ITW Califano

[Guest Xv-31]

Le pilier international du SUA-LG, Christian Califano, qui fêtera ses 34 ans, le 16 mai prochain, « plaquera » Agen à la fin du mois, mais ne raccrochera pas les crampons pour autant. Un dernier challenge l'attend. Ailleurs. Celui qui porta à soixante-huit reprises la tunique tricolore, et qui souleva par six fois le fameux bouclier de Brennus (avec Toulouse), dresse, pour nous, le bilan de ses années agenaises, revient sur son procès toulousain et évoque son avenir de joueur professionnel. Interview.

«La parenthèse agenaise va se refermer à la fin de ce mois de mai. Quel bilan tirez-vous de ces trois saisons passées sur les berges de la Garonne ?

Sportivement, je n'ai peut-être rien gagné avec le SUA, et je le regrette, mais humainement , croyez-moi, je me suis enrichi, ici. Agen est resté un club familial, avec de vraies valeurs et des hommes de qualité. Ce qu'ont fait les supporters agenais, durant la grave crise financière de l'automne 2000, dénote d'un certain état d'esprit. Mettre spontanément la main à la poche pour sauver "son" club, c'est un geste fort qui résume à lui seul le caractère du Sporting. Contre et marées, le SUA-LG tient toujours son rang dans ce nouveau rugby professionnel. Pour une ville de 30.000 habitants, c'est déjà un exploit d'y être encore. Le club a la chance d'avoir à sa tête deux hommes remarquables, le président Daniel Dubroca et le directeur général Laurent Lubrano. Ce sont eux qui font grandir le club.

Personnellement, qu'avez-vous apporté à cette équipe agenaise ?

Mon expérience, mon savoir-faire (rires) et ma bonne humeur. Je suis venu à Agen pour connaître autre chose, découvrir un autre rugby. A l'époque, j'avais quasiment dit oui à Castres. C'est Christophe Deylaud, mon ancien coéquipier toulousain, qui m'a finalement convaincu de poser mes sacs à Armandie. Je ne le regrette pas. J'ai pris du plaisir à Agen, j'espère en avoir donné aussi. Il y a eu des hauts et des bas, quelques blessures et des soucis personnels qui m'ont miné durant de longs mois. Des moments difficiles à vivre. Sportivement, on aurait dû décrocher la Coupe d'Europe, déjà l'an passé. Cette saison, je veux partir avec le billet de H-Cup en poche. Agen le mérite tant. L'équipe s'est sabordée, le week-end dernier à Montpellier (défaite 44-19). Maintenant, il nous faut battre Narbonne à Armandie, pour s'éviter un dernier match couperet à Toulon, ma ville natale.

Un petit mot sur Rupéni Caucaunibuca, la star fidjienne du SUA-LG, meilleur marqueur d'essais du Top 14, que vous aviez côtoyé durant une saison à Auckland (Nouvelle-Zélande). Etes-vous surpris par son intégration à la vie et au jeu agenais ?

Surpris ? Non ! Car le club a su faire ce qu'il fallait pour le mettre dans les meilleures dispositions possibles. Sa réussite aujourd'hui dépend essentiellement de tout ce qui a été fait en amont - et ça, les gens ne le voient pas - pour lui faciliter la vie de tous les jours. "Rups"» est un joueur extraordinaire, capable des exploits les plus fous sur un terrain. Et dire qu'on a quasiment le même gabarit, il court juste un peu plus vite que moi. Juste un peu plus vite. C'est un phénomène, un extraterrestre. Sur ce coup, Agen a été très bon. Et durant deux saisons encore, Rupéni n'a pas fini de régaler Armandie. Je serais bien rester encore une saison avec lui à Agen, mais mon avenir est ailleurs.

On dit que vous aviez songé, un temps, à raccrocher définitivement les crampons. On vous annonce aujourd'hui en Angleterre pour une dernière pige.

D'abord, je me sens toujours jeune dans ma tête. Le fait que mon "affaire" (voir plus bas) soit réglée m'a redonné un coup de booster. Je suis en pleine "ménopause" mais j'ai encore quelque chose à donner, à me prouver. "Cali" n'est pas fini ! Je me donne encore une semaine pour arrêter ma décision. J'ai plusieurs propositions, en France comme à l'étranger. Je vais peser le pour et le contre, c'est mon dernier défi en tant que joueur. Ce sera mon dernier club. Je ne veux pas me tromper.»

Christian Delbrel

http://www.lequipe.fr/Rugby/TOP14_CALIFANO.html

ACCORD TROUVÉ AVEC TOULOUSE

Christian Califano a longtemps été perturbé par le procès l'ayant opposé au Stade Toulousain. A l'automne, le joueur est condamné à verser 150.000 euros à son ancien club. Motif : il a rejoint le club anglais des Saracens à l'été 2002 alors qu'un accord conclu avec le Stade Toulousain l'obligeait à retrouver les Rouge et Noir au retour de son expérience en Nouvelle-Zélande. Aujourd'hui, "Cali" a rangé cette affaire au rang des mauvais souvenirs : «J'ai payé, c'est réglé. Il n'y a plus d'affaire Califano, point barre ! Autant durant deux ans cette histoire m'a profondément meurtri, autant aujourd'hui je suis bien dans ma tête. En paix avec moi même. On a coutume de dire que ce qui ne tue pas rend plus fort, alors, je suis plus fort aujourd'hui.»