L’amateurisme Nous Colle À La Peau

[Invité Xv-31]

Le président de la Fédération commente la modernisation de sa discipline et affiche son objectif : être plus crédible.

Comment le rugby à XIII a-t-il bien pu dégringoler de cette manière ? Confidentiel, sauf dans ses bastions du Sud-Ouest, la discipline a aujourd’hui perdu son statut de grand sport national d’antan. Mais le XIII s’est rebellé. Depuis un an, de nouveaux dirigeants oeuvrent à sa renaissance, dont Nicolas Larrat, président de la Fédération française de rugby à XIII.

La mue du XIII est-elle achevée ?

Nicolas Larrat. Cette dernière saison a servi de transition. On s’est rendu compte que la discipline avait du mal à décoller. Que cette situation était imputable au mouvement treiziste, qui souffre d’un manque de professionnalisme et de rigueur de gestion. Nous avons donc oeuvré pour améliorer nos fondations. Nous avons la chance que ce sport ait une longue tradition en France. L’amateurisme nous colle à la peau. On travaille pour corriger cette image et obtenir plus de crédibilité auprès des médias et des partenaires.

Qu’est-ce qui n’allait pas dans le monde du XIII ?

Avant, nous étions dans un état de consanguinité qui nous a fait très mal. Nous pensions aussi que tout nous était dû. C’était de la faute des médias et des sponsors s’ils ne s’intéressaient plus à nous. Nous ne nous sommes pas demandé pourquoi ils ne venaient plus.

Cette finale 2005 est-elle une vitrine de ces changements ?

Tout ne sera sûrement pas parfait, mais nous avons essayé d’être le plus professionnel dans son organisation. Nous devons aussi être attractifs. Le but est de valoriser notre vitrine nationale qu’est le championnat élite. Une ligue professionnelle verra bientôt le jour. Nous voulons protéger nos joueurs. Ces dix dernières années, nous avons perdu l’équivalent d’une équipe de France, parti pour le XV.

Le rugby à XIII ne souffre-t-il pas de son image de sport de terroir ?

On aimerait bien sûr nous développer à Paris. Mais il faut avoir des bases fortes pour repartir. Marseille a fait un gros travail pour se structurer et revient en élite. On aimerait bien reconquérir nos anciens bastions de Lyon et de Bordeaux. En fait, nous devons réussir la synthèse entre les équipes des grandes villes et nos clubs de village, comme Limoux ou Lésignan, qui donnent la saveur à notre discipline .

On a l’impression que le XIII français est plus pris au sérieux à l’étranger que dans l’Hexagone, avec l’accueil de Perpignan en Superleague anglaise ou d’équipes tricolores en Cup britannique.

L’Angleterre, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont toujours besoin d’une quatrième grande nation que nous étions auparavant. Ils nous tendent la main avec sincérité pour intégrer nos clubs, comme notre sélection dans le très haut niveau. Nous avons nous-mêmes refusé d’affronter l’Australie ou les All-Blacks ces dernières années. Alors que notre troisième vitrine est l’équipe de France. Nous allons donc les rencontrer à nouveau régulièrement.

Vous pourrez ainsi prendre votre revanche sur le XV.

Je n’ai pas connu cette guéguerre entre le XIII et le XV. Je crois plutôt que nous avons à apprendre l’un de l’autre. Regardez les Anglais, les Néo-Zélandais ou les Australiens. Leurs internationaux à XV ont tous évolué à XIII. En Angleterre, des équipes des deux disciplines sont même chapeautées par la même structure. En France, nous devons dépasser nos clivages ancestraux. On ne cherche pas à supplanter le XV, mais à prendre le virage du professionnalisme que le XV a su prendre avant nous.

Entretien réalisé par Stéphane Guérard

Article paru dans l'édition du 6 août 2005

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