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Les Elissalde, La Mêlée Dans Le Sang


Xv-31

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Chez les Elissalde, être demi de mêlée se transmet de père en fils.

Sélectionné pour la Coupe du monde, Jean-Baptiste, 29 ans, est l'héritier pudiquement couvé par Jean-Pierre, son père, et Arnaud, son grand-père.

Dernier de la lignée, Jean-Baptiste, dont le grand-père maternel Laurent Bidart a aussi été international, a perpétué la tradition en revêtant le maillot tricolore à l'âge de 23 ans.

Après avoir éclairé un temps le rugby japonais, Jean-Pierre, 53 ans, est désormais manager de l'Aviron Bayonnais. Ancien demi de mêlée aux cinq sélections, il suit pas à pas les capes de son aîné.

"Entre nous, il y a beaucoup de complicité. Nous sommes dans une relation assez fusionnelle. Au fil de notre passion partagée, les liens se sont croisés, tissés et se sont ferrés. Quelque part, nous n'avons plus vraiment besoin de nous parler pour nous comprendre."

"D'ailleurs, je dis tout le temps 'nous'. Même quand nous étions tous les deux tous seuls de notre côté, nous étions toujours ensemble. Loin des yeux, nous ne sommes jamais loin du coeur. Même à distance, je ressens énormément ce que Baptiste doitressentir", remarque-t-il.

Pudique, Jean-Pierre ne peut cependant pas dissimuler sa fierté lorsqu'il évoque son héritier "encore plus réservé que moi". Pendant cinq ans, il fut même son entraîneur à La Rochelle.

"Depuis le début, tout ce que nous vivons est multiplié par deux: les bons moments comme les mauvais. Résultat, tout ce qui touche Baptiste prend une dimension particulière pour moi, difficile à exprimer."

Jean-Pierre Elissalde décela rapidement de la graine de tricolore dans les gestes de son fils.

"Dès son plus jeune âge, il était meilleur que moi. Lui avait le talent donc, une forte probabilité de jouer un jour en bleu. A ses vrais débuts, ses 68 kg le faisaient passer pour une crevette mais sa maturité a vite compensé sa fragilité physique", se souvient-il. Au-delà des échanges fréquents de SMS, le père accompagne le fils "par une quotidienne pensée" et "en lui répétant sans relâche que rien n'est fait, qu'il doit toujours et encore travailler".

Plus que le maillot tricolore ou la sélection pour la Coupe du monde, le papa fond devant la chistera de celui qu'il voit "toujours comme un petit enfant". Inspirée du mouvement de balancier des pelotari, cette longue passe vissée fascine ce père basque, qui

ne parvient toujours pas à la réussir malgré un entraînement encore intensif. "A chaque fois que je le vois la réaliser, je tombe de cul. Symbole d'un héritage culturel, je la vis très fortement. Comme le chant et la force, elle vient de notre peuple."

Au fil d'un parcours maîtrisé et sans esbroufe, Jean-Baptiste a effectué ses premiers pas de rugby à La Rochelle, où il est né. Désormais au Stade Toulousain, il n'a encore jamais défendu les couleurs basques.

Jean-Baptiste fait aussi la fierté de son grand-père Arnaud, 81 ans, chez lequel il a vécu une partie de son enfance. "Avoir le petit m'a permis de connaître les joies de la paternité. A cause de ma passion dévorante pour le rugby, je n'ai pas vu grandir mes deux fils", avoue ce Basque installé à La Rochelle, où il fut poissonnier. Une seule fois international militaire - "remplaçant donc autant dire que je n'ai pas joué parce qu'à l'époque un remplaçant restait vissé sur le banc" - Arnaud Elissalde est fils de Georges, un ancien talonneur.

Arnaud débute à Bayonne mais s'épanouit à La Rochelle, "comme demi et un peu homme à tout faire". Il donnera 36 ans de sa vie au jeu, dont 15 en première division sans le regret d'avoir manqué le maillot au coq.

"Pour moi, la suprême récompense, le vrai maillot bleu, est d'avoir la possibilité de jouer tous les dimanches le plus longtemps possible", assure-t-il. Aujourd'hui, tous les pas de son Baptiste lui donnent les larmes aux yeux. Après tous ses dîners, il jette un oeil sur les cassettes "du brave gosse", ses mi-temps en bleu ou en rouge et noir. Alors, "Nono" retrouve ses 20 ans dans l'ombre de son international de petit-fils. "Quand je le vois bien jouer au rugby, c'est-à-dire savoir faire jouer les autres, avoir profondément cette volonté de bien faire jouer l'autre, je suis le plus heureux des hommes."

Sophie Greuil

© Reuters 2007.

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