Il Faut Protéger Nos Meilleurs Joueurs

[Invité Xv-31]

Midi Libre : Nicolas Larrat, qu'est-ce qui a changé depuis votre arrivée à la tête de la "Fédé" en juillet dernier ?

Nicolas Larrat : Beaucoup de choses tant les chantiers sont nombreux au sein d'une "Fédé" en reconstruction. On s'est attelé à apporter plus de rigueur, à restructurer le mouvement, à fortifier son règlement, à revoir notre calendrier qui ne satisfait pas la majorité de nos clubs qui veulent revenir à la structure ancienne. A travailler à la mise en oeuvre d'une élite professionnelle.

Le treize peut-il "cloner" le quinze et jouer la carte d'une Ligue pro ?

Beaucoup de clubs le souhaitent - ils sont majoritaires - mais ne sont pas encore mûrs pour franchir le cap. Il existe aujourd'hui une commission fédérale qui est en charge de travailler à la mise en place d'une élite professionnelle. Il ne faut surtout pas brûler les étapes. Il y a une gestion sportive à rationaliser et une réelle volonté d'y arriver.

Et d'emboîter le pas de l'UTC ?

Il faut aider les Catalans à réussir leur révolution autant sportive que culturelle. La "Fédé" est un maillon fort. L'UTC doit réussir, ne pas décevoir les Anglais qui va l'inviter dans la prestigieuse Super-League. L'avenir du treize dans l'Hexagone tient aussi dans la réussite de l'UTC.

L'UTC qui écrase tout, le championnat est-il encore crédible ?

L'UTC est en tête. Invaincue, elle rafle tout. C'était prévisible. Il est difficile de lutter avec une équipe pro, forte d'une bonne légion étrangère et surtout d'une majorité d'internationaux. Mais sur un match, sur une finale tout reste possible.

Quel intérêt pour ses adversaires d'être mis en "quarantaine" chaque dimanche ?

L'UTC impressionne, c'est une évidence. Pia l'a tout de même accroché en coupe. Il faut que les autres s'en inspirent.

Les clubs audois - par exemple - se sont tous beaucoup renforcés mais pourquoi donc ils n'y arrivent pas ?

Lézignan qui a toujours une culture formatrice et qui joue la carte jeune doit prendre patience. Il y a beaucoup de passion au Moulin. Le FCL qui doit aussi se restructurer est sur la bonne voie. Carcassonne, c'est autre chose. L'ASC est plus décevante, le président Francis Camel a pris le taureau par les cornes et a remis de l'ordre au pied de la Cité. Ici, c'est plus une affaire d'hommes qu'autre chose mais il y a de la place pour faire un grand club comme à Limoux aux objectifs très ambitieux qui s'est un peu plus engagé vers un recrutement de joueurs étrangers. Je ne sais pas si c'est vraiment la bonne formule.

N'y a-t-il pas d'ailleurs beaucoup trop d'étrangers sur notre sol ?

Je le crois d'autant plus que nos clubs - hormis l'UTC - a des seconds choix. Je ne suis pas un chaud partisan à cette politique. J'aimerais d'ailleurs en limiter le nombre. On a de bons jeunes qui ne demandent qu'à jouer et à avoir du temps de jeu. Ce sera le vivier de la future équipe de France, autre chantier prioritaire

Où va justement l'équipe de France ?

Elle a tenu un bien meilleur rôle que celui de sparring-partner face à la Nouvelle-Zélande ou l'Australie face auxquelles où elle fut à deux doigts de créer la sensation et d'accrocher une grosse perf'. Elle a proposé plus d'envie, plus de rigueur, plus de discipline, plus de technicité.

La "patte "australienne Nick Aldous n'est sûrement pas étrangère ?

Il y a de cela. Nick Aldous est encore sous contrat jusqu'à fin mars. Il a fait du bon boulot au niveau de la détection. Notre encadrement technique doit bénéficier de l'effet Aldous.

Une bonne équipe de France peut-elle infléchir les médias à rouvrir leur écran sur le treize ?

Tout est lié. J'en suis pleinement convaincu alors qu'une tournée de notre équipe nationale aux Antipodes - cet été - est toujours d'actualité. La France plaît à l'Australie qui souhaite une confrontation annuelle. Pour séduire les médias, faut-il encore que leproduit soit de qualité, que l'enveloppe soit rutilante. Le treize ne joue pas dans la cour des grands, il faut s'en faire une raison. Mais il vit.

Il vit avec une élite en reconquête, une belle génération. Mais n'avez-vous pas peur d'une fuite de meilleurs joueurs vers le quinze ?

On a toujours peur d'un pillage de nos valeurs sûres qui ne peuvent pas être insensibles aux sollicitations financières.

Comment contrer les quinzistes ?

L'avocat que je suis s'est vite penché sur ce que je considère comme une priorité. Depuis mon entrée en présidence, je réfléchis à quel cadre juridique mettre en place pour contrer un éventuel pillage. Il est impératif de protéger nos meilleurs joueurs. Profiter de la professionnalisation que nous voulons mettre en place pour retenir notre élite. On ne va se mettre à former de bons jeunes joueurs pour se les faire piquer par la maison d'en face qui nous fera aucun cadeau. J'y veillerai.

Propos recueillis par Daniel JACO

Midi Libre