Aller au contenu

Michalak "Talent épinglé"


Miss_ST

Messages recommandés

Frédéric Michalak, talent épinglé

David Reyrat

Le Figaro

CINQ ANS, jour pour jour. Le 9 juin 2001, le talent d'un gamin de 18 ans éclatait au grand jour. Sa classe, sa maîtrise, ses trois pénalités longue distance. Un récital au poste de... demi de mêlée pour un nouveau (le seizième) sacre du Stade Toulousain. Cinq saisons se sont écoulées. Depuis ce succès, 34 à 22 face à Clermont, les Rouge et Noir, partis à la conquête de l'Europe, n'ont plus soulevé le bouclier de Brennus. Et Frédéric Michalak est devenu une star.

Il a beau s'en défendre. Répéter, hurler, que ce n'est pas le cas, qu'il n'est pas le Zidane du rugby, personne n'y prête attention. La Coupe du monde 2003 est passée par là, bouleversant son destin. Le gamin, parfois hâbleur mais toujours grand coeur, est devenu l'idole des demoiselles, le chouchou des jeunes, le génie des Bleus. À son retour d'Australie, les unes sportives le disputent aux unes glamour pour le transformer en icône. Belle gueule, moue canaille, diamants sur chaque oreille, «Fred» rallie tous les publics.

Logiquement séduit par cette notoriété, Frédéric Michalak en profite. Avant de vite déchanter. Trop tard. La machine est emballée. Son image, surexposée, finit par se brouiller. Dans les travées des stades, les éternels bougons imputent sa moindre erreur à ses rares, mais très médiatisées occupations extrasportives. Même Bernard Laporte en prend ombrage et le relègue sur le banc durant tout le Tournoi 2005.

Mais l'ouvreur a du caractère, une humilité rare, héritage d'une famille modeste, mère femme de ménage et père maçon, et, surtout, du talent. Michalak le joueur reprend le dessus sur «Fred» le beau gosse. Sauf que les envieux l'attendent au tournant. Quelques coups de pied ratés et les sifflets se déchaînent au Stade de France, lors d'un match du Tournoi des six nations contre l'Italie, le 25 février dernier.

«Voilà le risque d'une trop grande médiatisation, soupire le Toulousain. Le public attend tellement d'un joueur qu'il ne le supporte plus. Je n'en veux pas au public. Je comprends qu'il espère, chaque fois, que je vais faire de merveilles. Mais ce n'est pas toujours possible.» Un sourire triste ponctue le constat.

Il veut trop bien faire

Les critiques l'ont affecté plus qu'il ne veut le reconnaître. «Il les a prises de plein fouet. Mentalement, il est costaud, mais tout cela a fini par le perturber. N'oublions pas qu'il n'a que 23 ans», rappelle Bernard Laporte. Son erreur fatale en quarts de finale de Coupe d'Europe, cette passe interceptée qui a précipité l'élimination du Stade Toulousain face aux Irlandais du Leinster, puise son origine dans ce trouble. Michalak veut trop bien faire.

«On attend beaucoup de moi. Et c'est normal, car j'occupe un poste important. Je suis celui qui doit apporter aux autres, qui doit mettre ses coéquipiers dans les meilleures situations possibles. Mais je ne peux pas tout faire. Si j'arrive à accomplir de bonnes choses, ce n'est jamais tout seul. C'est avant tout grâce à mes partenaires.» Un sens du collectif qui lui vaut leur soutien. Jean-Baptiste Elissalde se lance dans un vibrant plaidoyer pour son compère de charnière. «Frédéric, c'est le coéquipier idéal. Il peut louper cinq passes ou cinq coups de pied, il ne s'enlèvera jamais. Il donnera tout ce qu'il a. Son investissement est irréprochable. Il incarne les valeurs du rugby.» Le demi de mêlée toulousain pèse ses mots. «Il n'y a pas photo. C'est le meilleur. Mieux vaut l'avoir avec soi que contre soi.»

Ces témoignages ont aidé Frédéric Michalak à se relever. «Moralement, il va mieux», confirme Guy Novès. L'entraîneur toulousain avance aussi une autre explication. «Depuis six semaines, il est enfin épargné par les blessures. Il peut de nouveau s'entraîner tous les jours et ça se ressent. Il se rapproche petit à petit de son vrai niveau.» Le travail paye. Ce dont le prodige aux 42 sélections n'a jamais douté. «Chaque jour, je me remets en question. Je suis encore en pleine évolution. Je sais que mon bagage n'est pas encore complet.» D'un sourire, il rejette l'étiquette de génie. «Je commets encore beaucoup d'erreurs. Le jour où j'arriverai à les gommer et à ne faire que du génie, je serai heureux.»

Ses partenaires n'attendent pas cette perfection pour croire en lui. «Joueur d'instinct, il peut faire gagner son équipe à tout moment, apprécie Fabien Pelous. Il ne faut surtout pas le changer, lui enlever sa créativité. «Fred» ne doit pas perdre sa spontanéité et continuer à prendre des risques.» C'est ainsi que, samedi, il offrira peut-être le bouclier de Brennus au Stade Toulousain.

Le figaro

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...