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Le Derby, par le Gros Robert


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Le Derby par le Gros Robert

En ces temps d’infamies, le cœur du rugbyphile averti ne saurait se contenter d’un piètre spectacle aseptisé servi en prime time au nom d’une ménagère de plus de cinquante ans à l’ignorance triviale quant aux choses d’Ovalie. Ces jeux du cirques modernes aux gladiateurs brillantinées sont vendus au consommateur averti ou non par les marchands du temple au nom d’une –hypocrisie suprême- tradition séculaire de rivalité régionale tendant à transformer une paisible après midi dominicale en affrontement homérique digne de l’Iliade dans une tornade de liquides variés, sueur, sang et alcools divers –il faut bien que les marchands de limonade vivent-. Or donc, en ce printemps propice aux rassemblements populaires au grand air, deux congrégations vont tenir en haleine une France finalement indifférente, à l’exception bien sur des abonnés d’une certaine chaîne cryptée et des rares privilégiés qui auront eu l’opportunité de s’offrir un sésame au stade ; en l’occurrence les rencontres Biarritz-Bayonne et Brive-Clermont vont faire couler beaucoup d’encre, de vin, voire de fiel et peut être même de larmes…

En oubliant les gesticulations grotesques à l’endroit de son rival de la côte basque d’un prétendu président de ligue qui en matière d’intérêts communs ne connaît surtout que le sien, laissons là les écrans géants, les droits de retransmissions et des arguments vérolés dignes de marchands de chameaux pour nous concentrer sur l’évènement agitant la basse Coujouxie : le Derby du centre.

Au-delà de la misère affective viscérale qui agitera le ventre (et parfois le neurone) du supporter jauniste venu manifester au Zebrium son mécontentement face au CPE (Constat de Pneu Eclaté), il est temps de s’interroger sur l’origine de ce mot parfois usé, souvent galvaudé mais finalement toujours magique : le DERBY.

A travers les pages du Gros Robert, l’éternel guide phraséologique de la compréhension éclairée du rugby expliqué à tous, on apprend que cette locution, contrairement à une croyance communément admise, n’est pas originaire d’un nom de ville outre manche ni d’une course équine récurrente ; d’ailleurs à cet égard, la sagesse populaire nous rappelle que ce n’est pas en coupant les oreilles d’un âne qu’on en fait une monture de course. Derby vient bien évidemment du mot « herbe », végétal précieux dont sont constitués les prairies d’Ovalie, pâtures de nos fringants troupeaux de zèbres. Ces prés « herbis » sont le lieu de rencontres rugbystiques parfois furieuses troublant la quiétude pastorale de ces cadres bucoliques. On dit alors de ces matches qu’ils sont « d’herbis », ce que l’anglicisation galopante de notre époque a rapidement transformé en « Derby ».

On en distingue plusieurs sortes :

Derbyarritz : traduction basque de « derby à risques » tant il est vrai que l’Aviron n’est jamais aussi redoutable que lorsque il doit affronter son voisin préfabriqué prétendument estampillé PB. Se dit également Derbydassoa voire même Derbyscaye (les jours de grand vent et de pluie)

Derbynoclard : évoque un certain sélectionneur national dont le comportement proche de la cécité invite à la consultation en urgence d’un ophtalmologue compétent. Celui-ci aurait eu des mots avec un de ses prédécesseurs, Derbizier.

Derby Scot : match comptant pour du beurre entre deux formations écossaises qui se mettent des tartines, ça ne mange pas de pain.

Derbyceps : c’est parce qu’ils mangent de délicieux cèpes corréziens que les avants cabistes ont de si gros bras.

Derbycyclette : se dit d’une rencontre sportive entre deux équipes ne consommant pas que de l’eau claire

Derby d’Auch : match saignant joué dans le Gers pendant lequel on remue de la barbaque. Se dit également Derbyfteck.

Derby-sextile : rien de sexuel, il s’agit simplement d’un match qui a lieu uniquement les années de Jeux Olympiques.

Derbykini : match de beach-rugby se jouant en tenue légère.

Derbylité : se dit des aptitudes intellectuelles d’une engeance supportrice sautillant dans les travées. Chocs et secousses consécutifs à ces soubresauts ont engendré des dégâts cérébraux notoires et parfois définitifs chez les malheureux représentants de cette confrérie dont le QI avoisine celui du Derbygorneau à marée basse.

Derbylleterie : lieu incontournable du rugby moderne où les derbillets sont détaillés contre moult espèces sonnantes et trébuchantes.

Le Gros Robert souhaite un bon derby à toutes et à tous et rappelle à toutes fins utiles que lorsque l’herbe jaunit, cela nuit à la santé des derbyvores.

Le Gros Robert copyright2006@ Editions Franz Loisirs Collection Calibre

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