Guest Xv-31 Posted March 27, 2006 Share Posted March 27, 2006 Jean-Marie Usandisaga perpétue la "culture de la mêlée" à Bayonne Grâce à leur large victoire sur Toulon (43-16), obtenue à domicile samedi 25 mars, avec six essais aplatis sur la pelouse du stade Jean-Dauger, entre l'Adour et la Nive, et donc un point de bonus, les joueurs de l'Aviron bayonnais sont en passe d'atteindre l'objectif fixé par leur président : "Ils ont remporté un beau succès qui nous rapproche du maintien", se réjouit Francis Salagoïty. Ils possèdent en effet 10 points d'avance sur les Palois, avant-derniers du classement du Top 14, le championnat de France de l'élite du rugby, et 23 sur les Toulonnais. "On est bien, confirme Jean-Marie Usandisaga, mais on est tombé sur une équipe de Toulon un peu faible." Ce pilier de 32 ans, soudeur à mi-temps à la mairie de Bayonne, serait-il resté sur sa faim ? Avec quatre des six essais marqués par son équipe sur des groupés très pénétrants, on pourrait en douter. Mais, à l'entendre, c'est quand même mieux quand il y a de la résistance. "Ah oui, si on a une mêlée importante proche de la ligne, on se dit "allez" et on emmène tout, s'enthousiasme-t-il. Si je suis bien en mêlée, dans ma tête je suis bien. Mais le grand plaisir, c'est de faire martyriser les autres. Là, je suis content." Et "faire martyriser", ce n'est pas pareil que "martyriser". Martyriser tout court, c'est faire souffrir. Rien de plus banal. "Faire martyriser", c'est élever sa victime au statut de martyr. Il y a là un saut qualitatif né de la considération que mérite tout adversaire : "J'ai toujours respecté les piliers, du plus mauvais au meilleur. Jamais je ne me suis dit, "J'en ai explosé un, je suis le roi du pétrole." Même le plus mauvais peut être très bon un jour. Mais il ne faut pas se faire de cadeaux, quand même." Jean-Marie Usandisaga, "c'est l'image du club, affirme Richard Dourthe, le centre de l'Aviron bayonnais, ancien international. Il est notre porte-drapeau et son jeu porte les valeurs basques : il s'accroche, ne lâche rien, il est toujours présent, dans les bons comme dans les mauvais moments." Jean-Marie Usandisaga, pilier et porte-drapeau, rien de plus normal si l'on s'accorde quelque liberté avec l'étymologie : "haga", en basque, signifie à la fois poutre et mât. De là à croire que le jeune Jean-Marie était prédestiné, il n'y a qu'un pas que l'on regrette d'avoir franchi. Naît-on pilier, hasarde-t-on ? "Non, parce que quand je suis né, je ne pesais que 3 kg, et jamais ma mère n'aurait pensé que je jouerais pilier." Alors, est-ce une vocation née à l'adolescence ? "Non, pas du tout ! Au premier entraînement, je me déboîte l'épaule. Je reviens deux mois après, c'est le genou qui pète et je me dis "J'arrête le rugby". Non, c'est venu bêtement : je jouais troisième-ligne, et, comme je ne savais pas plaquer, on me met deuxième-ligne. Là, j'étais trop petit, alors on m'a dit : "On va te mettre pilier, y'a que ça que tu peux faire." Et voilà." Coup de foudre ? "Voilà ! Mais bon, au départ j'avançais pas, je faisais plus le planeur qu'autre chose !", certifie cet homme de 105 kg pour 1,82 m. "C'est un phénomène !, apprécie Gilbert Doucet, l'entraîneur de l'Aviron. On ne peut pas dire que ce soit un monstre physiquement, mais sa force est qu'il a un coeur gros comme la générosité de cette région. Il sait se transcender quand il faut, pleurer quand il faut pleurer, être fort quand il faut et surtout se faire violence pour faire plaisir à ses compagnons." Jean-Marie Usandisaga a beau être l'un des piliers les plus légers du Top 14, il n'en est pas moins considéré comme l'un des meilleurs. "Hou, non, non, non, non, tempère-t-il. Je suis un simple petit joueur. Après, ce qu'il y a, ici, à Bayonne, c'est qu'on a une culture de la mêlée. Doucet nous fait beaucoup travailler et voilà, ça paye. Et puis on a des reins ou on n'en a pas." Des reins, certes, mais soutenus par une foi inébranlable. "Le rugby, c'est dans la tête, et si on a un mental d'acier, on peut renverser des montagnes." Chez le commun des mortels, on se contente de les déplacer. La "culture de la mêlée" enseigne le respect des autres et du jeu. "Denis Avril, qui est pourtant biarrot, je n'oublierai jamais ce qu'il m'a dit, une fois : au bout de soixante minutes, j'étais cuit, on prenait une grosse "branlée", et il m'a encouragé. Il voulait que je finisse le match avec lui." Jean-Marie Usandisaga sera dimanche 2 avril à Londres avec l'Aviron bayonnais pour disputer un quart de finale du Challenge européen face aux London Irish, "sans pression, mais avec motivation". Entre-temps, les travaux auront commencé au stade Jean-Dauger, de façon à passer, la saison prochaine, d'une capacité de 12 000 à 17 000 places. "Nous essaierons de regarder un peu plus vers le haut, entre la sixième et la dixième place, affirme le président Salagoïty, en misant sur l'homogénéité du groupe et la continuité." Jean-Marie Usandisaga pourra donc continuer de "préférer la mêlée" plutôt que "jouer à la baballe". "Mais à chacun son rugby", plaide cet élève de Pierre Dospital. Jean-Louis Aragon Article paru dans l'édition du 28.03.06 Link to comment
Recommended Posts
Create an account or sign in to comment
You need to be a member in order to leave a comment
Create an account
Sign up for a new account in our community. It's easy!
Register a new accountSign in
Already have an account? Sign in here.
Sign In Now