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Business Exubérant Autour Des Clubs Anglais


Invité Xv-31

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Invité Xv-31

Un universitaire analyse la vague de rachats d’équipes par des magnats étrangers.

Ruée sur le foot anglais.

Après l’arrivée du très controversé Thaïlan­dais Thaksin à la tête de Manchester City (lire page 20), un milliardaire sud-africain, Johann Rupert, appuyé par le propriétaire de la franchise de foot américain des Miami Dolphins, Wayne Huizenga, lorgne Blackburn. Une grosse fortune de Hongkong, Carson Yeung, souhaiterait racheter Birmingham City. Le forcing de Stan Kroenke, autre magnat américain, pour augmenter sa part dans le capital ­d’Arsenal, a eu raison des réticences des dirigeants des Gunners. A l’arrivée, plus de la moitié des clubs anglais de première division pourraient donc passer dans les mains d’investisseurs étrangers, contre trois il y a un an (Fulham, Chelsea et Manchester United). Décryptage avec Geoff Pearson, directeur des études du MBA «football industries», de l’université de Liverpool.

Pourquoi le football anglais suscite-t-il autant de convoitises ?

Personne ne sait. D’autant que l’emballement est hallucinant. On peut comprendre l’appétit d’investisseurs pour des monuments comme Manchester United (MU), Liverpool, Arsenal, avec en ligne de mire l’idée d’un investissement juteux. Mais de là à se prendre de passion pour Manchester City ou West Ham ou Blackburn. Et encore, à ce jour, un seul club dégage de réels profits : Manchester United. Les nouveaux entrants tablent sur la hausse du prix des billets, le merchandising, et surtout sur l’augmentation des droits de télévision, renégociés l’an passé et qui culminent à plus de 4 milliards d’euros sur trois ans.

La clé, c’est l’image, le sport spectacle, donc les droits télés ?

Plus de 200 pays s’arrachent les droits de la Premier League. Et les grands clubs, MU et Liverpool en tête, militent pour négocier les leurs individuellement, ce qui pourrait leur permettre de doubler leurs rentrées. Les autorités n’ont pas donné leur feu vert, mais lâchent du lest. Le vainqueur du prochain championnat devrait empocher plus de 100 millions d’euros, près de deux fois ce que Chelsea a ­récolté lors de la saison 2005-2006. La moyenne des gains par club s’élèvera à près de 60 millions d’euros.

Reste que Manchester United, ex-n° 1, pointe désormais au 4e rang du classement des clubs européens les plus riches.

C’est conjoncturel. Les nouveaux propriétaires des clubs anglais en profitent pour opérer une réduction des coûts de fonctionnement, un contrôle des transferts et une commercialisation agressive de la marque. Ainsi le cabinet d’affaires Deloitte vient de calculer que les clubs de la Premier League pesaient pour un quart des 13 milliards d’euros générés par le marché européen du foot. Ce n’est pas un hasard si 8 clubs anglais figurent dans le top 20 des clubs les plus importants financièrement la saison passée.

Y a-t-il une bulle spéculative qui se forme autour du foot anglais ?

Il y a une exubérance un peu délirante, d’autant que les investisseurs achètent le plus souvent à crédit et spéculent sur la revente, comme la famille Glazer, qui a emprunté 80 % du 1,2 milliard d’euros sorti pour racheter MU.

Va-t-elle exploser ?

Cela fait dix ans qu’on le dit. Le prix des tickets a atteint des limites : plus de 1 200 euros l’abonnement annuel à Arsenal, record national. Sans parler de l’obligation d’acheter, désormais, les autres matchs : Cup, Ligue des champions. Ce qui revient à filer votre numéro de carte de crédit au club. Le ticket coûte en moyenne 60 euros à Manchester depuis le rachat par la famille Glazer, contre 50 auparavant. Il y a une sorte de collusion informelle entre nouveaux investisseurs pour que cela se poursuive.

Le foot est-il plus que jamais une marchandise comme les autres ?

Non. Le libre marché ne peut pas tout résumer. Chaque club est, de facto, un monopole, et doit être régulé. Le foot est certes l’archétype de la dérégulation depuis l’arrêt Bosman, mais l’absence totale de gouvernance est alarmante. Les fédérations défendent d’abord la loi du cash avant celle du sport. Alors qu’elles devraient pousser soit à limiter le prix des places, soit à aider les fans les plus populaires à payer leur abonnement. Elles deviennent une caisse enregistreuse. Pour rentabiliser la rénovation de Wembley - plus d’un milliard d’euros - la FA (Football Association) n’a pas hésité à faire payer 140 euros le prix pour la finale de la Cup - 15 eu­ros le programme - et compte, désormais, y faire jouer les demi-finales. Les autorités sportives deviennent à la fois juge, arbitre et businessmen. Le tout avec l’aval du gouvernement, qui empoche 1 milliard d’euros de taxes annuelles du foot pro anglais.

Pourtant, les fédérations ont tout à perdre de la création d’un championnat européen regroupant les clubs les plus riches, comme menace de l’organiser le G14, au sein duquel ils sont regroupés.

Cette superligue européenne a été proposée en 1998. Elle arrivera bientôt, c’est inévitable. L’argent finira par balayer les réticences des clubs qui proclament encore leur attachement pour leur championnat national. On commencera par la jouer l’été, par exemple. Le dernier rempart, ce sont les supporteurs. Ce sont eux qui ont la clé. Les télévisions payeront-elles pour diffuser des matchs dans des stades vides ? Mais, à part le boycott orchestré par des fans de Manchester United qui ont formé leur propre club (le FC United of Manchester), les supporteurs, fascinés par la perspective de voir couler le cash, n’ont pas bronché. L’époque des mécènes qui s’achetaient une passion, façon Jack Walker, qui a mis toute sa fortune pour voir les Blackburn Rovers gagner le championnat avant de mourir une fois le titre en poche, est révolue. Place au foot business.

Losson Christian

http://www.liberation.fr/actualite/sports/263611.FR.php

© Libération

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Oui j'étais au courant des rachats en cours. Beh on arrive bientôt au sommet du sport pro (en Europe) avec des franchises, bien que je n'y crois pas.

Toutes proportions gardées, le rugby va aller dans le sens (Cf championnat anglais sans descente, ligue celtique) ; le cahier des charges va être de plus en plus important pour les clubs éliminant certains (je ne pense pas à mon club particulièrement). Avec l'effet CM2007, les choses vont s'accélérer.

Tout çà, je l'avais senti et dit a peu près au moment du vote de la poule unique. J'étais contre mais pas absolument, mais dans ce cas, allons vers un format à 12 comme tout le monde, pour le bien de nos joueurs (calendrier) et tant pis pour Agen, et après demain Biarritz.

Pour finir, au moins dans le foot comme dans le rugby (d'après demain), on aura un championnat plus exitant : incertitude (voir ma signature), sport spectacle, etc.

D'ailleurs, j'ai appris qu'en NBA, le palmarès était de 4 ou 3 titres maxi pour les Chicago, San Antoinio, Boston (je crois). C'est que je rêve pour les sports européens (voir ma signature), après de quelle façon ? C'est lassant de voir toujours les mêmes gagner tout sport confondu sauf quand le sportif ou le club bénéficie d'une génération exceptionnelle (les Bulls et Spurs en NBA, Béziers en rugby, etc.).

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