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Une histoire belge... pas franchement drôle


nikos

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Quand une fiction révèle l'angoisse des Belges devant l'avenir

BRUXELLES (Reuters) - L'émotion provoquée en Belgique par la diffusion d'un programme télévisé annonçant, comme si c'était vrai, l'indépendance de la Flandre illustre les craintes réelles des Belges pour la pérennité de leur pays.

La télévision publique RTBF a frappé très fort mercredi soir en interrompant ses programmes pour annoncer que le parlement flamand avait déclaré l'indépendance cette région, en bisbille avec les francophones depuis pratiquement un demi-siècle.

Pendant plus de 30 minutes, les téléspectateurs ont pu croire qu'il s'agissait de la réalité, avant l'apparition d'un bandeau où l'on pouvait lire les mots: "Ceci est une fiction."

"L'heure est grave", soulignait, crépusculaire, le présentateur habituel du journal télévisé, François de Brigode.

De son plateau, il contactait en direct les journalistes de la RTBF sur le terrain et interrogeait des hommes politiques qui s'étaient piqué au jeu de la télé-réalité politique.

A Anvers, une ville ou le parti indépendantiste flamand Vlaams Belang avec le slogan "België Barst!" (Belgique crève!") obtient un tiers des voix, des dizaines de milliers de nationalistes fêtaient l'événement de manière enthousiaste - des images d'archives tirées d'une célébration footbalistique.

Devant le palais royal, une poignée de figurants jouant les partisans de la Belgique unie agitaient des drapeaux belges afin de manifester leur fidélité au roi Albert II parti en exil pour une destination censée être l'ex-Congo belge.

AVIONS DÉTOURNÉS

Les avions qui devaient atterrir à Bruxelles étaient détournés sur Liège, Charleroi au Düsseldorf; d'immenses bouchons s'étaient créés autour de Bruxelles, des milliers de voitures - francophones? - essayant de quitter la Flandre.

Le gouvernement était réfugié dans l'Atomium, les parachutistes sautaient sur la RTBF et faisaient exploser la tour au sommet de laquelle sont posées les antennes satellites.

Des agents de police recevaient l'ordre de patrouiller le long de la frontière et d'exiger des passeports flamands.

Enfin, confirmation finale, les Etats-Unis reconnaissaient le nouveau pays créé sur la moitié Nord de la Belgique.

Sur le plateau, les politiques réagissaient.

"Il nous reste l'Europe", affirmait le socialiste wallon José Happart, un des rares francophones de Belgique à ne pas craindre l'éclatement de la Belgique.

Jean-Marie Dedecker, un nationaliste qui s'est fait exclure du parti libéral du Premier ministre Guy Verhofstadt pour son radicalisme, jubilait: "Mon rêve ultime s'est réalisé."

Les réactions ont été très vives à la fois dans les milieux politiques, dans les médias et dans la population.

"A un moment où notre pays est secoué par des volontés séparatistes, il est irresponsable et incivique de faire croire que les Flamands ont voté leur indépendance", a déclaré le ministre-président de la Wallonie et président du PS, utilisant à peu près les mêmes mots que Guy Verhofstadt.

L'administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, a d'ailleurs des soucis à se faire, puisque le conseil d'administration de sa chaîne est dirigé par les partis politiques francophones, qui ont tous très mal réagi.

89% DES FRANCOPHONES Y ONT CRU

Il a été convoqué jeudi par sa ministre de tutelle pour obtenir des explications sur l'émission qui, selon la vice-première ministre socialiste Laurette Onkelinx, ulcérée, pose de graves problèmes déontologiques.

Si les concepteurs de l'émission se sont inspirés de la Guerre des mondes, le canular historique d'Orson Welles qui, en octobre 1938, avait annoncé à la radio américaine l'invasion de la Terre par des Martiens et déclenché un mouvement de panique, ils oublient en effet deux différences majeures.

L'émission avait été précédée d'un avertissement, la panique étant provoquée par les auditeurs qui l'avaient prise en cours, et Orson Welles était un acteur, pas un journaliste.

Les médias sont eux aussi très majoritairement critiques, même si le débat divise les rédactions, y compris à la RTBF.

Le quotidien Le Soir publie jeudi deux éditoriaux, l'un pour ce féliciter d'une émission qui provoque un "choc salutaire", l'autre pour dénoncer le procédé "affolant de bêtise".

La population francophone a réagi avec inquiétude - et même de nombreuses ambassades sont venues aux nouvelles - puis avec colère quand elle a appris qu'il s'agissait d'un canular.

Le site Internet et la rédaction de la RTBF ont été assaillis de milliers d'appels et d'e-mails peu amènes pour une chaîne de service public qui met l'information en scène.

Mais la véritable leçon est que 89% des téléspectateurs de la RTBF interrogés au début de l'émission y ont cru.

Il est vrai que la possibilité pour la Flandre de devenir indépendante n'a rien d'une vue de l'esprit dans un pays où un quart de l'électorat flamand vote pour la Vlaams Belang, tandis que les démocrates-chrétiens, crédités de 32% des voix dans les derniers sondages, prônent le confédéralisme.

Les Francophones craignent les négociations qui suivront les législatives de 2007, les thèses séparatistes trouvant un écho grandissant dans une Flandre prospère qui considère la Wallonie, beaucoup moins riche, comme un frein au développement et un gouffre pour les finances publiques

Le ministre-président de la Flandre, Yves Leterme, qui a toutes les chances de succéder à Verhofstadt s'est d'ailleurs montré très fâché qu'une "institution financée par l'argent public" veuille "monter les Wallons contre les Flamands"

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D'un autre coté, si on fait la même chose du pays basque, on prend tout de suite :pinch::crying::pinch:

Plus sérieusement, enfin une télé d'état qui ose lever un tabou majeur en Belgique et lancer le débat sur un sujet éminement important là-bas. C'est pas en France que l'on aurait ce genre de chose sur une télé publique de surcroit...

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D'un autre coté, si on fait la même chose du pays basque, on prend tout de suite :pinch::crying::pinch:

Plus sérieusement, enfin une télé d'état qui ose lever un tabou majeur en Belgique et lancer le débat sur un sujet éminement important là-bas. C'est pas en France que l'on aurait ce genre de chose sur une télé publique de surcroit...

Je suis tout à fait d'accord avec toi sur le fait que cette émission à eu le mérite de mettre en lumière un problème très important de la société belge en secouant un peu le cocotier. De ce côté-là, ça ne peut être que bénéfique.

Maintenant, je mettrais un petit bémol sur la forme. a trop vouloir faire du docu-fiction, on mélange les deux. La fiction était peut-être dans un cadre trop réaliste (même présentateur, même hommes politiques, même format, même décor...).

Il faut prendre garde de ne pas trop renouveler ce genre de procédé pour éviter les trop grandes confusions.

Maintenant dans ce cas précis, cela se justifie une fois (sans mauvais jeux de mots)

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Maintenant, je mettrais un petit bémol sur la forme. a trop vouloir faire du docu-fiction, on mélange les deux. La fiction était peut-être dans un cadre trop réaliste (même présentateur, même hommes politiques, même format, même décor...).

Je suis d'accord que le format peut choquer mais cela est aussi une réalité des médias : prends le journal de France2 ou TF1, ils auraient balancé un truc énorme type le président a dissous l'assemblée et imposé la loi martiale (ce qui est constitutionnellement totalement réalisable) et bien tout le monde y aurait cru également, l'info aurait été relayé par tous les médias immédiatement (et d'autant plus avec Internet) et les phénomènes constatés en Belgique auraient été identiques

Il y a 2 aspects importants dans cette affaire :

- le problème politique

- la fiabilité des médias dans leur ensemble et de la télévision en particulier

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