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Les Anglais Ne Paient Pas Leurs Joueurs Sur L’ongle


Cyril

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Les clubs anglais ne paient pas leurs joueurs rugby sur l’ongle

Les clubs anglais ne paient pas leurs joueurs rugby sur l’ongle

Patriotisme. La fédé anglaise dénonce le départ d’internationaux pour la France.

LONDRES, de notre correspondant JEAN-HÉBERT ARMENGAUD

Ça n’est pas un oukase, mais ça y ressemble. Il émane de la Fédération anglaise de rugby (RFU) sous forme d’une lettre envoyée la semaine dernière à l’ensemble des internationaux pour leur faire passer l’envie de voir du pays, ou de demander l’exil sportif et financier à l’étranger, et particulièrement en France. Si, légalement, la RFU ne peut retenir ces joueurs sur les pelouses anglaises ni les sanctionner en cas de départ, son message est assez clair : entre une carrière à l’étranger et la sélection sous le maillot de la Rose, il faudra choisir. Désormais, les hommes qui évoluent en Premiership seront prioritaires parmi les postulants au XV national. Une initiative qui intervient après les cris d’alarme de l’ancien demi d’ouverture Rob Andrew et de Martin Johnson, le sélectionneur de l’équipe qui vient de terminer à la deuxième place du Tournoi des six nations.

«Exode». Les causes de cette fuite des crampons sont simples. En Angleterre, les stades se vident à cause de la crise. «Actuellement, les supporteurs sont assis sur leur portefeuille», soupire de façon imagée le directeur général de la RFU, Francis Baron. Les comptes des clubs, qui dépendent aux trois quarts des ventes de tickets, sont plombés. Et ils ont du mal à retenir leurs meilleurs joueurs qui passent à l’ennemi juré, la France, pour quelques poignées d’euros en plus.

Globalement, les 12 clubs qui composent la Premiership devraient perdre entre 15 et 25 millions d’euros cette saison, selon les calculs de la presse anglaise. La crise est telle qu’une solution radicale a même été un temps envisagée : suspendre le système de la relégation, pour empêcher les clubs les plus fragiles de tomber financièrement en vrille. Actuellement en queue de classement, Bristol a ainsi annoncé récemment plus d’un million d’euros de pertes, après une baisse de 20 % de ses ventes de billets. Plus haut dans le classement, Bath a aussi prévu une saison financièrement catastrophique, plus de 800 000 euros de pertes, soit 10 % de son chiffre d’affaires.

Les meilleurs joueurs anglais suivent désormais avec attention le cours de la livre sterling. La monnaie britannique se casse la gueule, - 30 % en 2008 par rapport à l’euro. A salaire égal, c’est un tiers de revenus supplémentaire pour ceux qui choisissent de franchir le Channel. «L’exode vers la France», a titré la presse anglaise après l’annonce simultanée du départ prochain de trois internationaux des Wasps de Londres : James Haskell et Tom Palmer vers le Stade français, Riki Flutey vers Brive. Les stars Jonny Wilkinson et Danny Cipriani songeraient aussi à l’exil - le premier est en négociations avec Toulon. Une petite révolution dans le rugby anglais, où, à part l’ouvreur Andy Goode parti à Brive l’an passé, aucun international n’évolue à l’étranger. «Tels qu’évoluent l’euro et la livre sterling, l’argent est en France, grince le manager des Wasps, Ian McGeechan. Si un type veut jouer pour de l’argent, c’est son affaire, mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose pour le rugby anglais.»

La maudite monnaie européenne n’est pas seule en cause. Berceau à la fois du libéralisme et du rugby amateur, l’Angleterre se débat dans ses contradictions : la fédération impose toujours un plafond sur la masse salariale - pas plus de 4 millions de livres annuelles par club (environ 4,3 millions d’euros). L’idée est de tenter d’éviter les dérives du foot. L’an dernier, c’était 3 millions. Il a fallu augmenter la somme. Mais combien de temps la règle tiendra-t-elle ? «Le plafond salarial devra sauter, c’est inévitable», balançait récemment Allan Robson, le directeur général des Saints de Northampton, un club riche puisqu’il affichait la saison dernière… 9 284 livres de bénéfices. «Nous sommes en concurrence avec l’étranger, ajoutait-il. Northampton et Leicester sont les deux plus grands clubs, financièrement parlant, mais même nous, nous ne sommes rien comparés à la France et les budgets de ses clubs.» A ce rythme, écrit le Guardian, «Martin Johnson devra bientôt aller chercher les deux tiers de son XV de départ dans les cafés français, où ils seront en train de siroter leur pastis.»

«Mercenaires». L’affaire ne fait pas rire tout le monde. La presse s’en est pris aux trois «mercenaires» qui partent pour des clubs «cosmopolites». Le Daily Telegraph affirme, sur un ton désapprobateur, que le troisième ligne James Haskell part «pour un salaire de 250 000 à 300 000 livres». Si la fédé anglaise dément vouloir bannir les fuyards, elle a rappelé aux expatriés les règles imposées aux internationaux, notamment sur leur disponibilité. Quant aux soi-disant mercenaires, ils en sont peu ou prou à se défendre d’être des traîtres à la patrie. «Comment peut-on dire que mon transfert est dû à l’argent ? dit James Haskell. Personne ne sait quel est mon contrat, et croyez-moi les sommes évoquées sont fantaisistes. La vérité est autre: je veux pouvoir apprendre de l’expérience d’autres grands joueurs. Partir au Stade français ne fera pas seulement de moi un meilleur joueur, mais aussi un meilleur joueur pour l’Angleterre.»

«Martin Johnson devra bientôt aller chercher les deux tiers de son XV de départ dans les cafés français, où ils seront en train de siroter leur pastis.»

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Patriotisme. La fédé anglaise dénonce le départ d’internationaux pour la France.

LONDRES, de notre correspondant JEAN-HÉBERT ARMENGAUD

Ça n’est pas un oukase, mais ça y ressemble. Il émane de la Fédération anglaise de rugby (RFU) sous forme d’une lettre envoyée la semaine dernière à l’ensemble des internationaux pour leur faire passer l’envie de voir du pays, ou de demander l’exil sportif et financier à l’étranger, et particulièrement en France. Si, légalement, la RFU ne peut retenir ces joueurs sur les pelouses anglaises ni les sanctionner en cas de départ, son message est assez clair : entre une carrière à l’étranger et la sélection sous le maillot de la Rose, il faudra choisir. Désormais, les hommes qui évoluent en Premiership seront prioritaires parmi les postulants au XV national. Une initiative qui intervient après les cris d’alarme de l’ancien demi d’ouverture Rob Andrew et de Martin Johnson, le sélectionneur de l’équipe qui vient de terminer à la deuxième place du Tournoi des six nations.

«Exode». Les causes de cette fuite des crampons sont simples. En Angleterre, les stades se vident à cause de la crise. «Actuellement, les supporteurs sont assis sur leur portefeuille», soupire de façon imagée le directeur général de la RFU, Francis Baron. Les comptes des clubs, qui dépendent aux trois quarts des ventes de tickets, sont plombés. Et ils ont du mal à retenir leurs meilleurs joueurs qui passent à l’ennemi juré, la France, pour quelques poignées d’euros en plus.

Globalement, les 12 clubs qui composent la Premiership devraient perdre entre 15 et 25 millions d’euros cette saison, selon les calculs de la presse anglaise. La crise est telle qu’une solution radicale a même été un temps envisagée : suspendre le système de la relégation, pour empêcher les clubs les plus fragiles de tomber financièrement en vrille. Actuellement en queue de classement, Bristol a ainsi annoncé récemment plus d’un million d’euros de pertes, après une baisse de 20 % de ses ventes de billets. Plus haut dans le classement, Bath a aussi prévu une saison financièrement catastrophique, plus de 800 000 euros de pertes, soit 10 % de son chiffre d’affaires.

Les meilleurs joueurs anglais suivent désormais avec attention le cours de la livre sterling. La monnaie britannique se casse la gueule, - 30 % en 2008 par rapport à l’euro. A salaire égal, c’est un tiers de revenus supplémentaire pour ceux qui choisissent de franchir le Channel. «L’exode vers la France», a titré la presse anglaise après l’annonce simultanée du départ prochain de trois internationaux des Wasps de Londres : James Haskell et Tom Palmer vers le Stade français, Riki Flutey vers Brive. Les stars Jonny Wilkinson et Danny Cipriani songeraient aussi à l’exil - le premier est en négociations avec Toulon. Une petite révolution dans le rugby anglais, où, à part l’ouvreur Andy Goode parti à Brive l’an passé, aucun international n’évolue à l’étranger. «Tels qu’évoluent l’euro et la livre sterling, l’argent est en France, grince le manager des Wasps, Ian McGeechan. Si un type veut jouer pour de l’argent, c’est son affaire, mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose pour le rugby anglais.»

La maudite monnaie européenne n’est pas seule en cause. Berceau à la fois du libéralisme et du rugby amateur, l’Angleterre se débat dans ses contradictions : la fédération impose toujours un plafond sur la masse salariale - pas plus de 4 millions de livres annuelles par club (environ 4,3 millions d’euros). L’idée est de tenter d’éviter les dérives du foot. L’an dernier, c’était 3 millions. Il a fallu augmenter la somme. Mais combien de temps la règle tiendra-t-elle ? «Le plafond salarial devra sauter, c’est inévitable», balançait récemment Allan Robson, le directeur général des Saints de Northampton, un club riche puisqu’il affichait la saison dernière… 9 284 livres de bénéfices. «Nous sommes en concurrence avec l’étranger, ajoutait-il. Northampton et Leicester sont les deux plus grands clubs, financièrement parlant, mais même nous, nous ne sommes rien comparés à la France et les budgets de ses clubs.» A ce rythme, écrit le Guardian, «Martin Johnson devra bientôt aller chercher les deux tiers de son XV de départ dans les cafés français, où ils seront en train de siroter leur pastis.»

«Mercenaires». L’affaire ne fait pas rire tout le monde. La presse s’en est pris aux trois «mercenaires» qui partent pour des clubs «cosmopolites». Le Daily Telegraph affirme, sur un ton désapprobateur, que le troisième ligne James Haskell part «pour un salaire de 250 000 à 300 000 livres». Si la fédé anglaise dément vouloir bannir les fuyards, elle a rappelé aux expatriés les règles imposées aux internationaux, notamment sur leur disponibilité. Quant aux soi-disant mercenaires, ils en sont peu ou prou à se défendre d’être des traîtres à la patrie. «Comment peut-on dire que mon transfert est dû à l’argent ? dit James Haskell. Personne ne sait quel est mon contrat, et croyez-moi les sommes évoquées sont fantaisistes. La vérité est autre: je veux pouvoir apprendre de l’expérience d’autres grands joueurs. Partir au Stade français ne fera pas seulement de moi un meilleur joueur, mais aussi un meilleur joueur pour l’Angleterre.»

«Martin Johnson devra bientôt aller chercher les deux tiers de son XV de départ dans les cafés français, où ils seront en train de siroter leur pastis.»

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