Aller au contenu

Le rugby des villages se perd


Invité Xv-31

Messages recommandés

Le rugby des villages se débat pour ne pas perdre son âme

La société change. Le rugby de nos villages aussi.

Plus populaire qu'élitiste, il a dû faire face à une importante mutation depuis 20 ans. Qui s'est notamment traduite par une chute du nombre de clubs et de supporters autour des stades.

Mais plutôt que de pleurer son passé héroïque, le rugby régional, quadrillé par les comités du Languedoc (Hérault, Aude, Lozère), du Roussillon (Pyrénées- Orientales) et de... Provence (Gard) s'adapte. Pour faire face à des contraintes financières de plus en plus fortes, il a opté pour la mise en commun des moyens. Si le nombre de clubs a fondu au même rythme que celui des caves coopératives, les licenciés sont toujours aussi nombreux, témoin d'un ancrage et d'un poids culturel encore très fort dans notre région.

C'était un temps où se rendre au stade de rugby, le dimanche après-midi, relevait du même cérémonial qu'écouter la bonne parole de M. le Curé, le matin, à l'église. Où tout le village se mobilisait pour voir les fiers héros défendre tout à la fois le maillot, le clocher et l'honneur du village. Où les joueurs de Vendres, revenant d'un déplacement victorieux dans l'Aude, évitaient la traversée de Lespignan et les coups de klaxon dans le village rival pour ne pas se risquer à la provocation... et s'exposer aux représailles. Où plus de 2 000 personnes se pressaient autour de la main courante pour suivre un derby belliciste qu'il était proscrit de perdre. « Perdre un derby, c'était dix ans de honte », rappelle un dirigeant. Un autre temps...

Les pressions pécuniaires (explosion du prix des licences, règlements de la fédération imposant la création d'équipes réserves et de jeunes...), la multiplication des loisirs, le recul de la ruralité et les flux migratoires sont notamment passés par là, modifiant en profondeur les habitudes et altérant les passions.

La fracture entre l'élite du rugby français, toujours plus médiatisée, et sa base, toujours plus pressurée, a entraînéfusions, perte d'identités et désertion des stades. Un club de rugby, comme un curé, une école, une cave coopérative et un café, c'est en sursis dans les villages. « Dans une société qui base tout sur l'argent, les valeurs sur lesquelles repose le rugby sont en repli. La solidarité, le don de soi, le partage, c'est moins évident qu'avant », constate Max Santa, président de Servian pendant huit ans et de l'entente Servian-Boujan depuis dix ans. « Et on a bien senti que pour que le club perdure, il fallait passer par une entente. On l'a réussi entre dirigeants. Cela reste plus difficile pour les habitants des deux villages. Disons qu'on a réussi à bâtir une belle école de rugby au détriment de l'esprit de clocher. »

Pas étonnant que les affluences aient fondu dans les stades. En 1991, la finale du championnat de France de 3e série entre Pouzols / Mailhac et Servian avait attiré 6 000 spectateurs payants. Impensable aujourd'hui. « Il y a parfois autant de monde pour voir les cadets le samedi que les seniors le dimanche », note avec amertume Max Santa.

Pourtant, le rugby des villages n'a pas été englouti par les tourmentes. Deux décennies de mutation ont certes entraîné la disparition de 30 % des clubs mais n'ont pas freiné la pratique. Fin 1989 / 90, le comité du Languedoc recensait 9 445 joueurs. Ils étaient 9 706 au 17 novembre 2005. « Quand on habite un village d'ici, on échappe encore difficilement au ballon ovale », admet Max Santa. Les résultats, eux aussi, sont toujours là, témoins de la vitalité et du potentiel des joueurs du terroir.

« La Coupe du monde 2007 amènera entre 20 % et 30 % de jeunes supplémentaires dans les écoles de rugby. Là, il faudra qu'on soit prêt, avec des éducateurs formés. Voire des éducatrices... », confie Michel Quaranta, ex-président du club de Capendu et vice-président du comité du Languedoc. Et aussi des dirigeants. Un autre virage, délicat, qu'il faudra bien négocier.

Patrice ESPINASSE et Jean-Bernard FIZE

Edition du 11 Janvier 2006

http://www.midilibre.com/

:rolleyes:

Lien vers le commentaire

Créer un compte ou se connecter pour commenter

Vous devez être membre afin de pouvoir déposer un commentaire

Créer un compte

Créez un compte sur notre communauté. C’est facile !

Créer un nouveau compte

Se connecter

Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous ici.

Connectez-vous maintenant
×
×
  • Créer...