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Le pari fou de Jonah Lomu


Invité Xv-31

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INTERNATIONAL

Rarement sans doute un déplacement de Coupe d'Europe sur le terrain d'une équipe italienne aura suscité autant d'intérêt. Demain pourtant, à Calvisano, pour le compte de la troisième journée européenne, les Blues de Cardiff aligneront normalement d'entrée de jeu un certain Jonah Lomu.

L'ancien ailier star des All Blacks, greffé d'un rein en 2004, effectuera là son véritable come back après un premier retour avorté en juin 2005 lors du jubilé de Martin Johnson à Twickenham (lire par ailleurs). Déjà un petit miracle en soi pour l'inégalable emblème des Blacks, qui n'a jamais perdu espoir de redevenir ce qu'il était, parfois même au détriment de sa propre santé.

Ce qu'explique bien l'ancien international toulousain Emile Ntamack, l'un des premiers joueurs à avoir croisé la route du monstre sacré en 1994, devenu ami intime au fil des années, qui l'a accompagné et soutenu durant cette douloureuse épreuve.

« Jonah n'a jamais cessé d'y croire. Il a connu le pire, on a craint pour sa vie tout court. Après plus de deux ans d'absence, il ne va certainement pas faire de miracles. D'autant que tous, joueurs et médias, vont se focaliser sur lui. Moi, je lui ai dit que sa victoire serait déjà de revenir sur un terrain en bonne santé. Et s'il peut s'amuser, tant mieux... Mais Jonah reste Lomu. Et il n'y a que lui qui sache de quoi il est réellement capable. Sa vie, c'est le rugby. Pour lui, retrouver la santé ne signifie pas vivre, mais pouvoir rejouer sous le maillot des Blacks. C'est dans ses gènes. »

« Tout à prouver ».

Une culture, une religion, une véritable raison de vivre, que ce maillot à la fougère argentée auquel il n'a jamais cessé de penser et qu'il a porté à 63 reprises. Son ultime rêve : revêtir cette couleur qui lui sied si bien et interpréter encore la chanson de geste du fameux haka néo-zélandais, dont certains passages traduits du maori _ « Ka mate, ka mate, ka ora, ka ora », soit « à la mort, à la mort, à la vie, à la vie » _ lui parlent désormais plus qu'à quiconque.

Alliage de puissance (1,96 mètre et 120 kilos) et de rapidité (10 s 8 au 100 mètres) lorsqu'il était au sommet de son art, l'ailier des Blacks, frappé dès 1996 par ce syndrome néphrétique peut-il relever cet ultime challenge ? Le colosse, affaibli par huit mois de dialyse quotidienne et cette greffe occasionnant un traitement médical lourd, veut encore y croire.

Emile Ntamack préfère, quant à lui, rester réservé : « Outre l'aspect physique, le nouveau contexte dans lequel il va évoluer va être difficile. A Cardiff, il fait froid, il pleut, les terrains sont lourds. A cette époque de l'année, il va rencontrer ça un peu partout en Europe. Ce sont des conditions de jeu défavorables pour lui. Et puis, il va être la star d'une équipe qui n'en comporte pas. Qui saura l'épauler ? Combien de ballons va-t-il toucher par match ? Il devra faire preuve de beaucoup de patience. Il a quand même 30 ans et n'a pas joué depuis deux ans. S'il retrouve la confiance et un physique digne de ce qu'il a été, tout reste possible, mais le temps passe pour tout le monde... »

En débarquant à Cardiff le mois dernier, Jonah Lomu avait lui-même annoncé ne pas vouloir brûler les étapes, conscient que son improbable retour au plus haut niveau ne pourrait se faire qu'en douceur. « Je n'ai jamais bénéficié d'un régime de faveur ou d'un traitement spécial dans les clubs où j'ai joué. Si cela signifie que je dois m'asseoir sur le banc, eh bien soit. Je me mettrai à la disposition de l'équipe. Mais je me sens bien physiquement et très à l'aise car j'ai été bien accueilli, comme si j'étais là depuis des années. Même si j'ai tout à prouver. »

Au courage.

L'ancien Lomu, lui, n'avait plus rien à prouver. Apparu sur la scène internationale en 1994, il était vite devenu une véritable attraction, tout simplement la première star mondiale du ballon ovale et une icône indispensable pour l'image grandissante du rugby moderne. Le « Lomu nouveau » pourra-t-il faire oublier l'ancien, ou du moins ne pas raviver les regrets de l'avoir laissé un soir de novembre 2002 lors de sa dernière sélection face au Pays de Galles ? Demain après-midi, c'est dans un anonymat tout relatif que le géant rechaussera officiellement les crampons avec les Blues de Cardiff qu'il a rejoints pour une durée de sept mois. Sept mois pour recouvrer son meilleur niveau et oublier ce temps de souffrance où il disait « se lever chaque matin avec une voiture sur le dos. »

Aujourd'hui, Lomu court de nouveau, s'entraîne normalement et a, semble-t-il, su convaincre son entraîneur, David Young, de lui laisser une chance de rattraper le temps perdu. Beaucoup plus tard, c'est son ambition, peut-être sera-t-il en mesure de postuler à une place parmi la jeunesse dorée du groupe black amené à disputer la Coupe du Monde 2007 en France ? Et là, autant laisser son ami « Milou » conclure : « Finalement, qui sait, pourquoi pas ? Il a été tellement atypique, tellement au-dessus des autres. On peut encore rêver, puisque lui rêve encore. »

Anthony Colle

09/12/2005.

http://www.sudouest.com

:wacko:

sudouest.gif

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Jean Jean de Toulouse
horrible lle mailot calvisano, il n'ypas que la pub ds la vie

:( Malheureusement, pour Calvisano, entre autre, s'est une question de survie. L'apport financier, non négligeable des sponsors permet à certains clubs, d'évoluer au plus haut niveau des compétitions! et là, effectivement, le côté esthétique laisse plus qu'à désirer !!! :P

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  • 1 month later...

LE MONDE | 13.01.06 | 14h06 • Mis à jour le 13.01.06 | 14h06

Le retour au rugby de Jonah Lomu après une greffe du rein inquiète le corps médical

Même les montagnes les plus imposantes ont leurs failles. Et une montagne de muscles comme le rugbyman néo-zélandais Jonah Lomu ne fait pas exception. Doté d'une puissance de percussion et d'une vitesse remarquables, l'ailier des All Blacks, dont la dernière sélection remonte à novembre 2002, a souffert pendant des années d'une maladie rénale, qui l'a amoindri au point de l'obliger à subir une transplantation de rein en juillet 2004.

Malgré la lourdeur de cette opération, le joueur se retrouve près de dix-huit mois plus tard dans les rangs des Cardiff Blues, qui reçoivent Perpignan, samedi 14 janvier, pour la cinquième journée de Coupe d'Europe. Ce retour à la compétition dans un sport de combat comme le rugby, où les chocs sont souvent violents, pose de nombreuses questions sur les risques encourus par le joueur, désireux de retrouver à tout prix le plus haut niveau, deux ans avant la prochaine Coupe du monde.

La transplantation d'un nouveau rein était devenue indispensable pour Jonah Lomu, car les dialyses successives le soulageaient de moins en moins. Mais le caractère exceptionnel du patient a conduit les médecins à opter pour une approche particulière. "Dans 90 % des cas, l'implantation d'un rein se fait dans la fosse iliaque, c'est-à-dire entre le nombril et l'aine, car les vaisseaux sanguins nécessaires à l'irrigation de l'organe y sont plus accessibles", explique Arnaud Méjean, chirurgien à l'hôpital Necker (service du professeur Dufour) et urologue référent du Stade français. Mais d'autres implantations sont possibles. Pour bien protéger l'organe transplanté, les chirurgiens qui ont opéré Lomu auraient décidé de placer le nouveau rein plus profondément, sous les côtes, peut-être même sur le site normal du rein, après avoir enlevé l'un des organes malades. Cette opération permet que le rein n'explose pas au premier plaquage, mais elle est aussi chirurgicalement plus difficile, car il faut alors éviter d'endommager les muscles et leurs nerfs.

TRAITEMENT À VIE

L'autre élément à prendre en compte pour tout transplanté, et particulièrement pour un sportif de haut niveau, tient au traitement médicamenteux postopératoire. Afin de minimiser les risques de rejet, Jonah Lomu doit suivre un traitement tout au long de sa vie, comme tous les transplantés. Ce traitement est plus ou moins lourd selon la compatibilité entre le donneur et le patient. Que le rein lui ait été donné par un volontaire vivant, et dont la compatibilité était favorable, joue en faveur de l'ancien All Black.

Outre le fait qu'ils demandent une autorisation médicale exceptionnelle pour raisons thérapeutiques accordées par les instances sportives, ces traitements ont des effets secondaires (fatigues et troubles), que les médecins doivent surveiller attentivement. "Les corticoïdes, qui font partie de cette panoplie médicamenteuse, fragilisent les tendons et les muscles, et retardent la cicatrisation", souligne Jacques Giordan, chi- rurgien et responsable médical du centre de formation du Montpellier Hérault Rugby Club. Les médicaments immunosuppresseurs visant à éviter le rejet augmentent également les risques d'infections et éventuellement de cancers, puisqu'ils diminuent les défenses de l'organisme.

Par ailleurs, le traitement postopératoire rend difficile le suivi des médicaments pris par l'athlète, compliquant notamment le contrôle antidopage. Le rein transplanté impose enfin au sportif de ne pas abuser de compléments alimentaires afin de ne pas surcharger le rein en protéines à éliminer.

Une fois ces contraintes prises en compte, et avec un bon encadrement médical, Arnaud Méjean estime que le retour au plus haut niveau ne pose pas de problème en termes d'effort. Les joueurs de Perpignan auront l'occasion d'en juger, au plus près, samedi à Cardiff.

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