement de certaines notes d’hôtel et de frais kilométriques. Beaucoup ont déchanté, et ont décidé de partir avant d’avoir validé leur formation. Le rapport suggère enfin, dans la perspective de l’organisation par la France de futurs événements sportifs, « de sélectionner les responsables de la structure de pilotage, en particulier le président et le directeur général, dans le cadre d’une procédure transparente, permettant de vérifier leurs états de service, leurs expériences, leur probité et la qualité du projet qu’ils portent »

RUGBY

Friture sur la ligne et fracture sur la Ligue

JEAN-FRANÇOIS PATURAUD

 

Le président du Stade Toulousain, Didier Lacroix (à gauche), et son prédécesseur à ce poste et désormais président de la Ligue nationale de rugby, René Bouscatel. - Alain Mounic/ L’Équipe

L’actualité judiciaire à la FFR a ravivé les dissensions parmi les présidents des clubs professionnels. Certains mènent une fronde pour réaffirmer une ligne dure alors que le bureau de la LNR temporise.

On se croirait presque revenu trois ans en arrière. En pleine période de pandémie, quand les présidents de Top 14 et Pro D2 multipliaient les réunions interminables. Régulièrement, ils s’y s’écharpaient, chacun accusant l’autre de vouloir favoriser ses intérêts personnels. Sans surprise, la belle famille du rugby n’a pas franchement changé. Les rancœurs sont tenaces et l’actualité judiciaire récente du côté de la Fédération française de rugby n’a fait que les raviver.

En décembre dernier, après la condamnation en première instance du président de la FFR Bernard Laporte (deux ans de prison avec sursis, 75 000 euros d’amende et deux ans d’interdiction d’exercer toute fonction, même bénévole, en lien avec le rugby, pour corruption passive, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts, recel d’abus de biens sociaux et abus de biens sociaux, il a fait appel de ce jugement), puis sa mise en retrait de la Fédération, la Ligue nationale de rugby et ses présidents avaient finalement accouché d’une certaine unité de façade. Il avait pourtant fallu des tractations infinies, en marge de l’assemblée générale à Saint-Sébastien (Espagne) et au bureau de la Ligue, pour enfin se mettre d’accord et réclamer de nouvelles élections fédérales dans la lignée du Ministère des sports.

“Beaucoup trouvent que c’est bizarre, pour ne pas dire choquant, qu’un président condamné, même s’il a fait appel, puisse choisir son successeur

UN PRÉSIDENT DE CLUB

Un mois plus tard, le sujet divise toujours autant. Près d’une vingtaine de dirigeants de clubs professionnels se sont discrètement organisés. Dans leurs échanges sur un groupe WhatsApp et lors de leurs visios régulières, ils restent sur une ligne dure, refusant le principe de la nomination d’un président-délégué, sans pour autant être taxé de faire le jeu de l’opposition à la Fédération. Un vrai numéro d’équilibriste. Le bureau de la LNR, lui, temporise.

« Beaucoup d’entre nous auraient voulu que l’on communique à nouveau en disant clairement que ce référendum n’était pas concevable et qu’il valait mieux que le comité directeur de la FFR démissionne dans sa globalité, raconte un président de Top 14. Mais certains à la Ligue ne le souhaitaient pas, notamment au bureau dont une très grande majorité est pro- che de Laporte. » Des propos qui visent notamment, sans les nommer, Didier Lacroix, président de Toulouse et vice-président en charge des relations avec la FFR, Lucien Simon, vice-président en charge des affaires sportives, et même René Bouscatel, le président de la Ligue.

Une vraie colère envers les agissements de la Fédération

Les divergences réside dans les termes exacts à employer. Au mot près. C’est la forme que le fond qui diviserait, une fois encore, les présidents. « Beaucoup trouvent que c’est bizarre, pour ne pas dire choquant, qu’un président condamné, même s’il a fait appel, puisse choisir son successeur », résume un patron de club. Alors pourquoi ne pas le déclarer haut et fort publiquement ? « C’est probablement dû à un manque de courage, certains avaient fait un deal avec ces mecs-là et la FFR », selon un frondeur.

Au bureau, on nous assure pourtant que tous les membres sont alignés. Le sujet a d’ailleurs été encore longuement évoqué lundi et mardi derniers, sans aucune avancée. D’une certaine manière, ce qui arrangeait presque les dirigeants du monde professionnel, c’est que le « non » l’emporte (1) chez les amateurs et provoque possiblement la mise en place de nouvelles élections fédérales. Cela leur éviterait surtout de se prononcer clairement… « C’est pourtant d’une logique inouïe, assène un patron de club pro. Mais tout devient normal vu qu’on se torche avec l’éthique… »

Les mots, malheureusement prononcés sous couvert d’anonymat puisque personne ne veut sortir du bois individuellement, sont forts. Ils résument une forme de colère envers les agissements de la Fédération. La plupart des dossiers majeurs évoqués en comité d’orientation stratégique ces derniers mois sont d’ailleurs à l’arrêt, notamment la réforme de l’arbitrage et les activations pour la Coupe du monde. Les relations entre la LNR et la FFR sont devenues fraîches. Pour ne pas dire inexistantes. Et ce n’est pas le récent courrier de Christian Dullin, secrétaire général de la FFR, à René Bouscatel, président de la LNR, qui a franchement réchauffé ce retour à la guerre froide.

Cette lettre, que L’Équipe s’est procurée, ressemble surtout à un gros coup de pression. Après avoir souligné d’entrée que « la Fédération vous (la Ligue) délègue par convention l’organisation des compétitions professionnelles» et rappelé que « l’excellence de nos relations nous a amenés à sceller une convention couvrant la période 2023-2027 », Dullin réclame des explications après la décision de la Ligue de se porter, à nouveau, partie civile lors du procès en appel impliquant Bernard Laporte. « Par ce courrier, nous vous demandons expressément de nous expliquer plus avant votre position, le fondement de cet appel et nous indiquer par retour, si la décision d’interjeter a été prise par votre bureau ou le cas échéant par une autre instance », peut-on lire. En gras, pour mieux appuyer le discours.

Cette lettre, datée du 11 janvier, revêt un culot monstre quand on se souvient ce que s’est permis la FFR face à son ministère de tutelle avant de finalement courber l’échine. Dire qu’elle a été mal accueillie est un euphémisme, y compris par Bouscatel lui-même. Un président conclut : « C’est un peu comme si on vous disait « fermez vos gueules », mais à terme ça va être un peu plus compliqué de fermer la gueule à un certain nombre de types… » 

(1) Une consultation ouverte à tous les clubs se tiendra entre le lundi 23 janvier midi et le jeudi 26 janvier midi, par voie électronique, afin de décider si Patrick Buisson, candidat proposé par Bernard Laporte, obtient la majorité nécessaire pour devenir président délégué de la FFR.

Certains vont peut-être hurler au harcèlement, mais si ça pouvait aider à dégager la mafia Laportienne, ce serait une bouffée d'air frais pour le rugby français (même si tout ne serait pas réglé, loin de la).

  • Upvote 1
Lien vers le commentaire
le zèbre aux courges
il y a 13 minutes, Ardbeg a dit :

Certains vont peut-être hurler au harcèlement, mais si ça pouvait aider à dégager la mafia Laportienne, ce serait une bouffée d'air frais pour le rugby français (même si tout ne serait pas réglé, loin de la).

Apparemment il faudrait dégager le stade toulousain :) ça ferait tâche.

Lien vers le commentaire
il y a 51 minutes, Raph a dit :

Voici un peu de lecture, L'Equipe sort encore une couverture et 3 doubles pages pleines sur le sujet :blink:

 

ENQUÊTE OUVERTE POUR HARCÈLEMENT MORAL

FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, GUILLAUME DUFY et MARC LEPLONGEON

 

Claude Atcher, le 14 décembre 2020 au palais Brongniart à Paris lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2023. - Dave Winter/INPHO/Presse Sports

Le rapport de l’inspection du travail, dont « L’Équipe » a pu prendre connaissance, assombrit encore le récit du management absolutiste de l’ancien « DG » du Groupement d'intérêt public France 2023, Claude Atcher. Il a donné lieu à l’ouverture par le parquet de Paris d’une enquête préliminaire pour harcèlement moral.

À 10 heures du matin, le 24 juin dernier, les deux inspecteurs du travail missionnés par la ministre des Sports deux jours plus tôt entrent au siège parisien du GIP - France 2023, au 24 de la rue Saint-Victor. Ils ne le savent pas encore, ne l’imaginent même pas, mais ils vont tomber entre les mains d’un personnage intempestif. Cette scène délirante, les contrôleurs ont tenu à la formaliser noir sur blanc, dans une lettre adressée à Jacques Rivoal, président du comité d’organisation de la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre), et Claude Atcher, directeur général de la structure en ce temps-là. Une lettre qu’ils ont insérée en avant-propos de leur rapport long de 32 pages dont L’Équipe a pu prendre connaissance. Dans un monde normal, les inspecteurs auraient souhaité être accueillis par M. Atcher, principal mis en cause dans l’enquête publiée par L’Équipe le 22 juin. Mais comme le signalera trois mois plus tard un courrier de la DRIEETS (Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) au préfet de Paris et au préfet de région, « Claude Atcher a refusé de recevoir les agents de contrôle. »

“Nous effectuons des contrôles de façon régulière et il est extrêmement rare que nous ayons à déplorer un tel accueil

LES INSPECTEURS DU TRAVAIL MISSIONNÉS PAR LA MINISTRE

Le 24 juin, c’est le directeur juridique du GIP, François Guéant, fils de l’ancien secrétaire général du président Sarkozy, qui se charge du comité d’accueil, à sa façon. « Nous lui avons demandé à le suivre dans son bureau ou en salle de réunion pour ne pas perturber l’activité au sein de l’open space, relatent les inspecteurs. Monsieur Guéant a alors fait preuve d’une grande nervosité, refusant dans un premier temps de nous recevoir, nous faisant remarquer que nous n’avions pas prévenu de notre visite puis indiquant qu’il allait immédiatement contacter son avocat. » Après une courte accalmie, M. Guéant s’emporte à nouveau et demande aux inspecteurs de lui dresser la liste des salariés qu’ils souhaitent entendre et surtout de prévenir de leur venue lors de leur prochaine visite. « Nous lui avons rappelé que les inspecteurs du travail peuvent accéder aux lieux de travail sans en avertir au préalable l’employeur ou demander une autorisation, interroger les salariés et se faire transmettre tout document dans les conditions prévues au Code du travail, ce qui n’a pas manqué, une fois encore, de déclencher un emportement de M. Guéant. »

Les inspecteurs demandent alors à échanger avec Sophie Coste, directrice des ressources humaines. Guéant indique que celle-ci est occupée en réunion, se ravise et suggère de « pouvoir assister à cet entretien, ce que nous avons refusé afin de pouvoir entendre librement M me Coste, est-il mentionné dans la lettre. Durant notre échange avec M me Coste qui se déroulait dans des conditions tout à fait cordiales et habituelles, M. Guéant nous a interrompus à trois reprises en se présentant dans la salle de réunion. » Les inspecteurs le prient à nouveau de s’effacer. Toujours selon la lettre, il aurait accusé les enquêteurs « d’exercer une pression sur la DRH et de lui faire subir une garde à vue ». M. Guéant s’est ensuite installé sur les canapés attenants à la salle de réunion, dont les parois sont vitrées, la confidentialité des échanges avec Mme Coste ne pouvant donc plus être garantie. «Nous effectuons des contrôles de façon régulière et il est extrêmement rare que nous ayons à déplorer un tel accueil. Nous attirons votre attention quant au fait qu’il apparaît interpellant de se présenter pour un contrôle dans le cadre d’une enquête pour violence au travail et de subir un accueil de la sorte. » L’inspecteur-élève qui accompagnait ce jour-là les titulaires aura des choses à raconter sur ses premiers pas dans le métier. François Guéant n’a pas répondu à nos sollicitations.

“Il a un comportement menaçant, il laisse le doute que ça peut en venir au physique

UN SALARIÉ SUR L’ATTITUDE DE CLAUDE ATCHER

Au fil de ses investigations et auditions (61 salariés se sont exprimés), l’inspection du travail a pu avoir confirmation des informations parues dans L’Équipe, aussi bien concernant le climat de terreur que faisaient régner Claude Atcher et quelques-uns de ses lieutenants au 8étage de la Mutualité, que sur l’absence de médecine du travail pendant plus de six mois alors même que les burn-out s’accumulaient parmi les salariés. À la lecture de ce rapport, on comprend aussi que rien n’était tout à fait à jour, ni dans les clous. « Lors de notre visite du 24 juin, aucun document de décompte des forfaits jours ni des heures travaillées n’a pu nous être fourni. (…) Nous avons demandé le registre unique du personnel tel que prévu au sens de l’article L.1221-13 du Code du travail ; M me Coste nous a répondu qu’il n’y en avait pas. » La réponse fut identique s’agissant de la base de données économiques sociales (BDES). Quant au document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), élaboré en août 2020, il n’avait pas été mis à jour. D’après nos informations, Claude Atcher aurait personnellement bloqué pour que ces informations ne soient pas communiquées au CSE. Les inspecteurs ont par ailleurs procédé au calcul du taux de rotation – ou taux de turnover – à la date de leur contrôle. Cette mesure constitue un bon indicateur de conditions de travail dégradées. Au GIP, ce chiffre dépassait le niveau « éloquent » (lire par ailleurs).

L’Équipe a également pu avoir connaissance du rapport du comité d’éthique, que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait commandé simultanément. Ces deux lectures avaient suffi à édifier le pouvoir politique et à provoquer la révocation de Claude Atcher pour faute lourde, le 10 octobre. Il avait préalablement été mis à pied à titre conservatoire le 29 août. Après avoir parcouru toute cette littérature, on se demande comment, avec les mêmes documents en main, Bernard Laporte, président de la FFR (qui détient 62 % du GIP), a tout de même essayé d’obtenir le maintien en poste de Claude Atcher.

“Entre les salariés, on l’appelle « Poutine », « Robespierre » ou « Caligula »

En plus de ces deux rapports, les élus du personnel du GIP avaient mandaté le cabinet conseil ADDEO. Tout aussi accablante, cette synthèse, longue de 121 pages et nourrie par une centaine de témoignages, confirme les dérives d’un pouvoir autocentré, le sous-effectif, la surcharge de travail, les arrêts maladie… En tournant les pages de ces rapports, on déambule au milieu d’une profusion de verbatims de salariés. Qui décrivent le management de l’ancien « DG»: « Une verticalité extrême, il est mégalomane» ; « C’est une organisation dictatoriale et pyramidale avec une pointe élevée et pointue»« Il impose la terreur » « Physiquement, il impose, il domine. Verbalement, il crie, il hurle, il humilie en public devant les salariés en open space et crée une ambiance latente de violence. » « Il a un comportement menaçant, il laisse le doute que ça peut en venir au physique » « Il nous dit qu’il saura qui parle»; « Il est nocif. Entre les salariés, on l’appelle “Poutine”, “Robespierre” ou “Caligula”. » Qui décrivent aussi une souffrance : « Les personnes qui pleurent oui, je l’ai vu. J’ai entendu des cris provenant du bureau d’Atcher » ; « Les gens pleurent dans les toilettes » ; « Il m’a brûlé moralement, il m’a détruit»« J’avais une boule au ventre tous les jours, il m’appelait et me criait dessus. Il appelle à n’importe quelle heure. Il m’appelait le dimanche soir pour le lendemain. C’était pour m’humilier » « Les gens ont peur de se retrouver seuls avec lui dans le bureau » ; «J’ai été sous son emprise, c’est un gourou » « J’en suis venu à être terrorisé par un coup de téléphone » ; « On n’a pas su protéger ceux qui sont venus derrière parce qu’on s’est juste préoccupés de nous sauver nous-mêmes » ; « J’ai reçu le coup de fil du dimanche midi, celui pour déstabiliser et mettre la pression » ; « Quand je parle de lui, ça me prend aux tri- pes » ; « J’ai augmenté ma consommation d’alcool et de tabac à cause du travail. Je prends des produits pour tenir la fatigue. J’ai développé des maux de tête chroniques, des douleurs aux cervicales, des maux de ventre, des bouffées de stress et d’anxiété » ; « Fin novembre 2021, je ne savais plus comment je m’appelais » « Je me suis retrouvé dans l’incapacité d’écrire un mail. J’en suis arrivé à avoir des idées noires » ; « J’ai contracté des taches de stress sur le corps » « J’ai eu une crise de larmes durant douze heures d’affilée»« En l’espace d’un an, j’étais à bout, je devenais exécrable, tout était noir, je voulais tout quitter, je voulais partir. »

Plusieurs témoins reviennent sur l’impressionnante crise d’angoisse de ce « proche » d’Atcher qui venait d’être humilié en réunion par le grand patron et qui allait être évacué dans une couverture de survie.

“Monsieur Claude Atcher ne peut que se réjouir de l’ouverture d’une enquête

Mes EMMANUEL MOYNE ET GEOFFROY GOUBIN

« Lors des faits, j’étais présent dans l’open space, dit un salarié. J’ai entendu un cri qui ressemblait à un cri d’enfant, cela m’a glacé » ; « Lorsque le collègue s’est effondré, témoigne un autre, M. Atcher a dit : “Circulez, il n’y a rien à voir”. » Le 29 novembre, suite à un signalement de la DRIEETS, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour harcèlement moral. C’est la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) qui a été saisie de l’enquête.

Contactés par « L’Équipe », les avocats de Claude Atcher, Mes Emmanuel Moyne et Geoffroy Goubin, répondent : « Monsieur Claude Atcher l’ignorait mais ne peut que se réjouir de l’ouverture d’une enquête qui devrait permettre à terme de lever l’anonymat des témoignages prétendument à charge le concernant auxquels il pourra enfin avoir accès et ainsi y répondre de manière circonstanciée. Cela lui permettra de donner à tout témoignage mensonger la suite judiciaire qu’il appartiendra. » 

16 %

La proportion de salariés du GIP estimant qu'ils consomment davantage de substances psychoactives (tabac, alcool, médicaments, cannabis, autres drogues) à cause de leur travail.

(source : questionnaire du cabinet conseil ADDEO)

36,65%

Le taux de rotation (calculé à partir du nombre de salariés et pondéré selon le nombre de départs contre le nombre d'arrivées sur une période donnée) constaté au GIP par l'inspection du travail.

Le taux de rotation moyen en France est de 15%.

39 %

La proportion de salariés du siège du GIP estimant que leur état de santé au travail s'est dégradé depuis qu'ils travaillent au sein du Comité d'organisation.

(source : questionnaire du cabinet conseil ADDEO)

39,1 %

La proportion de salariés du GIP se considérant témoins de violence psychologique au travail est passée de 39,1% à 1,8% depuis le changement de direction générale.

La proportion des salariés se déclarant victimes de violence psychologique au travail est passée, elle, de 13,6% à 2,7%.

 

RUGBY

Péril sur les finances du Mondial

FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, GUILLAUME DUFY et MARC LEPLONGEON

 

Claude Atcher, ancien patron du GIP. - Alain Jocard/AFP

Mauvaise gestion budgétaire, soupçons de favoritisme et de détournement de fonds publics : magistrats et inspecteurs tirent la sonnette d’alarme sur les comptes de la Coupe du monde 2023. La nouvelle gouvernance promet de « sécuriser l’organisation du tournoi ».

C’est un ballon qui n’en finit plus de se dégonfler. En février 2017, lancé dans une campagne visant à permettre à la France d’organiser un deuxième Mondial de rugby (après 2007), Claude Atcher joue, face à l’Afrique du Sud, la carte financière et affirme au Figaro pouvoir réaliser 200 millions d’euros de bénéfices potentiels. Cinq ans plus tard, le 13 juin 2022, en plein conseil d’administration du GIP, la somme a été divisée de moitié mais le patron de la Coupe du monde 2023 continue d’étaler sa folie des grandeurs. Le directeur envisage désormais un résultat d’exploitation de plus de 95 millions d’euros et propose d’indexer sur ce montant des primes aux employés les plus fidèles. Publiquement, c’est un autre chiffre qui est présenté, officiel, celui-là : 68 millions d’euros de bénéfices nets. Assorti d’une promesse : celle de monter la Coupe du monde la plus rentable de l’histoire grâce à une billetterie attractive et des sponsors généreux.

L’histoire, que L’Équipe a pu reconstituer après avoir pris connaissance de nombreux documents budgétaires inédits et d’extraits du rapport secret de l’Inspection générale des finances (IGF), est moins belle.

La Coupe du monde ne serait plus rentable que de 40 millions d’euros

L’IGF, elle, invite d’ores et déjà à oublier les promesses de bénéfices colossaux promis en son temps par Claude Atcher : « Compte tenu du contexte actuel du GIP, la mission estime que l’ambition portée sur les résultats financiers de la Coupe du monde ne constitue pas une priorité. Seule [compte] la livraison du tournoi dans des conditions optimales et la bonne réalisation des opérations engagées dans le cadre de la Coupe du monde, quitte à mobiliser une partie des bénéfices réalisés pour en garantir la réalisation. Le seul objectif à préserver au regard des engagements incontrôlés de l’ancien directeur général (Claude Atcher) est celui d’un résultat raisonnable, de l’ordre de celui garanti par les hypothèses basses du compte de résultat prévisionnel du GIP.» Selon des sources concordantes, les dépenses pourraient en réalité avoir été sous-évaluées de 28 millions d’euros. La Coupe du monde ne serait plus rentable que de 40 millions d’euros, en attendant les résultats d’un audit financier indépendant qui, selon nos informations, a été réclamé par le Parquet national financier (PNF). Celui-ci pourrait encore corser l’addition…

Chargé d’une enquête préliminaire, le PNF a saisi les gendarmes de la section de recherche de Paris pour perquisitionner début novembre les locaux de France 2023. S’il convient d’être particulièrement prudent, et si un important travail d’étayage juridique doit encore être mené, les magistrats s’appuient sur un certain nombre de constats formulés par l’Inspection générale des finances (IGF), saisie par le ministère des Sports d’une mission conjointe avec l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Toutes deux pointent plusieurs irrégularités dans la gestion du GIP, dont certaines seraient attribuées à Claude Atcher et à l’ancienne gouvernance pour un préjudice total de plusieurs millions d’euros. Premier grief : le dispositif Campus 2023, un centre de formation d’apprentis (CFA) censé offrir un emploi à plus de 2 000 jeunes. Problème : deux ans plus tard, le Campus est loin d’avoir rempli ses promesses (voir page 6). Surtout, malgré au moins une alerte de la direction financière du GIP, l’ancienne gouvernance aurait, selon une source bien informée, omis d’intégrer aux dépenses les « charges de personnel » et les taxes d’apprentissage. En clair : « Une mauvaise interprétation de la législation sur la comptabilité d’un CFA d’entreprise » aurait conduit à minorer les dépenses de 28 millions d’euros, nous précise-t-on.

Interrogée par L’Équipe sur ces points, la nouvelle gouvernance du GIP se veut rassurante. « La priorité de la nouvelle gouvernance est de sécuriser l’organisation du tournoi en mobilisant les moyens nécessaires à la livraison d’un événement aux meilleurs standards de qualité. Il sera présenté au prochain conseil d’administration du 2 février un budget actualisé de l’événement intégrant pour la première fois l’ensemble des périmètres du Comité d’organisation (GIP, CFA Campus 2023, GIE et Fonds de dotation). Ce budget permettra de dégager un résultat positif au niveau de celui des meilleures Coupes du monde, qui sera redistribué au rugby français », assure-t-on. Les avocats de Claude Atcher, Mes Moyne et Goubin, font quant à eux savoir que leur client « ignore » tout de ces difficultés. Ils renvoient à la responsabilité du cabinet ESS et des directeurs des affaires financières (DAF) de Campus et du GIP, qui avaient la charge de valider et de contrôler les éléments de paie ou encore l’état des cotisations et des charges sociales.

Si les dépenses de sécurité et de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) semblent avoir été largement minorées dans le budget du GIP, celles-ci sont heureusement compensées par de nouvelles rentrées d’argent liées au sponsoring et aux très bonnes ventes de billets, explique une source bien informée. Il en va également ainsi pour World Rugby. L’organisme international a dénoncé récemment pour plusieurs millions d’euros des dépenses que France 2023 entendait mettre à sa charge, en vertu d’un accord-cadre qui régit leurs relations, et qui porte notamment sur l’événementiel. Les missions d’inspection pointent pour leur part d’autres faits, susceptibles eux aussi de revêtir une qualification pénale. Parmi eux : un contrat d’édition de 12 000 euros entre une jeune écrivaine et le GIP. La mission dévolue à l’autrice ? Raconter en plus ou moins 80 pages la « vision de Claude Atcher sur l’organisation des grands événements sportifs du XXI siècle à l’aune de problématiques protéiformes telles que les enjeux financiers, géostratégiques, territoriaux, ou encore de la responsabilité sociétale et environnementale » (sic). L’IGF ne semble pas avoir bien compris en quoi les finances du Mondial 2023 étaient concernées par un tel ouvrage. Contactée, l’écrivaine a confirmé à L’Équipe avoir touché la moitié de son à-valoir avant que le projet ne soit abandonné. Les conseils de Claude Atcher répondent que l’objectif de cet ouvrage, qui n’a donc pas abouti, « était de laisser un héritage sur le travail fait et de valoriser le travail collectif de l’organisation. (…) Il ne concernait pas uniquement Claude Atcher mais un retour d’expérience sur l’organisation d’un événement d’ampleur telle qu’une Coupe du monde du rugby.»

Faits de favoritisme, anomalies et frais de VTC ou de train dans le collimateur

L’IGF souligne également avoir retrouvé la trace de cadeaux, de produits ou de services mis à disposition ou offerts à des cadres du GIP, dont Claude Atcher, en dehors, semble-t-il, de tout contrat de partenariat. Lui nie, par l’intermédiaire de ses conseils, et affirme n’avoir « jamais reçu de cadeaux de la part de sponsors du GIP. Les bouteilles de vin et boîtes de chocolats qui ont pu être reçues au moment des fêtes de fin d’année étaient systématiquement mises à disposition des collaborateurs. »

Le PNF enquêterait également sur un certain nombre de marchés passés par le GIP et qui sont susceptibles de constituer des faits de favoritisme. Des anomalies ont en effet été relevées par l’IGF. Autre écueil : les inspecteurs financiers, comme le comité d’éthique, ne sont pas certains d’avoir compris le besoin réel pour le GIP de passer un contrat avec Be on coaching, l’entreprise pour laquelle le fils de Claude Atcher était prestataire. Claude Atcher, lui, jure s’être «déporté de la procédure (de commande publique) sur recommandation de la direction juridique du GIP lorsqu’il s’est avéré que son fils était susceptible d’y participer », expliquent ses avocats.

Sur le registre du favoritisme, les inspecteurs s’alarment aussi des dizaines de milliers d’euros dépensés pour s’attacher les services d’un chauffeur VTC sans, une nouvelle fois, avoir passé le moindre appel d’offres. L’ancien patron du GIP assure n’avoir «jamais été alerté sur une quelconque utilisation non conforme des VTC, dont les factures étaient validées par la direction financière. Les différents organes (internes mais aussi externes) de contrôle du GIP n’ont eux aussi jamais remis en cause ces dépenses ».

De corruption à détournement de fonds publics et favoritisme

Enfin, l’IGF a tiqué devant les finances du GIP, qui ont servi à payer le trajet en train de plusieurs collaborateurs partis assister aux obsèques du père de Claude Atcher. Ce dernier déclare via ses avocats « ne pas être à l’initiative d’une telle prise en charge. Renseignements pris et comme il est d’usage dans de nombreuses organisations et sociétés, il s’agit d’une pratique du GIP ayant consisté à prendre en charge les trajets des collaborateurs du GIP souhaitant témoigner de leur soutien lors de funérailles de proches de collaborateurs du GIP ou encore les déplacements relatifs aux obsèques des personnalités du monde du rugby » .

Selon nos informations, le Parquet national financier pourrait abandonner à terme la qualification de corruption initialement retenue à l’ouverture de l’enquête, pour privilégier celle de détournement de fonds publics et de favoritisme. L’enquête judiciaire promet cependant d’être particulièrement difficile, avec de nombreuses zones d’incertitude autour du statut même du GIP, un organisme mi-public mi-privé.

En août 2022, le comité d’éthique se voulait alarmiste : «Il ressort des entretiens tenus et des informations qui nous ont été rapportées que des manquements à la probité financière ou économique auraient été commis », peut-on lire. La gouvernance actuelle du GIP donne pour sa part rendez-vous au printemps avec la réalisation d’une mission d’audit financier et comptable visant à « s’assurer de la conformité de toutes les opérations comptables et financières des entités du comité d’organisation depuis leur création à leurs obligations et engagements».

Un audit qui a été exigé par le PNF, mais qui avait également été recommandé par l’Inspection générale des finances, mandatée par le gouvernement « à la suite de la décision des membres fondateurs du GIP France 2023 de changer la direction du groupement et de revoir les modalités de la gouvernance du comité d’organisation afin d’assurer transparence et collégialité ».

 

Le siège du GIP France 2023, situé à la Maison de la Mutualité, rue Saint-Victor, dans le V arrondissement de Paris, a été perquisitionné début novembre.

La face sombre de la billetterie

Comme révélé par L’Équipe en novembre dernier (voir notre édition du 10 novembre), l’enquête préliminaire ouverte par le Parquet national financier et confiée à la Section de recherches de la gendarmerie de Paris s’intéresse à de possibles infractions autour de la billetterie de la Coupe du monde 2023. Nos confrères du Parisien ont indiqué le 6 janvier que le meilleur ami de Claude Atcher, Henri Mioch, avait acquis 600 billets, et Sébastien Chabal, ambassadeur de l’événement, une centaine.

Les investigations devront déterminer si ce volume de billets a pu servir à générer des revenus pour MM. Mioch, Chabal et Atcher, par l’interface d’hospitalités sauvages (place au match + repas + possibilité de rencontrer un ancien grand joueur) pouvant multiplier par 3, 4 ou 5 le prix d’origine du billet. L’Équipe a eu connaissance d’un mail envoyé par un responsable du GIP à M. Mioch en avril 2021, récapitulant la fameuse commande de 600 billets. Intermédiaire et initiateur de cette commande, Claude Atcher était en copie de ce courrier.

F. Be., R. Bo., G. D. et M. L.

RUGBY

Campus, le projet gâché

GUILLAUME DUFY, FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, et MARC LEPLONGEON

 

Jean Castex, alors Premier ministre, entouré par Claude Atcher (à sa droite) et Jean-Michel Blanquer, à l’époque ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, lors de l’inauguration du Campus 2023 en mars 2021. - Abaca / Icon Sport

Le rapport de l’inspection générale des finances pointe du doigt les incohérences et l’irrationalité du grand centre de formation professionnelle pensé par Claude Atcher.

Le 29 mars 2021, c’est l’effervescence au siège du comité d’organisation de la Coupe du monde 2023. Claude Atcher reçoit du très beau monde. Jean Castex, le Premier ministre est là, tout comme Élisabeth Borne, la ministre du Travail, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, et Roxana Maracineanu, la ministre déléguée aux Sports. Bernard Laporte, le président de la FFR, a également répondu présent à l’invitation de son vieil et bel ami Claude Atcher. C’est un grand jour pour le directeur général de France 2023. Ce 29 mars, il lance officiellement Campus 2023, un programme sociétal ambitieux pour former en alternance des jeunes aux métiers du sport, du tourisme et de la sécurité. «Vous commencez une belle aventure, elle va changer le cours de votre vie professionnelle, de votre vie tout court», s’emballe Claude Atcher. L’événement est retransmis dans 70 centres de formation. Jean Castex applaudit « ce développement massif de l’apprentissage » qui va donner l’occasion à tous ces jeunes d’associer leur passion à un engagement dans un parcours d’insertion professionnelle. « Je soutiens ce projet et je suis particulièrement enthou- siaste», s’exclame le Premier ministre. Atcher rêve de former plus de 2 000 étudiants. Le projet fait l’unanimité. L’idée est belle. L’État s’engage à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros et subventionne l’initiative. Mais deux ans plus tard, les politiques ne sont plus sur la photo. L’euphorie est retombée. Entre l’idée, et la réalisation, il y a un gouffre.

“La finalité réelle du programme Campus 2023 selon leurs concepteurs, Claude Atcher et Benoît Rover, portait sur l’accroissement des recettes d’activité du GIP…

EXTRAIT DU RAPPORT DE L’INSPECTION GÉNÉRALE DES FINANCES

monde de rugby, elle illustre la frénésie qui a animé Claude Atcher dans le montage d’une opération… »

« La finalité réelle du programme Campus 2023 selon leurs concepteurs, Claude Atcher et Benoît Rover, portait sur l’accroissement des recettes d’activité du GIP… », peut-on lire dans le rapport de l’inspection générale des finances qui précise : « L'objectif d'accroissement du résultat financier du GIP ne sera pas atteint puisque les projections budgétaires actualisées du programme montrent qu'il sera vraisemblablement déficitaire de 1,4 M€. »

Ce chapitre passionne le Parquet national financier qui en octobre dernier a ouvert une enquête préliminaire relative à la gestion du comité d’organisation. Il se demande si l’argent public n’a pas été détourné à d’autres fins, ce que laissent penser ces quelques lignes lues dans le fameux rapport financier. « Le montage financier initial de l’opération duquel la mission ne peut exclure l’hypothèse qu’elle ait pu conduire à des malversations. ».

Les inspecteurs des finances s’interrogent sur des aides publiques destinées aux apprentis qui pourraient en réalité avoir été versées dans le budget recettes du GIP. Ils émettent ainsi des doutes sur le circuit financier utilisé. Selon une source proche de l’en-Dans le rapport de l’inspection générale des finances que nous avons parcouru, il est écrit noir sur blanc : « L’objectif initialement annoncé en 2020 par Claude Atcher qui consistait à recruter 2 023 apprentis a été revu à la hausse par lui-même en avril 2021 avec un objectif de 2 388 apprentis. Or la mission constate qu’avec 1 322 à l’échéance d’octobre 2022, les résultats obtenus sur le programme sont très éloignés de ces objectifs… L’opération révèle une méconnaissance du marché du travail dans le secteur de l’animation et du sport. Plus qu’un héritage de la Coupe du quête, s’ils étaient avérés, ces faits pourraient être qualifiés de détournement de fonds publics par le PNF. Maîtres Moyne et Goubin, les avocats de Claude Atcher, répondent : « Le GIP était doté d’une direction financière, outre la présence d’un contrôleur de l’État. Les comptes annuels du GIP n’ont jamais fait l’objet de la moindre remarque. Nous serions ravis de vous apporter une réponse plus complète sur ce point une fois que nous aurons une connaissance plus précise de cette accusation qui demeure particulièrement floue et touche à la comptabilité du GIP qui ne relevait pas des fonctions et de la compétence de monsieur Atcher ».

Le comité d’éthique du GIP s’était arrêté sur le sujet, dans un court rapport remis le 1er août 2022 à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Il faudrait contrôler le dispositif Campus « pour s’assurer de la réalité des prestations servies par tous les stagiaires et des contrats-conventions passées avec les collectivités locales», écrivaient ainsi Solange Moracchini, représentante de l’Agence française anti-corruption (AFA), et Alain Pichon, de la Cour des comptes, après avoir mené une petite vingtaine d’auditions. Mais ce n’est pas tout…

Des étudiants qui déchantent

Lors de sa création, il était prévu que Campus 2023 soit récupéré, ou plutôt légué à la FFR à la fin de la compétition. Auditionné dans le cadre de l’enquête de l’inspection des finances, Bernard Laporte, le président de la FFR, a assuré qu’il n’était pas au courant, comme il ignorait également devoir récupérer et endosser le CDI de Benoît Rover, le patron de Campus 2023, après la Coupe du monde. Ce sujet a cristallisé les inquiétudes de l’IGF qui note dans son rapport : « La mission relève une incertitude préoccupante sur le devenir du programme du CFA au lendemain de la Coupe de monde. Il s’agit là, une nouvelle fois, de l’expression du manque de cadrage initial dont aurait dû bénéficier cette opération et du manque de professionnalisme dans sa conception. » Et les inspecteurs d’inviter à définir les « conditions dans lesquelles une partie très conséquente des bénéfices de la Coupe du monde pourrait être réservée au financement de la pérennisation des emplois d’apprentis à la fin de leur contrat ».

Ces imprécisions dans le fonctionnement se font ressentir sur le terrain où les stagiaires se demandent parfois pourquoi ils se sont engagés. Plusieurs étudiants nous avaient alertés l’été dernier sur les difficultés financières qu’ils rencontraient avec du retard dans le versement des indemnités, et le remboursement de certaines notes d’hôtel et de frais kilométriques. Beaucoup ont déchanté, et ont décidé de partir avant d’avoir validé leur formation. Le rapport suggère enfin, dans la perspective de l’organisation par la France de futurs événements sportifs, « de sélectionner les responsables de la structure de pilotage, en particulier le président et le directeur général, dans le cadre d’une procédure transparente, permettant de vérifier leurs états de service, leurs expériences, leur probité et la qualité du projet qu’ils portent »

RUGBY

Friture sur la ligne et fracture sur la Ligue

JEAN-FRANÇOIS PATURAUD

 

Le président du Stade Toulousain, Didier Lacroix (à gauche), et son prédécesseur à ce poste et désormais président de la Ligue nationale de rugby, René Bouscatel. - Alain Mounic/ L’Équipe

L’actualité judiciaire à la FFR a ravivé les dissensions parmi les présidents des clubs professionnels. Certains mènent une fronde pour réaffirmer une ligne dure alors que le bureau de la LNR temporise.

On se croirait presque revenu trois ans en arrière. En pleine période de pandémie, quand les présidents de Top 14 et Pro D2 multipliaient les réunions interminables. Régulièrement, ils s’y s’écharpaient, chacun accusant l’autre de vouloir favoriser ses intérêts personnels. Sans surprise, la belle famille du rugby n’a pas franchement changé. Les rancœurs sont tenaces et l’actualité judiciaire récente du côté de la Fédération française de rugby n’a fait que les raviver.

En décembre dernier, après la condamnation en première instance du président de la FFR Bernard Laporte (deux ans de prison avec sursis, 75 000 euros d’amende et deux ans d’interdiction d’exercer toute fonction, même bénévole, en lien avec le rugby, pour corruption passive, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts, recel d’abus de biens sociaux et abus de biens sociaux, il a fait appel de ce jugement), puis sa mise en retrait de la Fédération, la Ligue nationale de rugby et ses présidents avaient finalement accouché d’une certaine unité de façade. Il avait pourtant fallu des tractations infinies, en marge de l’assemblée générale à Saint-Sébastien (Espagne) et au bureau de la Ligue, pour enfin se mettre d’accord et réclamer de nouvelles élections fédérales dans la lignée du Ministère des sports.

“Beaucoup trouvent que c’est bizarre, pour ne pas dire choquant, qu’un président condamné, même s’il a fait appel, puisse choisir son successeur

UN PRÉSIDENT DE CLUB

Un mois plus tard, le sujet divise toujours autant. Près d’une vingtaine de dirigeants de clubs professionnels se sont discrètement organisés. Dans leurs échanges sur un groupe WhatsApp et lors de leurs visios régulières, ils restent sur une ligne dure, refusant le principe de la nomination d’un président-délégué, sans pour autant être taxé de faire le jeu de l’opposition à la Fédération. Un vrai numéro d’équilibriste. Le bureau de la LNR, lui, temporise.

« Beaucoup d’entre nous auraient voulu que l’on communique à nouveau en disant clairement que ce référendum n’était pas concevable et qu’il valait mieux que le comité directeur de la FFR démissionne dans sa globalité, raconte un président de Top 14. Mais certains à la Ligue ne le souhaitaient pas, notamment au bureau dont une très grande majorité est pro- che de Laporte. » Des propos qui visent notamment, sans les nommer, Didier Lacroix, président de Toulouse et vice-président en charge des relations avec la FFR, Lucien Simon, vice-président en charge des affaires sportives, et même René Bouscatel, le président de la Ligue.

Une vraie colère envers les agissements de la Fédération

Les divergences réside dans les termes exacts à employer. Au mot près. C’est la forme que le fond qui diviserait, une fois encore, les présidents. « Beaucoup trouvent que c’est bizarre, pour ne pas dire choquant, qu’un président condamné, même s’il a fait appel, puisse choisir son successeur », résume un patron de club. Alors pourquoi ne pas le déclarer haut et fort publiquement ? « C’est probablement dû à un manque de courage, certains avaient fait un deal avec ces mecs-là et la FFR », selon un frondeur.

Au bureau, on nous assure pourtant que tous les membres sont alignés. Le sujet a d’ailleurs été encore longuement évoqué lundi et mardi derniers, sans aucune avancée. D’une certaine manière, ce qui arrangeait presque les dirigeants du monde professionnel, c’est que le « non » l’emporte (1) chez les amateurs et provoque possiblement la mise en place de nouvelles élections fédérales. Cela leur éviterait surtout de se prononcer clairement… « C’est pourtant d’une logique inouïe, assène un patron de club pro. Mais tout devient normal vu qu’on se torche avec l’éthique… »

Les mots, malheureusement prononcés sous couvert d’anonymat puisque personne ne veut sortir du bois individuellement, sont forts. Ils résument une forme de colère envers les agissements de la Fédération. La plupart des dossiers majeurs évoqués en comité d’orientation stratégique ces derniers mois sont d’ailleurs à l’arrêt, notamment la réforme de l’arbitrage et les activations pour la Coupe du monde. Les relations entre la LNR et la FFR sont devenues fraîches. Pour ne pas dire inexistantes. Et ce n’est pas le récent courrier de Christian Dullin, secrétaire général de la FFR, à René Bouscatel, président de la LNR, qui a franchement réchauffé ce retour à la guerre froide.

Cette lettre, que L’Équipe s’est procurée, ressemble surtout à un gros coup de pression. Après avoir souligné d’entrée que « la Fédération vous (la Ligue) délègue par convention l’organisation des compétitions professionnelles» et rappelé que « l’excellence de nos relations nous a amenés à sceller une convention couvrant la période 2023-2027 », Dullin réclame des explications après la décision de la Ligue de se porter, à nouveau, partie civile lors du procès en appel impliquant Bernard Laporte. « Par ce courrier, nous vous demandons expressément de nous expliquer plus avant votre position, le fondement de cet appel et nous indiquer par retour, si la décision d’interjeter a été prise par votre bureau ou le cas échéant par une autre instance », peut-on lire. En gras, pour mieux appuyer le discours.

Cette lettre, datée du 11 janvier, revêt un culot monstre quand on se souvient ce que s’est permis la FFR face à son ministère de tutelle avant de finalement courber l’échine. Dire qu’elle a été mal accueillie est un euphémisme, y compris par Bouscatel lui-même. Un président conclut : « C’est un peu comme si on vous disait « fermez vos gueules », mais à terme ça va être un peu plus compliqué de fermer la gueule à un certain nombre de types… » 

(1) Une consultation ouverte à tous les clubs se tiendra entre le lundi 23 janvier midi et le jeudi 26 janvier midi, par voie électronique, afin de décider si Patrick Buisson, candidat proposé par Bernard Laporte, obtient la majorité nécessaire pour devenir président délégué de la FFR.

 

Gros dossier étayé et terriblement accablant...

Le temps de la justice ne permet pas d'attendre son verdict avec ce type d'individus en responsabilité.

 

Lien vers le commentaire
Il y a 1 heure, Raph a dit :

Voici un peu de lecture, L'Equipe sort encore une couverture et 3 doubles pages pleines sur le sujet :blink:

 

ENQUÊTE OUVERTE POUR HARCÈLEMENT MORAL

FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, GUILLAUME DUFY et MARC LEPLONGEON

 

Claude Atcher, le 14 décembre 2020 au palais Brongniart à Paris lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2023. - Dave Winter/INPHO/Presse Sports

Le rapport de l’inspection du travail, dont « L’Équipe » a pu prendre connaissance, assombrit encore le récit du management absolutiste de l’ancien « DG » du Groupement d'intérêt public France 2023, Claude Atcher. Il a donné lieu à l’ouverture par le parquet de Paris d’une enquête préliminaire pour harcèlement moral.

À 10 heures du matin, le 24 juin dernier, les deux inspecteurs du travail missionnés par la ministre des Sports deux jours plus tôt entrent au siège parisien du GIP - France 2023, au 24 de la rue Saint-Victor. Ils ne le savent pas encore, ne l’imaginent même pas, mais ils vont tomber entre les mains d’un personnage intempestif. Cette scène délirante, les contrôleurs ont tenu à la formaliser noir sur blanc, dans une lettre adressée à Jacques Rivoal, président du comité d’organisation de la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre), et Claude Atcher, directeur général de la structure en ce temps-là. Une lettre qu’ils ont insérée en avant-propos de leur rapport long de 32 pages dont L’Équipe a pu prendre connaissance. Dans un monde normal, les inspecteurs auraient souhaité être accueillis par M. Atcher, principal mis en cause dans l’enquête publiée par L’Équipe le 22 juin. Mais comme le signalera trois mois plus tard un courrier de la DRIEETS (Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) au préfet de Paris et au préfet de région, « Claude Atcher a refusé de recevoir les agents de contrôle. »

“Nous effectuons des contrôles de façon régulière et il est extrêmement rare que nous ayons à déplorer un tel accueil

LES INSPECTEURS DU TRAVAIL MISSIONNÉS PAR LA MINISTRE

Le 24 juin, c’est le directeur juridique du GIP, François Guéant, fils de l’ancien secrétaire général du président Sarkozy, qui se charge du comité d’accueil, à sa façon. « Nous lui avons demandé à le suivre dans son bureau ou en salle de réunion pour ne pas perturber l’activité au sein de l’open space, relatent les inspecteurs. Monsieur Guéant a alors fait preuve d’une grande nervosité, refusant dans un premier temps de nous recevoir, nous faisant remarquer que nous n’avions pas prévenu de notre visite puis indiquant qu’il allait immédiatement contacter son avocat. » Après une courte accalmie, M. Guéant s’emporte à nouveau et demande aux inspecteurs de lui dresser la liste des salariés qu’ils souhaitent entendre et surtout de prévenir de leur venue lors de leur prochaine visite. « Nous lui avons rappelé que les inspecteurs du travail peuvent accéder aux lieux de travail sans en avertir au préalable l’employeur ou demander une autorisation, interroger les salariés et se faire transmettre tout document dans les conditions prévues au Code du travail, ce qui n’a pas manqué, une fois encore, de déclencher un emportement de M. Guéant. »

Les inspecteurs demandent alors à échanger avec Sophie Coste, directrice des ressources humaines. Guéant indique que celle-ci est occupée en réunion, se ravise et suggère de « pouvoir assister à cet entretien, ce que nous avons refusé afin de pouvoir entendre librement M me Coste, est-il mentionné dans la lettre. Durant notre échange avec M me Coste qui se déroulait dans des conditions tout à fait cordiales et habituelles, M. Guéant nous a interrompus à trois reprises en se présentant dans la salle de réunion. » Les inspecteurs le prient à nouveau de s’effacer. Toujours selon la lettre, il aurait accusé les enquêteurs « d’exercer une pression sur la DRH et de lui faire subir une garde à vue ». M. Guéant s’est ensuite installé sur les canapés attenants à la salle de réunion, dont les parois sont vitrées, la confidentialité des échanges avec Mme Coste ne pouvant donc plus être garantie. «Nous effectuons des contrôles de façon régulière et il est extrêmement rare que nous ayons à déplorer un tel accueil. Nous attirons votre attention quant au fait qu’il apparaît interpellant de se présenter pour un contrôle dans le cadre d’une enquête pour violence au travail et de subir un accueil de la sorte. » L’inspecteur-élève qui accompagnait ce jour-là les titulaires aura des choses à raconter sur ses premiers pas dans le métier. François Guéant n’a pas répondu à nos sollicitations.

“Il a un comportement menaçant, il laisse le doute que ça peut en venir au physique

UN SALARIÉ SUR L’ATTITUDE DE CLAUDE ATCHER

Au fil de ses investigations et auditions (61 salariés se sont exprimés), l’inspection du travail a pu avoir confirmation des informations parues dans L’Équipe, aussi bien concernant le climat de terreur que faisaient régner Claude Atcher et quelques-uns de ses lieutenants au 8étage de la Mutualité, que sur l’absence de médecine du travail pendant plus de six mois alors même que les burn-out s’accumulaient parmi les salariés. À la lecture de ce rapport, on comprend aussi que rien n’était tout à fait à jour, ni dans les clous. « Lors de notre visite du 24 juin, aucun document de décompte des forfaits jours ni des heures travaillées n’a pu nous être fourni. (…) Nous avons demandé le registre unique du personnel tel que prévu au sens de l’article L.1221-13 du Code du travail ; M me Coste nous a répondu qu’il n’y en avait pas. » La réponse fut identique s’agissant de la base de données économiques sociales (BDES). Quant au document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), élaboré en août 2020, il n’avait pas été mis à jour. D’après nos informations, Claude Atcher aurait personnellement bloqué pour que ces informations ne soient pas communiquées au CSE. Les inspecteurs ont par ailleurs procédé au calcul du taux de rotation – ou taux de turnover – à la date de leur contrôle. Cette mesure constitue un bon indicateur de conditions de travail dégradées. Au GIP, ce chiffre dépassait le niveau « éloquent » (lire par ailleurs).

L’Équipe a également pu avoir connaissance du rapport du comité d’éthique, que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait commandé simultanément. Ces deux lectures avaient suffi à édifier le pouvoir politique et à provoquer la révocation de Claude Atcher pour faute lourde, le 10 octobre. Il avait préalablement été mis à pied à titre conservatoire le 29 août. Après avoir parcouru toute cette littérature, on se demande comment, avec les mêmes documents en main, Bernard Laporte, président de la FFR (qui détient 62 % du GIP), a tout de même essayé d’obtenir le maintien en poste de Claude Atcher.

“Entre les salariés, on l’appelle « Poutine », « Robespierre » ou « Caligula »

En plus de ces deux rapports, les élus du personnel du GIP avaient mandaté le cabinet conseil ADDEO. Tout aussi accablante, cette synthèse, longue de 121 pages et nourrie par une centaine de témoignages, confirme les dérives d’un pouvoir autocentré, le sous-effectif, la surcharge de travail, les arrêts maladie… En tournant les pages de ces rapports, on déambule au milieu d’une profusion de verbatims de salariés. Qui décrivent le management de l’ancien « DG»: « Une verticalité extrême, il est mégalomane» ; « C’est une organisation dictatoriale et pyramidale avec une pointe élevée et pointue»« Il impose la terreur » « Physiquement, il impose, il domine. Verbalement, il crie, il hurle, il humilie en public devant les salariés en open space et crée une ambiance latente de violence. » « Il a un comportement menaçant, il laisse le doute que ça peut en venir au physique » « Il nous dit qu’il saura qui parle»; « Il est nocif. Entre les salariés, on l’appelle “Poutine”, “Robespierre” ou “Caligula”. » Qui décrivent aussi une souffrance : « Les personnes qui pleurent oui, je l’ai vu. J’ai entendu des cris provenant du bureau d’Atcher » ; « Les gens pleurent dans les toilettes » ; « Il m’a brûlé moralement, il m’a détruit»« J’avais une boule au ventre tous les jours, il m’appelait et me criait dessus. Il appelle à n’importe quelle heure. Il m’appelait le dimanche soir pour le lendemain. C’était pour m’humilier » « Les gens ont peur de se retrouver seuls avec lui dans le bureau » ; «J’ai été sous son emprise, c’est un gourou » « J’en suis venu à être terrorisé par un coup de téléphone » ; « On n’a pas su protéger ceux qui sont venus derrière parce qu’on s’est juste préoccupés de nous sauver nous-mêmes » ; « J’ai reçu le coup de fil du dimanche midi, celui pour déstabiliser et mettre la pression » ; « Quand je parle de lui, ça me prend aux tri- pes » ; « J’ai augmenté ma consommation d’alcool et de tabac à cause du travail. Je prends des produits pour tenir la fatigue. J’ai développé des maux de tête chroniques, des douleurs aux cervicales, des maux de ventre, des bouffées de stress et d’anxiété » ; « Fin novembre 2021, je ne savais plus comment je m’appelais » « Je me suis retrouvé dans l’incapacité d’écrire un mail. J’en suis arrivé à avoir des idées noires » ; « J’ai contracté des taches de stress sur le corps » « J’ai eu une crise de larmes durant douze heures d’affilée»« En l’espace d’un an, j’étais à bout, je devenais exécrable, tout était noir, je voulais tout quitter, je voulais partir. »

Plusieurs témoins reviennent sur l’impressionnante crise d’angoisse de ce « proche » d’Atcher qui venait d’être humilié en réunion par le grand patron et qui allait être évacué dans une couverture de survie.

“Monsieur Claude Atcher ne peut que se réjouir de l’ouverture d’une enquête

Mes EMMANUEL MOYNE ET GEOFFROY GOUBIN

« Lors des faits, j’étais présent dans l’open space, dit un salarié. J’ai entendu un cri qui ressemblait à un cri d’enfant, cela m’a glacé » ; « Lorsque le collègue s’est effondré, témoigne un autre, M. Atcher a dit : “Circulez, il n’y a rien à voir”. » Le 29 novembre, suite à un signalement de la DRIEETS, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour harcèlement moral. C’est la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) qui a été saisie de l’enquête.

Contactés par « L’Équipe », les avocats de Claude Atcher, Mes Emmanuel Moyne et Geoffroy Goubin, répondent : « Monsieur Claude Atcher l’ignorait mais ne peut que se réjouir de l’ouverture d’une enquête qui devrait permettre à terme de lever l’anonymat des témoignages prétendument à charge le concernant auxquels il pourra enfin avoir accès et ainsi y répondre de manière circonstanciée. Cela lui permettra de donner à tout témoignage mensonger la suite judiciaire qu’il appartiendra. » 

16 %

La proportion de salariés du GIP estimant qu'ils consomment davantage de substances psychoactives (tabac, alcool, médicaments, cannabis, autres drogues) à cause de leur travail.

(source : questionnaire du cabinet conseil ADDEO)

36,65%

Le taux de rotation (calculé à partir du nombre de salariés et pondéré selon le nombre de départs contre le nombre d'arrivées sur une période donnée) constaté au GIP par l'inspection du travail.

Le taux de rotation moyen en France est de 15%.

39 %

La proportion de salariés du siège du GIP estimant que leur état de santé au travail s'est dégradé depuis qu'ils travaillent au sein du Comité d'organisation.

(source : questionnaire du cabinet conseil ADDEO)

39,1 %

La proportion de salariés du GIP se considérant témoins de violence psychologique au travail est passée de 39,1% à 1,8% depuis le changement de direction générale.

La proportion des salariés se déclarant victimes de violence psychologique au travail est passée, elle, de 13,6% à 2,7%.

 

RUGBY

Péril sur les finances du Mondial

FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, GUILLAUME DUFY et MARC LEPLONGEON

 

Claude Atcher, ancien patron du GIP. - Alain Jocard/AFP

Mauvaise gestion budgétaire, soupçons de favoritisme et de détournement de fonds publics : magistrats et inspecteurs tirent la sonnette d’alarme sur les comptes de la Coupe du monde 2023. La nouvelle gouvernance promet de « sécuriser l’organisation du tournoi ».

C’est un ballon qui n’en finit plus de se dégonfler. En février 2017, lancé dans une campagne visant à permettre à la France d’organiser un deuxième Mondial de rugby (après 2007), Claude Atcher joue, face à l’Afrique du Sud, la carte financière et affirme au Figaro pouvoir réaliser 200 millions d’euros de bénéfices potentiels. Cinq ans plus tard, le 13 juin 2022, en plein conseil d’administration du GIP, la somme a été divisée de moitié mais le patron de la Coupe du monde 2023 continue d’étaler sa folie des grandeurs. Le directeur envisage désormais un résultat d’exploitation de plus de 95 millions d’euros et propose d’indexer sur ce montant des primes aux employés les plus fidèles. Publiquement, c’est un autre chiffre qui est présenté, officiel, celui-là : 68 millions d’euros de bénéfices nets. Assorti d’une promesse : celle de monter la Coupe du monde la plus rentable de l’histoire grâce à une billetterie attractive et des sponsors généreux.

L’histoire, que L’Équipe a pu reconstituer après avoir pris connaissance de nombreux documents budgétaires inédits et d’extraits du rapport secret de l’Inspection générale des finances (IGF), est moins belle.

La Coupe du monde ne serait plus rentable que de 40 millions d’euros

L’IGF, elle, invite d’ores et déjà à oublier les promesses de bénéfices colossaux promis en son temps par Claude Atcher : « Compte tenu du contexte actuel du GIP, la mission estime que l’ambition portée sur les résultats financiers de la Coupe du monde ne constitue pas une priorité. Seule [compte] la livraison du tournoi dans des conditions optimales et la bonne réalisation des opérations engagées dans le cadre de la Coupe du monde, quitte à mobiliser une partie des bénéfices réalisés pour en garantir la réalisation. Le seul objectif à préserver au regard des engagements incontrôlés de l’ancien directeur général (Claude Atcher) est celui d’un résultat raisonnable, de l’ordre de celui garanti par les hypothèses basses du compte de résultat prévisionnel du GIP.» Selon des sources concordantes, les dépenses pourraient en réalité avoir été sous-évaluées de 28 millions d’euros. La Coupe du monde ne serait plus rentable que de 40 millions d’euros, en attendant les résultats d’un audit financier indépendant qui, selon nos informations, a été réclamé par le Parquet national financier (PNF). Celui-ci pourrait encore corser l’addition…

Chargé d’une enquête préliminaire, le PNF a saisi les gendarmes de la section de recherche de Paris pour perquisitionner début novembre les locaux de France 2023. S’il convient d’être particulièrement prudent, et si un important travail d’étayage juridique doit encore être mené, les magistrats s’appuient sur un certain nombre de constats formulés par l’Inspection générale des finances (IGF), saisie par le ministère des Sports d’une mission conjointe avec l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Toutes deux pointent plusieurs irrégularités dans la gestion du GIP, dont certaines seraient attribuées à Claude Atcher et à l’ancienne gouvernance pour un préjudice total de plusieurs millions d’euros. Premier grief : le dispositif Campus 2023, un centre de formation d’apprentis (CFA) censé offrir un emploi à plus de 2 000 jeunes. Problème : deux ans plus tard, le Campus est loin d’avoir rempli ses promesses (voir page 6). Surtout, malgré au moins une alerte de la direction financière du GIP, l’ancienne gouvernance aurait, selon une source bien informée, omis d’intégrer aux dépenses les « charges de personnel » et les taxes d’apprentissage. En clair : « Une mauvaise interprétation de la législation sur la comptabilité d’un CFA d’entreprise » aurait conduit à minorer les dépenses de 28 millions d’euros, nous précise-t-on.

Interrogée par L’Équipe sur ces points, la nouvelle gouvernance du GIP se veut rassurante. « La priorité de la nouvelle gouvernance est de sécuriser l’organisation du tournoi en mobilisant les moyens nécessaires à la livraison d’un événement aux meilleurs standards de qualité. Il sera présenté au prochain conseil d’administration du 2 février un budget actualisé de l’événement intégrant pour la première fois l’ensemble des périmètres du Comité d’organisation (GIP, CFA Campus 2023, GIE et Fonds de dotation). Ce budget permettra de dégager un résultat positif au niveau de celui des meilleures Coupes du monde, qui sera redistribué au rugby français », assure-t-on. Les avocats de Claude Atcher, Mes Moyne et Goubin, font quant à eux savoir que leur client « ignore » tout de ces difficultés. Ils renvoient à la responsabilité du cabinet ESS et des directeurs des affaires financières (DAF) de Campus et du GIP, qui avaient la charge de valider et de contrôler les éléments de paie ou encore l’état des cotisations et des charges sociales.

Si les dépenses de sécurité et de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) semblent avoir été largement minorées dans le budget du GIP, celles-ci sont heureusement compensées par de nouvelles rentrées d’argent liées au sponsoring et aux très bonnes ventes de billets, explique une source bien informée. Il en va également ainsi pour World Rugby. L’organisme international a dénoncé récemment pour plusieurs millions d’euros des dépenses que France 2023 entendait mettre à sa charge, en vertu d’un accord-cadre qui régit leurs relations, et qui porte notamment sur l’événementiel. Les missions d’inspection pointent pour leur part d’autres faits, susceptibles eux aussi de revêtir une qualification pénale. Parmi eux : un contrat d’édition de 12 000 euros entre une jeune écrivaine et le GIP. La mission dévolue à l’autrice ? Raconter en plus ou moins 80 pages la « vision de Claude Atcher sur l’organisation des grands événements sportifs du XXI siècle à l’aune de problématiques protéiformes telles que les enjeux financiers, géostratégiques, territoriaux, ou encore de la responsabilité sociétale et environnementale » (sic). L’IGF ne semble pas avoir bien compris en quoi les finances du Mondial 2023 étaient concernées par un tel ouvrage. Contactée, l’écrivaine a confirmé à L’Équipe avoir touché la moitié de son à-valoir avant que le projet ne soit abandonné. Les conseils de Claude Atcher répondent que l’objectif de cet ouvrage, qui n’a donc pas abouti, « était de laisser un héritage sur le travail fait et de valoriser le travail collectif de l’organisation. (…) Il ne concernait pas uniquement Claude Atcher mais un retour d’expérience sur l’organisation d’un événement d’ampleur telle qu’une Coupe du monde du rugby.»

Faits de favoritisme, anomalies et frais de VTC ou de train dans le collimateur

L’IGF souligne également avoir retrouvé la trace de cadeaux, de produits ou de services mis à disposition ou offerts à des cadres du GIP, dont Claude Atcher, en dehors, semble-t-il, de tout contrat de partenariat. Lui nie, par l’intermédiaire de ses conseils, et affirme n’avoir « jamais reçu de cadeaux de la part de sponsors du GIP. Les bouteilles de vin et boîtes de chocolats qui ont pu être reçues au moment des fêtes de fin d’année étaient systématiquement mises à disposition des collaborateurs. »

Le PNF enquêterait également sur un certain nombre de marchés passés par le GIP et qui sont susceptibles de constituer des faits de favoritisme. Des anomalies ont en effet été relevées par l’IGF. Autre écueil : les inspecteurs financiers, comme le comité d’éthique, ne sont pas certains d’avoir compris le besoin réel pour le GIP de passer un contrat avec Be on coaching, l’entreprise pour laquelle le fils de Claude Atcher était prestataire. Claude Atcher, lui, jure s’être «déporté de la procédure (de commande publique) sur recommandation de la direction juridique du GIP lorsqu’il s’est avéré que son fils était susceptible d’y participer », expliquent ses avocats.

Sur le registre du favoritisme, les inspecteurs s’alarment aussi des dizaines de milliers d’euros dépensés pour s’attacher les services d’un chauffeur VTC sans, une nouvelle fois, avoir passé le moindre appel d’offres. L’ancien patron du GIP assure n’avoir «jamais été alerté sur une quelconque utilisation non conforme des VTC, dont les factures étaient validées par la direction financière. Les différents organes (internes mais aussi externes) de contrôle du GIP n’ont eux aussi jamais remis en cause ces dépenses ».

De corruption à détournement de fonds publics et favoritisme

Enfin, l’IGF a tiqué devant les finances du GIP, qui ont servi à payer le trajet en train de plusieurs collaborateurs partis assister aux obsèques du père de Claude Atcher. Ce dernier déclare via ses avocats « ne pas être à l’initiative d’une telle prise en charge. Renseignements pris et comme il est d’usage dans de nombreuses organisations et sociétés, il s’agit d’une pratique du GIP ayant consisté à prendre en charge les trajets des collaborateurs du GIP souhaitant témoigner de leur soutien lors de funérailles de proches de collaborateurs du GIP ou encore les déplacements relatifs aux obsèques des personnalités du monde du rugby » .

Selon nos informations, le Parquet national financier pourrait abandonner à terme la qualification de corruption initialement retenue à l’ouverture de l’enquête, pour privilégier celle de détournement de fonds publics et de favoritisme. L’enquête judiciaire promet cependant d’être particulièrement difficile, avec de nombreuses zones d’incertitude autour du statut même du GIP, un organisme mi-public mi-privé.

En août 2022, le comité d’éthique se voulait alarmiste : «Il ressort des entretiens tenus et des informations qui nous ont été rapportées que des manquements à la probité financière ou économique auraient été commis », peut-on lire. La gouvernance actuelle du GIP donne pour sa part rendez-vous au printemps avec la réalisation d’une mission d’audit financier et comptable visant à « s’assurer de la conformité de toutes les opérations comptables et financières des entités du comité d’organisation depuis leur création à leurs obligations et engagements».

Un audit qui a été exigé par le PNF, mais qui avait également été recommandé par l’Inspection générale des finances, mandatée par le gouvernement « à la suite de la décision des membres fondateurs du GIP France 2023 de changer la direction du groupement et de revoir les modalités de la gouvernance du comité d’organisation afin d’assurer transparence et collégialité ».

 

Le siège du GIP France 2023, situé à la Maison de la Mutualité, rue Saint-Victor, dans le V arrondissement de Paris, a été perquisitionné début novembre.

La face sombre de la billetterie

Comme révélé par L’Équipe en novembre dernier (voir notre édition du 10 novembre), l’enquête préliminaire ouverte par le Parquet national financier et confiée à la Section de recherches de la gendarmerie de Paris s’intéresse à de possibles infractions autour de la billetterie de la Coupe du monde 2023. Nos confrères du Parisien ont indiqué le 6 janvier que le meilleur ami de Claude Atcher, Henri Mioch, avait acquis 600 billets, et Sébastien Chabal, ambassadeur de l’événement, une centaine.

Les investigations devront déterminer si ce volume de billets a pu servir à générer des revenus pour MM. Mioch, Chabal et Atcher, par l’interface d’hospitalités sauvages (place au match + repas + possibilité de rencontrer un ancien grand joueur) pouvant multiplier par 3, 4 ou 5 le prix d’origine du billet. L’Équipe a eu connaissance d’un mail envoyé par un responsable du GIP à M. Mioch en avril 2021, récapitulant la fameuse commande de 600 billets. Intermédiaire et initiateur de cette commande, Claude Atcher était en copie de ce courrier.

F. Be., R. Bo., G. D. et M. L.

RUGBY

Campus, le projet gâché

GUILLAUME DUFY, FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, et MARC LEPLONGEON

 

Jean Castex, alors Premier ministre, entouré par Claude Atcher (à sa droite) et Jean-Michel Blanquer, à l’époque ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, lors de l’inauguration du Campus 2023 en mars 2021. - Abaca / Icon Sport

Le rapport de l’inspection générale des finances pointe du doigt les incohérences et l’irrationalité du grand centre de formation professionnelle pensé par Claude Atcher.

Le 29 mars 2021, c’est l’effervescence au siège du comité d’organisation de la Coupe du monde 2023. Claude Atcher reçoit du très beau monde. Jean Castex, le Premier ministre est là, tout comme Élisabeth Borne, la ministre du Travail, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, et Roxana Maracineanu, la ministre déléguée aux Sports. Bernard Laporte, le président de la FFR, a également répondu présent à l’invitation de son vieil et bel ami Claude Atcher. C’est un grand jour pour le directeur général de France 2023. Ce 29 mars, il lance officiellement Campus 2023, un programme sociétal ambitieux pour former en alternance des jeunes aux métiers du sport, du tourisme et de la sécurité. «Vous commencez une belle aventure, elle va changer le cours de votre vie professionnelle, de votre vie tout court», s’emballe Claude Atcher. L’événement est retransmis dans 70 centres de formation. Jean Castex applaudit « ce développement massif de l’apprentissage » qui va donner l’occasion à tous ces jeunes d’associer leur passion à un engagement dans un parcours d’insertion professionnelle. « Je soutiens ce projet et je suis particulièrement enthou- siaste», s’exclame le Premier ministre. Atcher rêve de former plus de 2 000 étudiants. Le projet fait l’unanimité. L’idée est belle. L’État s’engage à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros et subventionne l’initiative. Mais deux ans plus tard, les politiques ne sont plus sur la photo. L’euphorie est retombée. Entre l’idée, et la réalisation, il y a un gouffre.

“La finalité réelle du programme Campus 2023 selon leurs concepteurs, Claude Atcher et Benoît Rover, portait sur l’accroissement des recettes d’activité du GIP…

EXTRAIT DU RAPPORT DE L’INSPECTION GÉNÉRALE DES FINANCES

monde de rugby, elle illustre la frénésie qui a animé Claude Atcher dans le montage d’une opération… »

« La finalité réelle du programme Campus 2023 selon leurs concepteurs, Claude Atcher et Benoît Rover, portait sur l’accroissement des recettes d’activité du GIP… », peut-on lire dans le rapport de l’inspection générale des finances qui précise : « L'objectif d'accroissement du résultat financier du GIP ne sera pas atteint puisque les projections budgétaires actualisées du programme montrent qu'il sera vraisemblablement déficitaire de 1,4 M€. »

Ce chapitre passionne le Parquet national financier qui en octobre dernier a ouvert une enquête préliminaire relative à la gestion du comité d’organisation. Il se demande si l’argent public n’a pas été détourné à d’autres fins, ce que laissent penser ces quelques lignes lues dans le fameux rapport financier. « Le montage financier initial de l’opération duquel la mission ne peut exclure l’hypothèse qu’elle ait pu conduire à des malversations. ».

Les inspecteurs des finances s’interrogent sur des aides publiques destinées aux apprentis qui pourraient en réalité avoir été versées dans le budget recettes du GIP. Ils émettent ainsi des doutes sur le circuit financier utilisé. Selon une source proche de l’en-Dans le rapport de l’inspection générale des finances que nous avons parcouru, il est écrit noir sur blanc : « L’objectif initialement annoncé en 2020 par Claude Atcher qui consistait à recruter 2 023 apprentis a été revu à la hausse par lui-même en avril 2021 avec un objectif de 2 388 apprentis. Or la mission constate qu’avec 1 322 à l’échéance d’octobre 2022, les résultats obtenus sur le programme sont très éloignés de ces objectifs… L’opération révèle une méconnaissance du marché du travail dans le secteur de l’animation et du sport. Plus qu’un héritage de la Coupe du quête, s’ils étaient avérés, ces faits pourraient être qualifiés de détournement de fonds publics par le PNF. Maîtres Moyne et Goubin, les avocats de Claude Atcher, répondent : « Le GIP était doté d’une direction financière, outre la présence d’un contrôleur de l’État. Les comptes annuels du GIP n’ont jamais fait l’objet de la moindre remarque. Nous serions ravis de vous apporter une réponse plus complète sur ce point une fois que nous aurons une connaissance plus précise de cette accusation qui demeure particulièrement floue et touche à la comptabilité du GIP qui ne relevait pas des fonctions et de la compétence de monsieur Atcher ».

Le comité d’éthique du GIP s’était arrêté sur le sujet, dans un court rapport remis le 1er août 2022 à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Il faudrait contrôler le dispositif Campus « pour s’assurer de la réalité des prestations servies par tous les stagiaires et des contrats-conventions passées avec les collectivités locales», écrivaient ainsi Solange Moracchini, représentante de l’Agence française anti-corruption (AFA), et Alain Pichon, de la Cour des comptes, après avoir mené une petite vingtaine d’auditions. Mais ce n’est pas tout…

Des étudiants qui déchantent

Lors de sa création, il était prévu que Campus 2023 soit récupéré, ou plutôt légué à la FFR à la fin de la compétition. Auditionné dans le cadre de l’enquête de l’inspection des finances, Bernard Laporte, le président de la FFR, a assuré qu’il n’était pas au courant, comme il ignorait également devoir récupérer et endosser le CDI de Benoît Rover, le patron de Campus 2023, après la Coupe du monde. Ce sujet a cristallisé les inquiétudes de l’IGF qui note dans son rapport : « La mission relève une incertitude préoccupante sur le devenir du programme du CFA au lendemain de la Coupe de monde. Il s’agit là, une nouvelle fois, de l’expression du manque de cadrage initial dont aurait dû bénéficier cette opération et du manque de professionnalisme dans sa conception. » Et les inspecteurs d’inviter à définir les « conditions dans lesquelles une partie très conséquente des bénéfices de la Coupe du monde pourrait être réservée au financement de la pérennisation des emplois d’apprentis à la fin de leur contrat ».

Ces imprécisions dans le fonctionnement se font ressentir sur le terrain où les stagiaires se demandent parfois pourquoi ils se sont engagés. Plusieurs étudiants nous avaient alertés l’été dernier sur les difficultés financières qu’ils rencontraient avec du retard dans le versement des indemnités, et le remboursement de certaines notes d’hôtel et de frais kilométriques. Beaucoup ont déchanté, et ont décidé de partir avant d’avoir validé leur formation. Le rapport suggère enfin, dans la perspective de l’organisation par la France de futurs événements sportifs, « de sélectionner les responsables de la structure de pilotage, en particulier le président et le directeur général, dans le cadre d’une procédure transparente, permettant de vérifier leurs états de service, leurs expériences, leur probité et la qualité du projet qu’ils portent »

RUGBY

Friture sur la ligne et fracture sur la Ligue

JEAN-FRANÇOIS PATURAUD

 

Le président du Stade Toulousain, Didier Lacroix (à gauche), et son prédécesseur à ce poste et désormais président de la Ligue nationale de rugby, René Bouscatel. - Alain Mounic/ L’Équipe

L’actualité judiciaire à la FFR a ravivé les dissensions parmi les présidents des clubs professionnels. Certains mènent une fronde pour réaffirmer une ligne dure alors que le bureau de la LNR temporise.

On se croirait presque revenu trois ans en arrière. En pleine période de pandémie, quand les présidents de Top 14 et Pro D2 multipliaient les réunions interminables. Régulièrement, ils s’y s’écharpaient, chacun accusant l’autre de vouloir favoriser ses intérêts personnels. Sans surprise, la belle famille du rugby n’a pas franchement changé. Les rancœurs sont tenaces et l’actualité judiciaire récente du côté de la Fédération française de rugby n’a fait que les raviver.

En décembre dernier, après la condamnation en première instance du président de la FFR Bernard Laporte (deux ans de prison avec sursis, 75 000 euros d’amende et deux ans d’interdiction d’exercer toute fonction, même bénévole, en lien avec le rugby, pour corruption passive, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts, recel d’abus de biens sociaux et abus de biens sociaux, il a fait appel de ce jugement), puis sa mise en retrait de la Fédération, la Ligue nationale de rugby et ses présidents avaient finalement accouché d’une certaine unité de façade. Il avait pourtant fallu des tractations infinies, en marge de l’assemblée générale à Saint-Sébastien (Espagne) et au bureau de la Ligue, pour enfin se mettre d’accord et réclamer de nouvelles élections fédérales dans la lignée du Ministère des sports.

“Beaucoup trouvent que c’est bizarre, pour ne pas dire choquant, qu’un président condamné, même s’il a fait appel, puisse choisir son successeur

UN PRÉSIDENT DE CLUB

Un mois plus tard, le sujet divise toujours autant. Près d’une vingtaine de dirigeants de clubs professionnels se sont discrètement organisés. Dans leurs échanges sur un groupe WhatsApp et lors de leurs visios régulières, ils restent sur une ligne dure, refusant le principe de la nomination d’un président-délégué, sans pour autant être taxé de faire le jeu de l’opposition à la Fédération. Un vrai numéro d’équilibriste. Le bureau de la LNR, lui, temporise.

« Beaucoup d’entre nous auraient voulu que l’on communique à nouveau en disant clairement que ce référendum n’était pas concevable et qu’il valait mieux que le comité directeur de la FFR démissionne dans sa globalité, raconte un président de Top 14. Mais certains à la Ligue ne le souhaitaient pas, notamment au bureau dont une très grande majorité est pro- che de Laporte. » Des propos qui visent notamment, sans les nommer, Didier Lacroix, président de Toulouse et vice-président en charge des relations avec la FFR, Lucien Simon, vice-président en charge des affaires sportives, et même René Bouscatel, le président de la Ligue.

Une vraie colère envers les agissements de la Fédération

Les divergences réside dans les termes exacts à employer. Au mot près. C’est la forme que le fond qui diviserait, une fois encore, les présidents. « Beaucoup trouvent que c’est bizarre, pour ne pas dire choquant, qu’un président condamné, même s’il a fait appel, puisse choisir son successeur », résume un patron de club. Alors pourquoi ne pas le déclarer haut et fort publiquement ? « C’est probablement dû à un manque de courage, certains avaient fait un deal avec ces mecs-là et la FFR », selon un frondeur.

Au bureau, on nous assure pourtant que tous les membres sont alignés. Le sujet a d’ailleurs été encore longuement évoqué lundi et mardi derniers, sans aucune avancée. D’une certaine manière, ce qui arrangeait presque les dirigeants du monde professionnel, c’est que le « non » l’emporte (1) chez les amateurs et provoque possiblement la mise en place de nouvelles élections fédérales. Cela leur éviterait surtout de se prononcer clairement… « C’est pourtant d’une logique inouïe, assène un patron de club pro. Mais tout devient normal vu qu’on se torche avec l’éthique… »

Les mots, malheureusement prononcés sous couvert d’anonymat puisque personne ne veut sortir du bois individuellement, sont forts. Ils résument une forme de colère envers les agissements de la Fédération. La plupart des dossiers majeurs évoqués en comité d’orientation stratégique ces derniers mois sont d’ailleurs à l’arrêt, notamment la réforme de l’arbitrage et les activations pour la Coupe du monde. Les relations entre la LNR et la FFR sont devenues fraîches. Pour ne pas dire inexistantes. Et ce n’est pas le récent courrier de Christian Dullin, secrétaire général de la FFR, à René Bouscatel, président de la LNR, qui a franchement réchauffé ce retour à la guerre froide.

Cette lettre, que L’Équipe s’est procurée, ressemble surtout à un gros coup de pression. Après avoir souligné d’entrée que « la Fédération vous (la Ligue) délègue par convention l’organisation des compétitions professionnelles» et rappelé que « l’excellence de nos relations nous a amenés à sceller une convention couvrant la période 2023-2027 », Dullin réclame des explications après la décision de la Ligue de se porter, à nouveau, partie civile lors du procès en appel impliquant Bernard Laporte. « Par ce courrier, nous vous demandons expressément de nous expliquer plus avant votre position, le fondement de cet appel et nous indiquer par retour, si la décision d’interjeter a été prise par votre bureau ou le cas échéant par une autre instance », peut-on lire. En gras, pour mieux appuyer le discours.

Cette lettre, datée du 11 janvier, revêt un culot monstre quand on se souvient ce que s’est permis la FFR face à son ministère de tutelle avant de finalement courber l’échine. Dire qu’elle a été mal accueillie est un euphémisme, y compris par Bouscatel lui-même. Un président conclut : « C’est un peu comme si on vous disait « fermez vos gueules », mais à terme ça va être un peu plus compliqué de fermer la gueule à un certain nombre de types… » 

(1) Une consultation ouverte à tous les clubs se tiendra entre le lundi 23 janvier midi et le jeudi 26 janvier midi, par voie électronique, afin de décider si Patrick Buisson, candidat proposé par Bernard Laporte, obtient la majorité nécessaire pour devenir président délégué de la FFR.

L'équipe Laporte a poussé jusqu'à l'extrême la petite cuisine que le rugby pratiquait depuis toujours à coups de banquets et de gabardines. En pratiquant une convivialité de façade qu'on connaissait déjà mais pas à ce point. C'est sans regrets que je la verrai disparaître.

  • Upvote 3
Lien vers le commentaire
il y a une heure, Ardbeg a dit :

Certains vont peut-être hurler au harcèlement, mais si ça pouvait aider à dégager la mafia Laportienne, ce serait une bouffée d'air frais pour le rugby français (même si tout ne serait pas réglé, loin de la).

Non, non.

 

En taule Laporte and co.

Dégagez!

Dehors.

Voyous, bandits, escrocs.

 

 

  • Upvote 3
Lien vers le commentaire

Référendum pour ou contre Patrick Buisson. 

Parole au pdt du CD du Lot, Jean-Claude Tardieu.

" SI LES CLUBS NE SONT PAS AMNÉSIQUES, ILS VOTERONT POUR BUISSON ".

Il est le président d'un Comité Départemental certainement pas le plus important mais probablement l'un des plus dynamiques. Jean-Claude Tardieu est un fidèle de Bernard Laporte et ne l'a jamais caché, il vit très mal cette période aléatoire et anxiogène mais garde confiance pour le référendum, misant sur " l'excellente mémoire des clubs " (sic). Il s'en explique sagement, courtoisement et surtout en développant des arguments qui peuvent et doivent s'entendre. 

● Quel bilan tirez-vous des 6 années de gouvernance de Bernard Laporte ?
" Du positif. Il a balayé en 2016 tous ces gens qui ont pourri le rugby français pendant des années, ça c'est magnifique, et c'était pas gagné avec leur système mafieux de procurations. C'était honteux ces bourrages de sacoche. Rien que d'avoir mis fin à ce jeu de dupes, devrait lui valoir la reconnaissance de tous les clubs. 
Après il y a les aides aux écoles de rugby, la distribution des ballons, les télés, les maillots pour chaque équipe, le vote électronique et décentralisé, les CTC. J'en suis à l'origine. C'est extraordinaire, non ? Et bien sûr les équipes de France, les -20 deux fois champions du monde, celle de Galthié qui bat tout le monde, alors qu'avant on était les loosers champions ".
● Et quoi d'autres ?
" La gestion du Covid, extraordinaire. C'est quand-même fabuleux comment la fédération a aidé les clubs, 35 millions d'euros, c'est pas 3 sardines sur un toast grillé. Serge Simon a été génial sur le coup. Il faut que les clubs s'en rappellent, parce que dans les autres fédérations, c'était la soupe à l'aigre et la grimace plutôt qu'aux truffes et pépettes ".
● La situation que vit la fédération est tout de même tempétueuse ?
" Oui, le bateau tangue mais beaucoup de matelots confondent tout. Certains clubs font l'amalgame avec les places de la coupe du monde. Mais c'est pas la fédé, c'est France23. C'est pas Laporte qui était à la billetterie. Nom de Dieu, ne confondez pas tout, les poireaux et les asperges, la FFR et le GIP, Mioch et Laporte ".
● Vous soutenez Patrick Buisson ?
" Ce qui me plaît chez lui, c'est qu'il était de la gouvernance de Camou et quand il a vu que c'était des tordus avec le Grand Stade, il leur a dit tchao pantins et a rejoint Laporte. Ça prouve que c'est quelqu'un de réfléchi et lucide. Après il a fait un super boulot avec le rugby amateur. C'est un homme du changement. Je le soutiens à fond ".
● Vous êtes confiant ou inquiet ?
" Très confiant. Je dis aux clubs ne soyez pas ingrat, ayez de la mémoire et de la fraîche. Et je dis à l'opposition, oui Grill est sûrement intelligent mais qu'il attende 2024 pour de vrais élections avec projets et programmes. Il y aura campagne c'est normal, mais pas maintenant où on vote sur un homme et à la va vite. Voilà pourquoi il faut voter, POUR. Pour éviter le bordel ".

  • Haha 2
Lien vers le commentaire
Il y a 4 heures, Raph a dit :

Voici un peu de lecture, L'Equipe sort encore une couverture et 3 doubles pages pleines sur le sujet :blink:

 

ENQUÊTE OUVERTE POUR HARCÈLEMENT MORAL

FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, GUILLAUME DUFY et MARC LEPLONGEON

 

Claude Atcher, le 14 décembre 2020 au palais Brongniart à Paris lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2023. - Dave Winter/INPHO/Presse Sports

Le rapport de l’inspection du travail, dont « L’Équipe » a pu prendre connaissance, assombrit encore le récit du management absolutiste de l’ancien « DG » du Groupement d'intérêt public France 2023, Claude Atcher. Il a donné lieu à l’ouverture par le parquet de Paris d’une enquête préliminaire pour harcèlement moral.

À 10 heures du matin, le 24 juin dernier, les deux inspecteurs du travail missionnés par la ministre des Sports deux jours plus tôt entrent au siège parisien du GIP - France 2023, au 24 de la rue Saint-Victor. Ils ne le savent pas encore, ne l’imaginent même pas, mais ils vont tomber entre les mains d’un personnage intempestif. Cette scène délirante, les contrôleurs ont tenu à la formaliser noir sur blanc, dans une lettre adressée à Jacques Rivoal, président du comité d’organisation de la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre), et Claude Atcher, directeur général de la structure en ce temps-là. Une lettre qu’ils ont insérée en avant-propos de leur rapport long de 32 pages dont L’Équipe a pu prendre connaissance. Dans un monde normal, les inspecteurs auraient souhaité être accueillis par M. Atcher, principal mis en cause dans l’enquête publiée par L’Équipe le 22 juin. Mais comme le signalera trois mois plus tard un courrier de la DRIEETS (Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) au préfet de Paris et au préfet de région, « Claude Atcher a refusé de recevoir les agents de contrôle. »

“Nous effectuons des contrôles de façon régulière et il est extrêmement rare que nous ayons à déplorer un tel accueil

LES INSPECTEURS DU TRAVAIL MISSIONNÉS PAR LA MINISTRE

Le 24 juin, c’est le directeur juridique du GIP, François Guéant, fils de l’ancien secrétaire général du président Sarkozy, qui se charge du comité d’accueil, à sa façon. « Nous lui avons demandé à le suivre dans son bureau ou en salle de réunion pour ne pas perturber l’activité au sein de l’open space, relatent les inspecteurs. Monsieur Guéant a alors fait preuve d’une grande nervosité, refusant dans un premier temps de nous recevoir, nous faisant remarquer que nous n’avions pas prévenu de notre visite puis indiquant qu’il allait immédiatement contacter son avocat. » Après une courte accalmie, M. Guéant s’emporte à nouveau et demande aux inspecteurs de lui dresser la liste des salariés qu’ils souhaitent entendre et surtout de prévenir de leur venue lors de leur prochaine visite. « Nous lui avons rappelé que les inspecteurs du travail peuvent accéder aux lieux de travail sans en avertir au préalable l’employeur ou demander une autorisation, interroger les salariés et se faire transmettre tout document dans les conditions prévues au Code du travail, ce qui n’a pas manqué, une fois encore, de déclencher un emportement de M. Guéant. »

Les inspecteurs demandent alors à échanger avec Sophie Coste, directrice des ressources humaines. Guéant indique que celle-ci est occupée en réunion, se ravise et suggère de « pouvoir assister à cet entretien, ce que nous avons refusé afin de pouvoir entendre librement M me Coste, est-il mentionné dans la lettre. Durant notre échange avec M me Coste qui se déroulait dans des conditions tout à fait cordiales et habituelles, M. Guéant nous a interrompus à trois reprises en se présentant dans la salle de réunion. » Les inspecteurs le prient à nouveau de s’effacer. Toujours selon la lettre, il aurait accusé les enquêteurs « d’exercer une pression sur la DRH et de lui faire subir une garde à vue ». M. Guéant s’est ensuite installé sur les canapés attenants à la salle de réunion, dont les parois sont vitrées, la confidentialité des échanges avec Mme Coste ne pouvant donc plus être garantie. «Nous effectuons des contrôles de façon régulière et il est extrêmement rare que nous ayons à déplorer un tel accueil. Nous attirons votre attention quant au fait qu’il apparaît interpellant de se présenter pour un contrôle dans le cadre d’une enquête pour violence au travail et de subir un accueil de la sorte. » L’inspecteur-élève qui accompagnait ce jour-là les titulaires aura des choses à raconter sur ses premiers pas dans le métier. François Guéant n’a pas répondu à nos sollicitations.

“Il a un comportement menaçant, il laisse le doute que ça peut en venir au physique

UN SALARIÉ SUR L’ATTITUDE DE CLAUDE ATCHER

Au fil de ses investigations et auditions (61 salariés se sont exprimés), l’inspection du travail a pu avoir confirmation des informations parues dans L’Équipe, aussi bien concernant le climat de terreur que faisaient régner Claude Atcher et quelques-uns de ses lieutenants au 8étage de la Mutualité, que sur l’absence de médecine du travail pendant plus de six mois alors même que les burn-out s’accumulaient parmi les salariés. À la lecture de ce rapport, on comprend aussi que rien n’était tout à fait à jour, ni dans les clous. « Lors de notre visite du 24 juin, aucun document de décompte des forfaits jours ni des heures travaillées n’a pu nous être fourni. (…) Nous avons demandé le registre unique du personnel tel que prévu au sens de l’article L.1221-13 du Code du travail ; M me Coste nous a répondu qu’il n’y en avait pas. » La réponse fut identique s’agissant de la base de données économiques sociales (BDES). Quant au document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), élaboré en août 2020, il n’avait pas été mis à jour. D’après nos informations, Claude Atcher aurait personnellement bloqué pour que ces informations ne soient pas communiquées au CSE. Les inspecteurs ont par ailleurs procédé au calcul du taux de rotation – ou taux de turnover – à la date de leur contrôle. Cette mesure constitue un bon indicateur de conditions de travail dégradées. Au GIP, ce chiffre dépassait le niveau « éloquent » (lire par ailleurs).

L’Équipe a également pu avoir connaissance du rapport du comité d’éthique, que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait commandé simultanément. Ces deux lectures avaient suffi à édifier le pouvoir politique et à provoquer la révocation de Claude Atcher pour faute lourde, le 10 octobre. Il avait préalablement été mis à pied à titre conservatoire le 29 août. Après avoir parcouru toute cette littérature, on se demande comment, avec les mêmes documents en main, Bernard Laporte, président de la FFR (qui détient 62 % du GIP), a tout de même essayé d’obtenir le maintien en poste de Claude Atcher.

“Entre les salariés, on l’appelle « Poutine », « Robespierre » ou « Caligula »

En plus de ces deux rapports, les élus du personnel du GIP avaient mandaté le cabinet conseil ADDEO. Tout aussi accablante, cette synthèse, longue de 121 pages et nourrie par une centaine de témoignages, confirme les dérives d’un pouvoir autocentré, le sous-effectif, la surcharge de travail, les arrêts maladie… En tournant les pages de ces rapports, on déambule au milieu d’une profusion de verbatims de salariés. Qui décrivent le management de l’ancien « DG»: « Une verticalité extrême, il est mégalomane» ; « C’est une organisation dictatoriale et pyramidale avec une pointe élevée et pointue»« Il impose la terreur » « Physiquement, il impose, il domine. Verbalement, il crie, il hurle, il humilie en public devant les salariés en open space et crée une ambiance latente de violence. » « Il a un comportement menaçant, il laisse le doute que ça peut en venir au physique » « Il nous dit qu’il saura qui parle»; « Il est nocif. Entre les salariés, on l’appelle “Poutine”, “Robespierre” ou “Caligula”. » Qui décrivent aussi une souffrance : « Les personnes qui pleurent oui, je l’ai vu. J’ai entendu des cris provenant du bureau d’Atcher » ; « Les gens pleurent dans les toilettes » ; « Il m’a brûlé moralement, il m’a détruit»« J’avais une boule au ventre tous les jours, il m’appelait et me criait dessus. Il appelle à n’importe quelle heure. Il m’appelait le dimanche soir pour le lendemain. C’était pour m’humilier » « Les gens ont peur de se retrouver seuls avec lui dans le bureau » ; «J’ai été sous son emprise, c’est un gourou » « J’en suis venu à être terrorisé par un coup de téléphone » ; « On n’a pas su protéger ceux qui sont venus derrière parce qu’on s’est juste préoccupés de nous sauver nous-mêmes » ; « J’ai reçu le coup de fil du dimanche midi, celui pour déstabiliser et mettre la pression » ; « Quand je parle de lui, ça me prend aux tri- pes » ; « J’ai augmenté ma consommation d’alcool et de tabac à cause du travail. Je prends des produits pour tenir la fatigue. J’ai développé des maux de tête chroniques, des douleurs aux cervicales, des maux de ventre, des bouffées de stress et d’anxiété » ; « Fin novembre 2021, je ne savais plus comment je m’appelais » « Je me suis retrouvé dans l’incapacité d’écrire un mail. J’en suis arrivé à avoir des idées noires » ; « J’ai contracté des taches de stress sur le corps » « J’ai eu une crise de larmes durant douze heures d’affilée»« En l’espace d’un an, j’étais à bout, je devenais exécrable, tout était noir, je voulais tout quitter, je voulais partir. »

Plusieurs témoins reviennent sur l’impressionnante crise d’angoisse de ce « proche » d’Atcher qui venait d’être humilié en réunion par le grand patron et qui allait être évacué dans une couverture de survie.

“Monsieur Claude Atcher ne peut que se réjouir de l’ouverture d’une enquête

Mes EMMANUEL MOYNE ET GEOFFROY GOUBIN

« Lors des faits, j’étais présent dans l’open space, dit un salarié. J’ai entendu un cri qui ressemblait à un cri d’enfant, cela m’a glacé » ; « Lorsque le collègue s’est effondré, témoigne un autre, M. Atcher a dit : “Circulez, il n’y a rien à voir”. » Le 29 novembre, suite à un signalement de la DRIEETS, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour harcèlement moral. C’est la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) qui a été saisie de l’enquête.

Contactés par « L’Équipe », les avocats de Claude Atcher, Mes Emmanuel Moyne et Geoffroy Goubin, répondent : « Monsieur Claude Atcher l’ignorait mais ne peut que se réjouir de l’ouverture d’une enquête qui devrait permettre à terme de lever l’anonymat des témoignages prétendument à charge le concernant auxquels il pourra enfin avoir accès et ainsi y répondre de manière circonstanciée. Cela lui permettra de donner à tout témoignage mensonger la suite judiciaire qu’il appartiendra. » 

16 %

La proportion de salariés du GIP estimant qu'ils consomment davantage de substances psychoactives (tabac, alcool, médicaments, cannabis, autres drogues) à cause de leur travail.

(source : questionnaire du cabinet conseil ADDEO)

36,65%

Le taux de rotation (calculé à partir du nombre de salariés et pondéré selon le nombre de départs contre le nombre d'arrivées sur une période donnée) constaté au GIP par l'inspection du travail.

Le taux de rotation moyen en France est de 15%.

39 %

La proportion de salariés du siège du GIP estimant que leur état de santé au travail s'est dégradé depuis qu'ils travaillent au sein du Comité d'organisation.

(source : questionnaire du cabinet conseil ADDEO)

39,1 %

La proportion de salariés du GIP se considérant témoins de violence psychologique au travail est passée de 39,1% à 1,8% depuis le changement de direction générale.

La proportion des salariés se déclarant victimes de violence psychologique au travail est passée, elle, de 13,6% à 2,7%.

 

RUGBY

Péril sur les finances du Mondial

FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, GUILLAUME DUFY et MARC LEPLONGEON

 

Claude Atcher, ancien patron du GIP. - Alain Jocard/AFP

Mauvaise gestion budgétaire, soupçons de favoritisme et de détournement de fonds publics : magistrats et inspecteurs tirent la sonnette d’alarme sur les comptes de la Coupe du monde 2023. La nouvelle gouvernance promet de « sécuriser l’organisation du tournoi ».

C’est un ballon qui n’en finit plus de se dégonfler. En février 2017, lancé dans une campagne visant à permettre à la France d’organiser un deuxième Mondial de rugby (après 2007), Claude Atcher joue, face à l’Afrique du Sud, la carte financière et affirme au Figaro pouvoir réaliser 200 millions d’euros de bénéfices potentiels. Cinq ans plus tard, le 13 juin 2022, en plein conseil d’administration du GIP, la somme a été divisée de moitié mais le patron de la Coupe du monde 2023 continue d’étaler sa folie des grandeurs. Le directeur envisage désormais un résultat d’exploitation de plus de 95 millions d’euros et propose d’indexer sur ce montant des primes aux employés les plus fidèles. Publiquement, c’est un autre chiffre qui est présenté, officiel, celui-là : 68 millions d’euros de bénéfices nets. Assorti d’une promesse : celle de monter la Coupe du monde la plus rentable de l’histoire grâce à une billetterie attractive et des sponsors généreux.

L’histoire, que L’Équipe a pu reconstituer après avoir pris connaissance de nombreux documents budgétaires inédits et d’extraits du rapport secret de l’Inspection générale des finances (IGF), est moins belle.

La Coupe du monde ne serait plus rentable que de 40 millions d’euros

L’IGF, elle, invite d’ores et déjà à oublier les promesses de bénéfices colossaux promis en son temps par Claude Atcher : « Compte tenu du contexte actuel du GIP, la mission estime que l’ambition portée sur les résultats financiers de la Coupe du monde ne constitue pas une priorité. Seule [compte] la livraison du tournoi dans des conditions optimales et la bonne réalisation des opérations engagées dans le cadre de la Coupe du monde, quitte à mobiliser une partie des bénéfices réalisés pour en garantir la réalisation. Le seul objectif à préserver au regard des engagements incontrôlés de l’ancien directeur général (Claude Atcher) est celui d’un résultat raisonnable, de l’ordre de celui garanti par les hypothèses basses du compte de résultat prévisionnel du GIP.» Selon des sources concordantes, les dépenses pourraient en réalité avoir été sous-évaluées de 28 millions d’euros. La Coupe du monde ne serait plus rentable que de 40 millions d’euros, en attendant les résultats d’un audit financier indépendant qui, selon nos informations, a été réclamé par le Parquet national financier (PNF). Celui-ci pourrait encore corser l’addition…

Chargé d’une enquête préliminaire, le PNF a saisi les gendarmes de la section de recherche de Paris pour perquisitionner début novembre les locaux de France 2023. S’il convient d’être particulièrement prudent, et si un important travail d’étayage juridique doit encore être mené, les magistrats s’appuient sur un certain nombre de constats formulés par l’Inspection générale des finances (IGF), saisie par le ministère des Sports d’une mission conjointe avec l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Toutes deux pointent plusieurs irrégularités dans la gestion du GIP, dont certaines seraient attribuées à Claude Atcher et à l’ancienne gouvernance pour un préjudice total de plusieurs millions d’euros. Premier grief : le dispositif Campus 2023, un centre de formation d’apprentis (CFA) censé offrir un emploi à plus de 2 000 jeunes. Problème : deux ans plus tard, le Campus est loin d’avoir rempli ses promesses (voir page 6). Surtout, malgré au moins une alerte de la direction financière du GIP, l’ancienne gouvernance aurait, selon une source bien informée, omis d’intégrer aux dépenses les « charges de personnel » et les taxes d’apprentissage. En clair : « Une mauvaise interprétation de la législation sur la comptabilité d’un CFA d’entreprise » aurait conduit à minorer les dépenses de 28 millions d’euros, nous précise-t-on.

Interrogée par L’Équipe sur ces points, la nouvelle gouvernance du GIP se veut rassurante. « La priorité de la nouvelle gouvernance est de sécuriser l’organisation du tournoi en mobilisant les moyens nécessaires à la livraison d’un événement aux meilleurs standards de qualité. Il sera présenté au prochain conseil d’administration du 2 février un budget actualisé de l’événement intégrant pour la première fois l’ensemble des périmètres du Comité d’organisation (GIP, CFA Campus 2023, GIE et Fonds de dotation). Ce budget permettra de dégager un résultat positif au niveau de celui des meilleures Coupes du monde, qui sera redistribué au rugby français », assure-t-on. Les avocats de Claude Atcher, Mes Moyne et Goubin, font quant à eux savoir que leur client « ignore » tout de ces difficultés. Ils renvoient à la responsabilité du cabinet ESS et des directeurs des affaires financières (DAF) de Campus et du GIP, qui avaient la charge de valider et de contrôler les éléments de paie ou encore l’état des cotisations et des charges sociales.

Si les dépenses de sécurité et de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) semblent avoir été largement minorées dans le budget du GIP, celles-ci sont heureusement compensées par de nouvelles rentrées d’argent liées au sponsoring et aux très bonnes ventes de billets, explique une source bien informée. Il en va également ainsi pour World Rugby. L’organisme international a dénoncé récemment pour plusieurs millions d’euros des dépenses que France 2023 entendait mettre à sa charge, en vertu d’un accord-cadre qui régit leurs relations, et qui porte notamment sur l’événementiel. Les missions d’inspection pointent pour leur part d’autres faits, susceptibles eux aussi de revêtir une qualification pénale. Parmi eux : un contrat d’édition de 12 000 euros entre une jeune écrivaine et le GIP. La mission dévolue à l’autrice ? Raconter en plus ou moins 80 pages la « vision de Claude Atcher sur l’organisation des grands événements sportifs du XXI siècle à l’aune de problématiques protéiformes telles que les enjeux financiers, géostratégiques, territoriaux, ou encore de la responsabilité sociétale et environnementale » (sic). L’IGF ne semble pas avoir bien compris en quoi les finances du Mondial 2023 étaient concernées par un tel ouvrage. Contactée, l’écrivaine a confirmé à L’Équipe avoir touché la moitié de son à-valoir avant que le projet ne soit abandonné. Les conseils de Claude Atcher répondent que l’objectif de cet ouvrage, qui n’a donc pas abouti, « était de laisser un héritage sur le travail fait et de valoriser le travail collectif de l’organisation. (…) Il ne concernait pas uniquement Claude Atcher mais un retour d’expérience sur l’organisation d’un événement d’ampleur telle qu’une Coupe du monde du rugby.»

Faits de favoritisme, anomalies et frais de VTC ou de train dans le collimateur

L’IGF souligne également avoir retrouvé la trace de cadeaux, de produits ou de services mis à disposition ou offerts à des cadres du GIP, dont Claude Atcher, en dehors, semble-t-il, de tout contrat de partenariat. Lui nie, par l’intermédiaire de ses conseils, et affirme n’avoir « jamais reçu de cadeaux de la part de sponsors du GIP. Les bouteilles de vin et boîtes de chocolats qui ont pu être reçues au moment des fêtes de fin d’année étaient systématiquement mises à disposition des collaborateurs. »

Le PNF enquêterait également sur un certain nombre de marchés passés par le GIP et qui sont susceptibles de constituer des faits de favoritisme. Des anomalies ont en effet été relevées par l’IGF. Autre écueil : les inspecteurs financiers, comme le comité d’éthique, ne sont pas certains d’avoir compris le besoin réel pour le GIP de passer un contrat avec Be on coaching, l’entreprise pour laquelle le fils de Claude Atcher était prestataire. Claude Atcher, lui, jure s’être «déporté de la procédure (de commande publique) sur recommandation de la direction juridique du GIP lorsqu’il s’est avéré que son fils était susceptible d’y participer », expliquent ses avocats.

Sur le registre du favoritisme, les inspecteurs s’alarment aussi des dizaines de milliers d’euros dépensés pour s’attacher les services d’un chauffeur VTC sans, une nouvelle fois, avoir passé le moindre appel d’offres. L’ancien patron du GIP assure n’avoir «jamais été alerté sur une quelconque utilisation non conforme des VTC, dont les factures étaient validées par la direction financière. Les différents organes (internes mais aussi externes) de contrôle du GIP n’ont eux aussi jamais remis en cause ces dépenses ».

De corruption à détournement de fonds publics et favoritisme

Enfin, l’IGF a tiqué devant les finances du GIP, qui ont servi à payer le trajet en train de plusieurs collaborateurs partis assister aux obsèques du père de Claude Atcher. Ce dernier déclare via ses avocats « ne pas être à l’initiative d’une telle prise en charge. Renseignements pris et comme il est d’usage dans de nombreuses organisations et sociétés, il s’agit d’une pratique du GIP ayant consisté à prendre en charge les trajets des collaborateurs du GIP souhaitant témoigner de leur soutien lors de funérailles de proches de collaborateurs du GIP ou encore les déplacements relatifs aux obsèques des personnalités du monde du rugby » .

Selon nos informations, le Parquet national financier pourrait abandonner à terme la qualification de corruption initialement retenue à l’ouverture de l’enquête, pour privilégier celle de détournement de fonds publics et de favoritisme. L’enquête judiciaire promet cependant d’être particulièrement difficile, avec de nombreuses zones d’incertitude autour du statut même du GIP, un organisme mi-public mi-privé.

En août 2022, le comité d’éthique se voulait alarmiste : «Il ressort des entretiens tenus et des informations qui nous ont été rapportées que des manquements à la probité financière ou économique auraient été commis », peut-on lire. La gouvernance actuelle du GIP donne pour sa part rendez-vous au printemps avec la réalisation d’une mission d’audit financier et comptable visant à « s’assurer de la conformité de toutes les opérations comptables et financières des entités du comité d’organisation depuis leur création à leurs obligations et engagements».

Un audit qui a été exigé par le PNF, mais qui avait également été recommandé par l’Inspection générale des finances, mandatée par le gouvernement « à la suite de la décision des membres fondateurs du GIP France 2023 de changer la direction du groupement et de revoir les modalités de la gouvernance du comité d’organisation afin d’assurer transparence et collégialité ».

 

Le siège du GIP France 2023, situé à la Maison de la Mutualité, rue Saint-Victor, dans le V arrondissement de Paris, a été perquisitionné début novembre.

La face sombre de la billetterie

Comme révélé par L’Équipe en novembre dernier (voir notre édition du 10 novembre), l’enquête préliminaire ouverte par le Parquet national financier et confiée à la Section de recherches de la gendarmerie de Paris s’intéresse à de possibles infractions autour de la billetterie de la Coupe du monde 2023. Nos confrères du Parisien ont indiqué le 6 janvier que le meilleur ami de Claude Atcher, Henri Mioch, avait acquis 600 billets, et Sébastien Chabal, ambassadeur de l’événement, une centaine.

Les investigations devront déterminer si ce volume de billets a pu servir à générer des revenus pour MM. Mioch, Chabal et Atcher, par l’interface d’hospitalités sauvages (place au match + repas + possibilité de rencontrer un ancien grand joueur) pouvant multiplier par 3, 4 ou 5 le prix d’origine du billet. L’Équipe a eu connaissance d’un mail envoyé par un responsable du GIP à M. Mioch en avril 2021, récapitulant la fameuse commande de 600 billets. Intermédiaire et initiateur de cette commande, Claude Atcher était en copie de ce courrier.

F. Be., R. Bo., G. D. et M. L.

RUGBY

Campus, le projet gâché

GUILLAUME DUFY, FRÉDÉRIC BERNÈS, RENAUD BOUREL, et MARC LEPLONGEON

 

Jean Castex, alors Premier ministre, entouré par Claude Atcher (à sa droite) et Jean-Michel Blanquer, à l’époque ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, lors de l’inauguration du Campus 2023 en mars 2021. - Abaca / Icon Sport

Le rapport de l’inspection générale des finances pointe du doigt les incohérences et l’irrationalité du grand centre de formation professionnelle pensé par Claude Atcher.

Le 29 mars 2021, c’est l’effervescence au siège du comité d’organisation de la Coupe du monde 2023. Claude Atcher reçoit du très beau monde. Jean Castex, le Premier ministre est là, tout comme Élisabeth Borne, la ministre du Travail, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, et Roxana Maracineanu, la ministre déléguée aux Sports. Bernard Laporte, le président de la FFR, a également répondu présent à l’invitation de son vieil et bel ami Claude Atcher. C’est un grand jour pour le directeur général de France 2023. Ce 29 mars, il lance officiellement Campus 2023, un programme sociétal ambitieux pour former en alternance des jeunes aux métiers du sport, du tourisme et de la sécurité. «Vous commencez une belle aventure, elle va changer le cours de votre vie professionnelle, de votre vie tout court», s’emballe Claude Atcher. L’événement est retransmis dans 70 centres de formation. Jean Castex applaudit « ce développement massif de l’apprentissage » qui va donner l’occasion à tous ces jeunes d’associer leur passion à un engagement dans un parcours d’insertion professionnelle. « Je soutiens ce projet et je suis particulièrement enthou- siaste», s’exclame le Premier ministre. Atcher rêve de former plus de 2 000 étudiants. Le projet fait l’unanimité. L’idée est belle. L’État s’engage à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros et subventionne l’initiative. Mais deux ans plus tard, les politiques ne sont plus sur la photo. L’euphorie est retombée. Entre l’idée, et la réalisation, il y a un gouffre.

“La finalité réelle du programme Campus 2023 selon leurs concepteurs, Claude Atcher et Benoît Rover, portait sur l’accroissement des recettes d’activité du GIP…

EXTRAIT DU RAPPORT DE L’INSPECTION GÉNÉRALE DES FINANCES

monde de rugby, elle illustre la frénésie qui a animé Claude Atcher dans le montage d’une opération… »

« La finalité réelle du programme Campus 2023 selon leurs concepteurs, Claude Atcher et Benoît Rover, portait sur l’accroissement des recettes d’activité du GIP… », peut-on lire dans le rapport de l’inspection générale des finances qui précise : « L'objectif d'accroissement du résultat financier du GIP ne sera pas atteint puisque les projections budgétaires actualisées du programme montrent qu'il sera vraisemblablement déficitaire de 1,4 M€. »

Ce chapitre passionne le Parquet national financier qui en octobre dernier a ouvert une enquête préliminaire relative à la gestion du comité d’organisation. Il se demande si l’argent public n’a pas été détourné à d’autres fins, ce que laissent penser ces quelques lignes lues dans le fameux rapport financier. « Le montage financier initial de l’opération duquel la mission ne peut exclure l’hypothèse qu’elle ait pu conduire à des malversations. ».

Les inspecteurs des finances s’interrogent sur des aides publiques destinées aux apprentis qui pourraient en réalité avoir été versées dans le budget recettes du GIP. Ils émettent ainsi des doutes sur le circuit financier utilisé. Selon une source proche de l’en-Dans le rapport de l’inspection générale des finances que nous avons parcouru, il est écrit noir sur blanc : « L’objectif initialement annoncé en 2020 par Claude Atcher qui consistait à recruter 2 023 apprentis a été revu à la hausse par lui-même en avril 2021 avec un objectif de 2 388 apprentis. Or la mission constate qu’avec 1 322 à l’échéance d’octobre 2022, les résultats obtenus sur le programme sont très éloignés de ces objectifs… L’opération révèle une méconnaissance du marché du travail dans le secteur de l’animation et du sport. Plus qu’un héritage de la Coupe du quête, s’ils étaient avérés, ces faits pourraient être qualifiés de détournement de fonds publics par le PNF. Maîtres Moyne et Goubin, les avocats de Claude Atcher, répondent : « Le GIP était doté d’une direction financière, outre la présence d’un contrôleur de l’État. Les comptes annuels du GIP n’ont jamais fait l’objet de la moindre remarque. Nous serions ravis de vous apporter une réponse plus complète sur ce point une fois que nous aurons une connaissance plus précise de cette accusation qui demeure particulièrement floue et touche à la comptabilité du GIP qui ne relevait pas des fonctions et de la compétence de monsieur Atcher ».

Le comité d’éthique du GIP s’était arrêté sur le sujet, dans un court rapport remis le 1er août 2022 à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Il faudrait contrôler le dispositif Campus « pour s’assurer de la réalité des prestations servies par tous les stagiaires et des contrats-conventions passées avec les collectivités locales», écrivaient ainsi Solange Moracchini, représentante de l’Agence française anti-corruption (AFA), et Alain Pichon, de la Cour des comptes, après avoir mené une petite vingtaine d’auditions. Mais ce n’est pas tout…

Des étudiants qui déchantent

Lors de sa création, il était prévu que Campus 2023 soit récupéré, ou plutôt légué à la FFR à la fin de la compétition. Auditionné dans le cadre de l’enquête de l’inspection des finances, Bernard Laporte, le président de la FFR, a assuré qu’il n’était pas au courant, comme il ignorait également devoir récupérer et endosser le CDI de Benoît Rover, le patron de Campus 2023, après la Coupe du monde. Ce sujet a cristallisé les inquiétudes de l’IGF qui note dans son rapport : « La mission relève une incertitude préoccupante sur le devenir du programme du CFA au lendemain de la Coupe de monde. Il s’agit là, une nouvelle fois, de l’expression du manque de cadrage initial dont aurait dû bénéficier cette opération et du manque de professionnalisme dans sa conception. » Et les inspecteurs d’inviter à définir les « conditions dans lesquelles une partie très conséquente des bénéfices de la Coupe du monde pourrait être réservée au financement de la pérennisation des emplois d’apprentis à la fin de leur contrat ».

Ces imprécisions dans le fonctionnement se font ressentir sur le terrain où les stagiaires se demandent parfois pourquoi ils se sont engagés. Plusieurs étudiants nous avaient alertés l’été dernier sur les difficultés financières qu’ils rencontraient avec du retard dans le versement des indemnités, et le remboursement de certaines notes d’hôtel et de frais kilométriques. Beaucoup ont déchanté, et ont décidé de partir avant d’avoir validé leur formation. Le rapport suggère enfin, dans la perspective de l’organisation par la France de futurs événements sportifs, « de sélectionner les responsables de la structure de pilotage, en particulier le président et le directeur général, dans le cadre d’une procédure transparente, permettant de vérifier leurs états de service, leurs expériences, leur probité et la qualité du projet qu’ils portent »

RUGBY

Friture sur la ligne et fracture sur la Ligue

JEAN-FRANÇOIS PATURAUD

 

Le président du Stade Toulousain, Didier Lacroix (à gauche), et son prédécesseur à ce poste et désormais président de la Ligue nationale de rugby, René Bouscatel. - Alain Mounic/ L’Équipe

L’actualité judiciaire à la FFR a ravivé les dissensions parmi les présidents des clubs professionnels. Certains mènent une fronde pour réaffirmer une ligne dure alors que le bureau de la LNR temporise.

On se croirait presque revenu trois ans en arrière. En pleine période de pandémie, quand les présidents de Top 14 et Pro D2 multipliaient les réunions interminables. Régulièrement, ils s’y s’écharpaient, chacun accusant l’autre de vouloir favoriser ses intérêts personnels. Sans surprise, la belle famille du rugby n’a pas franchement changé. Les rancœurs sont tenaces et l’actualité judiciaire récente du côté de la Fédération française de rugby n’a fait que les raviver.

En décembre dernier, après la condamnation en première instance du président de la FFR Bernard Laporte (deux ans de prison avec sursis, 75 000 euros d’amende et deux ans d’interdiction d’exercer toute fonction, même bénévole, en lien avec le rugby, pour corruption passive, trafic d’influence, prise illégale d’intérêts, recel d’abus de biens sociaux et abus de biens sociaux, il a fait appel de ce jugement), puis sa mise en retrait de la Fédération, la Ligue nationale de rugby et ses présidents avaient finalement accouché d’une certaine unité de façade. Il avait pourtant fallu des tractations infinies, en marge de l’assemblée générale à Saint-Sébastien (Espagne) et au bureau de la Ligue, pour enfin se mettre d’accord et réclamer de nouvelles élections fédérales dans la lignée du Ministère des sports.

“Beaucoup trouvent que c’est bizarre, pour ne pas dire choquant, qu’un président condamné, même s’il a fait appel, puisse choisir son successeur

UN PRÉSIDENT DE CLUB

Un mois plus tard, le sujet divise toujours autant. Près d’une vingtaine de dirigeants de clubs professionnels se sont discrètement organisés. Dans leurs échanges sur un groupe WhatsApp et lors de leurs visios régulières, ils restent sur une ligne dure, refusant le principe de la nomination d’un président-délégué, sans pour autant être taxé de faire le jeu de l’opposition à la Fédération. Un vrai numéro d’équilibriste. Le bureau de la LNR, lui, temporise.

« Beaucoup d’entre nous auraient voulu que l’on communique à nouveau en disant clairement que ce référendum n’était pas concevable et qu’il valait mieux que le comité directeur de la FFR démissionne dans sa globalité, raconte un président de Top 14. Mais certains à la Ligue ne le souhaitaient pas, notamment au bureau dont une très grande majorité est pro- che de Laporte. » Des propos qui visent notamment, sans les nommer, Didier Lacroix, président de Toulouse et vice-président en charge des relations avec la FFR, Lucien Simon, vice-président en charge des affaires sportives, et même René Bouscatel, le président de la Ligue.

Une vraie colère envers les agissements de la Fédération

Les divergences réside dans les termes exacts à employer. Au mot près. C’est la forme que le fond qui diviserait, une fois encore, les présidents. « Beaucoup trouvent que c’est bizarre, pour ne pas dire choquant, qu’un président condamné, même s’il a fait appel, puisse choisir son successeur », résume un patron de club. Alors pourquoi ne pas le déclarer haut et fort publiquement ? « C’est probablement dû à un manque de courage, certains avaient fait un deal avec ces mecs-là et la FFR », selon un frondeur.

Au bureau, on nous assure pourtant que tous les membres sont alignés. Le sujet a d’ailleurs été encore longuement évoqué lundi et mardi derniers, sans aucune avancée. D’une certaine manière, ce qui arrangeait presque les dirigeants du monde professionnel, c’est que le « non » l’emporte (1) chez les amateurs et provoque possiblement la mise en place de nouvelles élections fédérales. Cela leur éviterait surtout de se prononcer clairement… « C’est pourtant d’une logique inouïe, assène un patron de club pro. Mais tout devient normal vu qu’on se torche avec l’éthique… »

Les mots, malheureusement prononcés sous couvert d’anonymat puisque personne ne veut sortir du bois individuellement, sont forts. Ils résument une forme de colère envers les agissements de la Fédération. La plupart des dossiers majeurs évoqués en comité d’orientation stratégique ces derniers mois sont d’ailleurs à l’arrêt, notamment la réforme de l’arbitrage et les activations pour la Coupe du monde. Les relations entre la LNR et la FFR sont devenues fraîches. Pour ne pas dire inexistantes. Et ce n’est pas le récent courrier de Christian Dullin, secrétaire général de la FFR, à René Bouscatel, président de la LNR, qui a franchement réchauffé ce retour à la guerre froide.

Cette lettre, que L’Équipe s’est procurée, ressemble surtout à un gros coup de pression. Après avoir souligné d’entrée que « la Fédération vous (la Ligue) délègue par convention l’organisation des compétitions professionnelles» et rappelé que « l’excellence de nos relations nous a amenés à sceller une convention couvrant la période 2023-2027 », Dullin réclame des explications après la décision de la Ligue de se porter, à nouveau, partie civile lors du procès en appel impliquant Bernard Laporte. « Par ce courrier, nous vous demandons expressément de nous expliquer plus avant votre position, le fondement de cet appel et nous indiquer par retour, si la décision d’interjeter a été prise par votre bureau ou le cas échéant par une autre instance », peut-on lire. En gras, pour mieux appuyer le discours.

Cette lettre, datée du 11 janvier, revêt un culot monstre quand on se souvient ce que s’est permis la FFR face à son ministère de tutelle avant de finalement courber l’échine. Dire qu’elle a été mal accueillie est un euphémisme, y compris par Bouscatel lui-même. Un président conclut : « C’est un peu comme si on vous disait « fermez vos gueules », mais à terme ça va être un peu plus compliqué de fermer la gueule à un certain nombre de types… » 

(1) Une consultation ouverte à tous les clubs se tiendra entre le lundi 23 janvier midi et le jeudi 26 janvier midi, par voie électronique, afin de décider si Patrick Buisson, candidat proposé par Bernard Laporte, obtient la majorité nécessaire pour devenir président délégué de la FFR.

 

Je me marre.

Je n'ai absolument aucune surprise à lire tout cela.

Et encore, on n'a pas toutes les infos sur cette mafia. Ca devrait sortir à plus ou moins long terme.

 

J'espère également que personne dans le monde du rugby n'est surpris.

Vous avez voulu que des truands vous dirigent, vous les avez.

C'était quoi la phrase de Bernie pendant sa 1ère campagne ? "Avec moi, si vous m'élisez, finis les copinages à la FFR !!" :pinch:

Modifié par Zuzu31
  • Haha 1
  • Upvote 1
Lien vers le commentaire
le zèbre aux courges
Il y a 6 heures, CoeurST a dit :

 

Source ??

 

Il y a 9 heures, Solex31 a dit :

L’article, paru ce jour dans l’équipe, relate de grosses dissensions entre les présidents de top14 concernant le comportement à adopter sur ce qui se passe du côté de la fédé…

 

Outre le fait que la grande majorité demande de nouvelles élections, ce qui semble bloquer est bel est bien ce qui ont la double casquette avec Laporte :  bouscatel, Lacroix….

 

il est bien expliqué dans l’article que la grogne monte, la cocotte minute va ps tarder à peter si ça conitues…

certains avancent même des pactes de fidélité avec l’instance… etc… etça

Temporise de l’autre côté…

 

Je suis un peu abasourdi, (pas encore dégoûté….) de l’attitude de notre président!

mais a quoi joue t’il ???

 

 

Lien vers le commentaire
il y a 40 minutes, le zèbre aux courges a dit :

 

 


Nous on attends impatiemment la chute de BL quand le zèbre il se délecterait de la chute de Lacroix comme quoi il en faut pour tout les goûts 

Lien vers le commentaire
Il y a 7 heures, le zèbre aux courges a dit :

Apparemment il faudrait dégager le stade toulousain :) ça ferait tâche.

 

il y a 22 minutes, le zèbre aux courges a dit :

 

 

 

Tu trouves des informations sur le ST dans l'article de l'Equipe ??

 

Il y a plein de personnes citées pour leurs comportements et dans le viseur de la justice (Laporte, Atcher, Rover, Mioch, Chabal...), j'en vois aucun du ST.

 

Si dans les clubs (Pros et amateurs) c'est tendu...  on peut peut-être le comprendre compte tenu des enjeux et de leur investissement, sans compter la CdM en fin d'année.

Jusqu'à preuve du contraire, aucun n'est complice de la bande à Laporte, pas plus au ST qu'au CA Brive.

 

 

Lien vers le commentaire
le zèbre aux courges
il y a une heure, CoeurST a dit :

 

 

Tu trouves des informations sur le ST dans l'article de l'Equipe ??

 

Il y a plein de personnes citées pour leurs comportements et dans le viseur de la justice (Laporte, Atcher, Rover, Mioch, Chabal...), j'en vois aucun du ST.

 

Si dans les clubs (Pros et amateurs) c'est tendu...  on peut peut-être le comprendre compte tenu des enjeux et de leur investissement, sans compter la CdM en fin d'année.

Jusqu'à preuve du contraire, aucun n'est complice de la bande à Laporte, pas plus au ST qu'au CA Brive.

 

 

Putain les mecs vous êtes tendus. J'avais mis le smiley pourtant. Solex dit que ce qui bloque au niveau des présidents c'est surtout bouscatel et lacroix. Donc je fais une blague en disant qu'ils doivent faire parti de la mafia pour être aussi prudents voire presque soutien de laporte et donc que si on fait le ménage ça va impacter le ST. Mais j'avais mis le smiley.

  • Upvote 2
Lien vers le commentaire
gegelerugbyman
Il y a 3 heures, le zèbre aux courges a dit :

Putain les mecs vous êtes tendus. J'avais mis le smiley pourtant. Solex dit que ce qui bloque au niveau des présidents c'est surtout bouscatel et lacroix. Donc je fais une blague en disant qu'ils doivent faire parti de la mafia pour être aussi prudents voire presque soutien de laporte et donc que si on fait le ménage ça va impacter le ST. Mais j'avais mis le smiley.

 

Non mais quelquepart tu as raison de le souligner. Lacroix semble freiner et être à contre courant des autres présidents, le papier de l'équipe précise bien « C’est probablement dû à un manque de courage, certains avaient fait un deal avec ces mecs-là et la FFR », selon un frondeur.

 

Le deal en cours avantage clairement le ST (financièrement). Lacroix voit que les interlocuteurs vont changer et potentiellement les €€€. Il ne faut pas s'en cacher, Lacroix est un proche de Laporte.

 

  • Merci 1
  • Triste 1
  • Upvote 1
Lien vers le commentaire
le zèbre aux courges
Il y a 3 heures, gegelerugbyman a dit :

 

Non mais quelquepart tu as raison de le souligner. Lacroix semble freiner et être à contre courant des autres présidents, le papier de l'équipe précise bien « C’est probablement dû à un manque de courage, certains avaient fait un deal avec ces mecs-là et la FFR », selon un frondeur.

 

Le deal en cours avantage clairement le ST (financièrement). Lacroix voit que les interlocuteurs vont changer et potentiellement les €€€. Il ne faut pas s'en cacher, Lacroix est un proche de Laporte.

 

Oui enfin je fais quand même la différence entre lacroix et Simon par exemple. Je faisais juste une exagération. Mais sans penser qu'il faut traiter de la même façon les complices et les soutiens ou du moins ceux qui hésitent sans trop savoir pourquoi.

Lien vers le commentaire
Il y a 7 heures, gegelerugbyman a dit :

 

Non mais quelquepart tu as raison de le souligner. Lacroix semble freiner et être à contre courant des autres présidents, le papier de l'équipe précise bien « C’est probablement dû à un manque de courage, certains avaient fait un deal avec ces mecs-là et la FFR », selon un frondeur.

 

Le deal en cours avantage clairement le ST (financièrement). Lacroix voit que les interlocuteurs vont changer et potentiellement les €€€. Il ne faut pas s'en cacher, Lacroix est un proche de Laporte.

 

Je ne sais pas si Lacroix est vraiment proche de Laporte, mais c'est surtout un pragmatique qui profite de l'occasion pour améliorer les finances du club.

Après l'un n'empêche pas l'autre.

Lien vers le commentaire
Il y a 7 heures, gegelerugbyman a dit :

 

Non mais quelquepart tu as raison de le souligner. Lacroix semble freiner et être à contre courant des autres présidents, le papier de l'équipe précise bien « C’est probablement dû à un manque de courage, certains avaient fait un deal avec ces mecs-là et la FFR », selon un frondeur.

 

Le deal en cours avantage clairement le ST (financièrement). Lacroix voit que les interlocuteurs vont changer et potentiellement les €€€. Il ne faut pas s'en cacher, Lacroix est un proche de Laporte.

 

 

Je ne pense pas qu'il soit un "proche" de Laporte (comme Bouscatel d'ailleurs, ça se saurait).

Ils essayent de passer au-dessus des personnes en place en mettant l'EDF prioritaire, surtout avec une CDM en France.

 

Ca me fait ch.er parce que, par ricochet, ça fait de la pub à cette mafia laportienne (et accessoirement, ça fragilise sportivement mon club).

Et ça c'est inadmissible.

On parle beaucoup de cette CDM en France, qu'elle va être bénéfique pour notre sport, mais jamais de la manière dont elle a été attribuée par exemple...

Ca, plus toutes les affaires, ce n'est pas possible de faire l'autruche.

Il faut les dégager (perso, j'étais davantage pour ne jamais les mettre aux commandes. Mais ça apparemment, les votants ne l'avaient pas imaginé...:rolleyes:)

  • Upvote 1
Lien vers le commentaire

Lacroix il est proche de ses intérêts pas de Laporte. On peut regretter qu’il y ait pas plus de morale mais il fait avec les mecs qui ont été élus. 

  • Upvote 2
Lien vers le commentaire
il y a une heure, Zuzu31 a dit :

 

Je ne pense pas qu'il soit un "proche" de Laporte (comme Bouscatel d'ailleurs, ça se saurait).

Ils essayent de passer au-dessus des personnes en place en mettant l'EDF prioritaire, surtout avec une CDM en France.

 

Ca me fait ch.er parce que, par ricochet, ça fait de la pub à cette mafia laportienne (et accessoirement, ça fragilise sportivement mon club).

Et ça c'est inadmissible.

On parle beaucoup de cette CDM en France, qu'elle va être bénéfique pour notre sport, mais jamais de la manière dont elle a été attribuée par exemple...

Ca, plus toutes les affaires, ce n'est pas possible de faire l'autruche.

Il faut les dégager (perso, j'étais davantage pour ne jamais les mettre aux commandes. Mais ça apparemment, les votants ne l'avaient pas imaginé...:rolleyes:)

J'espère qu'on saura un jour comment Laporte et sa clique ont obtenu la coupe du monde.

  • Upvote 2
Lien vers le commentaire
Il y a 5 heures, Zuzu31 a dit :

Je ne pense pas qu'il soit un "proche" de Laporte (comme Bouscatel d'ailleurs, ça se saurait).

Ils essayent de passer au-dessus des personnes en place en mettant l'EDF prioritaire, surtout avec une CDM en France.

Ben justement ça se sait.

Il n'y a qu'a se souvenir des dernières élections de la ligue. Face à MERLING, candidat en opposition frontale avec LAPORTE, il y avait TINGAUD, l'ancien d'Agen et soutien de Laporte.

Vu que sa candidature était clairement voué à l'échec, le clan Laporte a sorti BOUSCATEL de sa retraite pour le remplacer comme candida, avec les soutiens de LACROIX et surtout de LOMBARD dont personne ne peut prétendre que c'est un opposant à LAPORTE.

S'ils n'avaient été ne serait-ce que neutre dans l'histoire, ils ne se seraient pas lancé dans l'aventure.

 

Lien vers le commentaire
il y a 32 minutes, braucolduras a dit :

Ben justement ça se sait.

Il n'y a qu'a se souvenir des dernières élections de la ligue. Face à MERLING, candidat en opposition frontale avec LAPORTE, il y avait TINGAUD, l'ancien d'Agen et soutien de Laporte.

Vu que sa candidature était clairement voué à l'échec, le clan Laporte a sorti BOUSCATEL de sa retraite pour le remplacer comme candida, avec les soutiens de LACROIX et surtout de LOMBARD dont personne ne peut prétendre que c'est un opposant à LAPORTE.

S'ils n'avaient été ne serait-ce que neutre dans l'histoire, ils ne se seraient pas lancé dans l'aventure.

 

 

Je ne peux pas croire qu'un Bouscatel et un Lacroix soit pro-Laporte. Ou alors pour faire ch.er Novès.

Mais ce serait sacrément tordu et je n'y crois pas non plus.

On a souvent opposé Bouscatel et Novès alors qu'ils ont bossé 22 ans ensemble (!!!!!!) et également Novès et Lacroix alors que Guy avait poussé pour qu'il se présente à la présidence.

Ils ont des intérêts "communs" avec Laporte : la CDM en France. Ca s'arrête là à mon avis.

Et Galtoche a intérêt de la gagner, sinon ce sera la curée chez les présidents de Top14 qui lui ont déroulé le tapis rouge depuis des années.

Lien vers le commentaire

J'ai plus l impression que Lacroix n'est pas dans le calcul politique. 

 

Il fait sûrement son choix en fonction de ce qui lui paraît le plus favorable a l obtention du titre Mondial qui rejaillira  sur les joueurs et notamment sur énormément de joueurs Toulousain et donc sur le club .

 

On est sportivement dans une dynamique complètement positive avec l EDF .

 

Quand on voit comment les titres se jouent sur des détails , un changement de gouvernance est largement plus risqué que de maintenir le statu quo

Surtout vu les sacrifices qu a fait le club 

  • Upvote 1
Lien vers le commentaire
Il y a 22 heures, le zèbre aux courges a dit :

Putain les mecs vous êtes tendus. J'avais mis le smiley pourtant. Solex dit que ce qui bloque au niveau des présidents c'est surtout bouscatel et lacroix. Donc je fais une blague en disant qu'ils doivent faire parti de la mafia pour être aussi prudents voire presque soutien de laporte et donc que si on fait le ménage ça va impacter le ST. Mais j'avais mis le smiley.

 

Sorry, je n'avais pas vu ton smiley... à l'ancienne :).

 

Sinon, n'ayant pas vraiment de raison de stresser, je suis plutôt détendu. :biggrin:

Je relevais juste la facilité de certains, sur la base de très peu d'éléments concrets, à "mettre à cause" des personnes qui, à aujourd'hui, ne sont pas inquiétées par la justice, alors qu'à contrario elles font preuve d'une grande mansuétude à l'égard d'autres faisant l'objet d'une enquête ou ayant déjà été condamné en première instance.

Cà m'amuse plus que çà me tend... :P

 

 

Lien vers le commentaire
le zèbre aux courges
il y a 10 minutes, CoeurST a dit :

 

Sorry, je n'avais pas vu ton smiley... à l'ancienne :).

 

Sinon, n'ayant pas vraiment de raison de stresser, je suis plutôt détendu. :biggrin:

Je relevais juste la facilité de certains, sur la base de très peu d'éléments concrets, à "mettre à cause" des personnes qui, à aujourd'hui, ne sont pas inquiétées par la justice, alors qu'à contrario elles font preuve d'une grande mansuétude à l'égard d'autres faisant l'objet d'une enquête ou ayant déjà été condamné en première instance.

Cà m'amuse plus que çà me tend... :P

 

 

Pas de soucis. Sur le portable plus facile de taper :) que d'aller chercher les smileys :(

donc non je ne mets pas du tout lacroix et bouscatel dans le même sac que laporte et Cie. 

  • Merci 1
Lien vers le commentaire
Le 20/01/2023 à 09:35, Ardbeg a dit :

J'espère qu'on saura un jour comment Laporte et sa clique ont obtenu la coupe du monde.

comptes sur les Anglo-saxons pour vite le savoir. Leurs "torche-culs" (journaux) sont ds les starting bloc.

Lien vers le commentaire
il y a 56 minutes, daqcxv a dit :

Et allez tiens, une ch'tite question à la con:

heu ! Comment traduire Buisson en anglais ? Hein, mon cher Georges ? :censored

Boris Johnson.

 

De rien, ne me remercie pas. :P

  • Haha 1
Lien vers le commentaire

Qu'est ce que ça peut m'insupporter ces gus qui pleurent dans les medias en parlant de complot ou de gens méchants qui leur veut du mal par jalousie...

Mec, tu as été jugé par un tribunal, un juge.. des gens qui connaissent la loi. Donc tu es en tort. Donc tu fermes ta gueule. 

  • Upvote 6
Lien vers le commentaire
il y a 6 minutes, brayaud&#x27;s a dit :

Mec, tu as été jugé par un tribunal, un juge.. des gens qui connaissent la loi. Donc tu es en tort. Donc tu fermes ta gueule. 

 

Surtout que c'est pas un groupe de personne qui l'a mis en cause au tribunal

 

C'est l'Inspection du Travail et Le Parquet National financier ....

 

Il s 'en foutent eux d'une quelconque conspiration

  • Upvote 1
Lien vers le commentaire
Il y a 12 heures, Bota a dit :

https://www.rugbyrama.fr/2023/01/22/exclusif-pour-moi-cest-un-assassinat-claude-atcher-sort-du-silence-et-regle-ses-comptes-10943994.php

 

 

:lol:Je sais aussi combien ce fut une aubaine pour Rugby World Cup."

 

Le gars il accuse World rugby , dont le Vice president est celui qui l'a mis en place :nuke:

Mon ressenti, c'est que son interview est une plaidoirie. Tout est pesé par des pros à la virgule près. 

.

  • Upvote 1
Lien vers le commentaire

Atcher pense vraiment arriver à nous faire chialer ??!!? :o

 

Allez mon gars t'as 67 ans va t'occuper de ta femme ou de tes petits enfants et laisse ta place; T'as assez magouillé ou fait du mal comme ca.

  • Upvote 3
Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...