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Une Pollution Menace


Invité Xv-31

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Invité Xv-31

L’AUTRE JOUR, à Rennes, sur le point de sortir du terrain où Marseille venait de s’incliner 0-1, Fabien Barthez accepta de dire quelques mots au micro de Canal +. Il était pressé, il lui fallait lâcher une phrase, petite et grasse, puis passer son chemin sans s’expliquer. Elle vint, après que le « monsieur » fut prononcé selon le fourbe usage de ces messieurs : « M. Garibian nous l’a bien mis. » Nul écho chez les commentateurs, comme le lendemain dans les journaux. Le sportif français le plus populaire sur le territoire relève d’une espèce protégée.

Et puis l’on vous rappellera que le capitaine de l’OM n’est pas près d’oublier la décision à ses dépens, penalty et carton rouge, de Pierluigi Collina en finale de la Coupe de l’UEFA. Soit. On ajoutera seulement que l’arbitre italien pouvait fort bien interpréter de la sorte un acte d’anti-jeu et que l’arbitre de Rennes-Marseille avait appliqué avec justesse le règlement sur une main du Rennais Didot qui ne valait pas plus qu’un penalty. Il n’empêche, dans le football, c’est la règle autant que l’esprit, il fait bon se défouler sur l’arbitre, jusqu’à évoquer, supporters et acteurs mêlés, un voyage en sodomie.

Tout cela participe d’une pression permanente organisée dès les premières décisions et saupoudrée, çà et là, de petits applaudissements ou de légères tapes pour saluer tel jugement pris dans le bon sens. Cette grotesque comédie n’a pas encore contaminé les autres sports collectifs où l’on voit, le plus souvent, des joueurs s’étonner et ne pas insister.

Le rugby, lui, continue à l’éviter en partie grâce à la possibilité laissée aux directeurs de jeu de retourner une pénalité ou de faire reculer de dix mètres le camp récalcitrant. Si le football des rebelles au petit pied était soumis au même régime, on imagine que les terrains ne seraient jamais assez grands. Cette réserve et ce respect sont aussi une culture de comportements, celle-là même qui justifie la fameuse ambivalence entre les élans de voyous et les manières de gentlemen.

Nous y sommes, de plein cœur, dans cette culture faite de bien des habitudes, par exemple, chez les joueurs de football, celle, déplaisante, de cracher à tout bout de champ. Le dernier Euro a confirmé qu’il fallait y voir, aussi, un moyen de réprobation lequel, soulignons cette louable retenue, n’atteint toujours pas le corps arbitral. Il n’est qu’à regarder ces habitudes, autant de réflexes pavloviens, lorsqu’il convient, après un arrêt de jeu, de laisser le ballon à l’adversaire. Si les manchots étaient obligés, comme la règle sait le faire appliquer dans le basket et le hand, et comme le rugby s’y emploie, de s’en écarter, leurs frustrations seraient énormes de ne point étaler leurs vices à répétition.

Entre les touches, les sorties de but et les coups francs on peut apprécier toutes les techniques en vigueur qui font les délices de bien des commentateurs au point d’y flatter, du poussin au vétéran, « le métier ». Tout cela, bien sûr, compose un arsenal de provocations et de protestations qui alourdit la tâche de l’arbitre déjà suspect de mille préjugés jusqu’à vite devenir malveillant et mal voyant.

C’est ce qui vient d’arriver, côté rugby, à Didier Mené propulsé dans l’œil du cyclone biarrot après deux ou trois choix qui accablèrent les Basques contre les Toulousains. À écouter l’entraîneur Patrice Lagisquet et le président Marcel Martin, l’un qui fut un fantastique joueur, l’autre qui devint un éminent dirigeant, on se serait cru au pays des footeux.

Le professionnalisme offert aux arbitres de rugby ne changera rien à l’affaire si les nouvelles mentalités, hantées par les chiffres des budgets, en oublient l’essentiel tel que l’arbitre, par ses seules décisions, malheureuses ou pas, s’ingénie à le rappeler : il s’agit d’un jeu.

C’est donc une pollution qui menace, celle des esprits. À entendre les vociférations pour accueillir le Stade Français comme d’autres le PSG, on sait qu’elle a déjà fait des ravages dans certaines travées. On espérait que, sur le terrain, elle se contenterait d’attaquer le gazon tel que l’ovalie s’autorise, sans susciter d’étonnement, à le tatouer de publicités. Il est à craindre d’autres avancées qui ne se contenteront pas d’ajouter des simagrées après l’essai. Le son du tocsin, messieurs qui vous frottez les mains aux seuls résultats des affluences et des audiences, est de moins en moins loin.

:original:

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Les réactions de M. Lagisquet et Martin ces dernières semaines sont une honte pour notre sport. Quand on voit la tribune donnée à Lagisquet dans le Midol cette semaine (ce n'est pas la première fois, je me rappelle d'un coup de gueule des entraineurs du BO après un match houleux à Bourgoin il y a qq années sans parler d'autres entraineurs qui tiennent des propos similaires régulièrement dans leurs colonnes), ce même Midol qui nous fait pour la nième fois un dossier sur l'arbitrage, faut pas s'étonner de l'évolution des comportements. L'équipe a raison également de souligner les sifflets contre le SF, je n'étais pas là quand ils sont venus à EW l'an dernier mais d'après ce que j'ai compris ils en avaient entendu des vertes et des pas mûres, c'est pitoyable.

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Damien, on parle de la haine envers l'arbitrage qui grandit.

Le geste de Rougé-Thomas est envers un spectateur débile, comme il nous est arrivé à nous supporters toulousains d'etre dégueulasse envers l'équipe et le staff du SF.

Ce problème d'acceptation de l'arbitrage va se développer si rien n'est fait à haut niveau sur:

- le niveau des arbitres centraux

- les responsabilités des arbitres de touche

- le discours des joueurs, entraineurs et dirigeants

- et enfin le comportement du public

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