ITW Clément Poitrenaud

[Guest Xv-31]

Dimanche soir, sous un terrible orage, Clément Poitrenaud a activement participé à la nouvelle qualification (la 13e d’affilée) du Stade Toulousain pour les demi-finales du Championnat,décisif en particulier pour récupérer une chandelle sur l’essai de Finau Maka. Oublié des sélectionneurs depuis un désastreux match face aux All Blacks (défaite 6-46) en novembre 2004, parfois même contesté dans son club, ClémentPoitrenaud est un des hommes en forme de ce printemps.

Après le succès sur Clermont (26-11), vous êtes une nouvelle fois qualifié pour les demi finales…

– Cela faisait partie des objectifs de la saison. Le premier a été raté avec la défaite en quart de finale de Coupe d’Europe contre le Leinster (41-35). Après cet accroc, tout le monde a dit :

« le Stade est foutu, machin…» ; parce qu’on a perdu un quart de Coupe d’Europe pour la première fois depuis quatre ans… Là, on est tous très contents d’être en demifinale mais ce n’est pas une fin en soi. On veut aller au bout.

Justement, la dernière fois, que vous avez ramené le Bouclier de champion de France sur la place du Capitole, ça remonte à vos débuts, à dixneuf ans, en 2001. Déjà cinq ans…

– Enfant, je rêvais de jouer au Stade Toulousain puis de gagner le Bouclier de Brennus. Je l’ai fait dès ma

première saison en équipe première. On était sur un nuage, on pensait que ce serait pareil l’année d’après. C’est devenu difficile parce qu’on jouait sur les deux tableaux avec la Coupe d’Europe (deux titres en 2003 et 2005, une finale en 2004). Cette année, après l’élimination contre le Leinster, on a pu partir en stage en cours de saison. Ce n’était plus arrivé depuis cinq ans. Cette fois, on a trois semaines pour penser à la demi finale du Championnat.

Sur un plan personnel, on vous voit bien meilleur depuis quelques semaines…

– (Dubitatif.) On me dit ça depuis quatre-cinq matches, mais ça fait plus d’un an que je mesens bien, que je fais de bons matchs. Mais c’est vrai que je suis un peu plus sur le devant de la scène car je touche plus de ballons.

Pour le grand public, vous avez disparu de la circulation depuis novembre 2004, après la débâcle face aux Néo-Zélandais (6-45). Depuis, les Bleus ont disputé 17 matches sans vous…

– J’étais passé complètement à côté, ce jour-là. Toute l’équipe avait été mauvaise, moi j’avais été nul… En fait, je n’étais pas en forme à ce moment-là. J’avais passé un hiver difficile où je n’avais pas trop joué,

même en club. C’est vrai, les trois mois qui ont suivi cette rencontre ont été difficiles.

Quand vous n’étiez pas bon, vous avez imaginé ne pas revenir à votre meilleur niveau ?

– (Affirmatif.) Ah, non ! Je n’étais pas démoralisé, je me suis toujours accroché, même quand je faisais

banquette en club. J’ai continué à bosser en me disant que ça allait de nouveau me sourire. Chaque joueur

connaît un jour une mauvaise passe ; moi, elle a duré trois mois, pas trois ans.

Vous étiez dans le trou parce ce que vous faisiez moins d’efforts ?

– Non. Mais quand on est remplaçant, on rentre et on veut prouver, on en fait trop et on commet des erreurs. Et ça s’enchaîne.

Chez les Bleus, de numéro 1 bis (avec Brusque, finalement titulaire) avant la Coupe du monde 2003, vous vous êtes retrouvé numéro 4, voire 5, des arrières derrière Brusque, Laharrague, Elhorga, Castaignède…

– Quand vous faites un mauvais match en équipe de France, et que c’est le dernier de la série des tests,

c’est normal de ne pas être rappelé pour le Tournoi suivant. Et quand les autres joueurs sélectionnés ont été bons...

La semaine dernière ,Jo Maso, le manager des Bleus, confiait (L’Équipe du 5 mai), qu’il vous suit dans le cadre de la prochaine tournée en Roumanie et Afrique du Sud en juin…

– (Son visage s’éclaire.) Ça fait plaisir d’être de nouveau dans le coup. Mais la sélection n’est pas encore

tombée et je ne m’enflamme pas. Mais c’est vrai que cette Coupe du monde va vite arriver (du 7 septembre

au 20 octobre 2007). Je me dis ça à chaque fois qu’une sélection tombe et que je ne suis pas dedans.

Vous imaginez concurrencer au poste d’arrière de l’équipe de France, Thomas Castaignède, qui fut votre entraîneur en benjamin à Toulouse ?

– (Sourire.) Quand on avait joué la première fois ensemble avec Tom en équipe de France, on avait été

déconcertés. Là, ce serait un concurrent direct... Mais ça m’amuse car on est pote.

Revenons aux All Blacks : le pire souvenir de votre carrière ou est-ce la bourde face aux Wasps en finale de la Coupe d’Europe 2004 ?

– (Sans hésitation.) La finale contre les Wasps car c’est une erreur individuelle qui nous empêche d’aller en prolongation. Je ne n’ai toujours pas compris ce qui s’est passé. On en a rediscuté avec Vincent Clerc et il me dit : « Je cours avec Howley mais comme tu as 10 mètres d’avance, je m’arrête. » Et là, je n’aplatis pas, je n’ai jamais pensé qu’un joueur adverse pouvait être juste derrière moi et qu’il pouvait marquer… Ça,

ça été plus difficile à digérer que les Blacks.

Récemment, en équipe de France comme à Toulouse, Frédéric Michalak, votre ami, aété sifflé. Comment l’avez vous vécu ?

– On connaît tous un moment difficile. Mais ce n’est pas parce que ça va un peu moins bien, qu’on est foutu, perdu et qu’on n’a plus envie de jouer au rugby. Je ne me fais aucun souci pour Fred. Je suis persuadé qu’il fera une très bonne fin de saison.

Cela vous fait quoi lorsque vous passez sur le périphérique toulousain et que vous voyez son (double) portrait géant sur les murs du stade Ernest-Wallon ?

– Cela me fait marrer… ça lui met un peu de pression supplémentaire, encore que je ne suis pas sûr que Fred le vive comme ça, il est assez cool.

Et vous, comment êtes-vous avant un match ?

– J’écoute de la musique, je cherche l’agressivité nécessaire sans perdre mes moyens, pour rester concentré et intelligent. Mais je suis plus agressif en vieillissant.

Vous étiez trop dilettante ?

– Non, mais le rugby a changé depuis 2001. Je jouais trois-quarts centre, je pesais 85 kg (aujourd’hui

88). Si j ’avais dix-huit ans aujourd’hui, je ne jouerais pas centre avec mon gabarit de l’époque, c’est

évident. Cela a vachement évolué physiquement.

Le jeu est plus dur ?

– Oui, il y a plus d’engagement. Les chocs sont plus importants.

Cela vous fait peur ?

– Non, non. Sinon, je n’entrerais pas sur le terrain. Il n’y a pas plus de risques qu’avant, mais c’est plus difficile. On a toujours vu des chocs en mêlée mais, aujourd’hui, derrière, c’est pire ! Les mecs sont dix fois plus gaillards et vont dix fois plus vite. Yannick (Jauzion) fait 100 kg, Florian (Fritz) 95. Et ils avancent comme des avions !

Vous êtes jeune, issu de la première vraie génération de rugbymen professionnels. Qu’est-ce-qui a le plus changé dans le jeu depuis vos débuts ?

– L’organisation défensive. Aujourd’hui, tout le monde bosse ça. Il y a moins d’intervalles… (Il sourit)

On me dit : « Tu relances moins, tu as perdu ton insouciance ».À l’époque, ce n’était pas de l’insouciance, c’est qu’il y avait la possibilité de relancer. Maintenant, il faut trouver d’autres façons pour mettre l’adversaire en difficulté . »

ARNAUD REQUENNA

Journal L'Equipe du 9 mai

[strangler]

Il taille le journaliste !

wawou ! Mais bonnes réponses du Toulousain !

[rimram31]

L'itw fait parler vrai, le journaliste n'a pas hésité a poser des questions qui fachent et Clément d'y répondre tout aussi franchement. Décidément, la boulette, dure a digérer.

[Zuzu31]

J'adore...et j'ai l'impression que depuis la CDM 2003, où Michalak est devenu une "star" du rugby, Clément s'est un peu détâché de Fred, en étant un peu plus dans l'ombre...et j'ai aussi le sentiment que la "boulette" contre les Wasps l'a fait mûrir plus vite que Fred...

Actuellement, dans le jeu il est très bon, et physiquement au top, ça promet !!!

P.S : pour ceux qui ont Canal+ Sport, il est invité de "Jour de Sport" ce soir à 19h40.