Zoé Posted May 19, 2006 Share Posted May 19, 2006 Imanol Harinordoquy, 26 ans, rugbyman. Le troisième-ligne de Biarritz, au caractère plus ouvert, sera une pièce maîtresse en finale de Coupe d'Europe contre les Irlandais du Munster. Côté fermé, côté ouvert par Hervé MARCHON QUOTIDIEN : vendredi 19 mai 2006 Imanol Harinordoquy a appris à se pencher. Désormais, auprès des supporteurs, des journalistes, le troisième-ligne international de Biarritz plie son mètre quatre-vingt-douze et ses 105 kg pour paraître moins hautain. «Je n'ai pas changé, précise le joueur, qui joue demain la finale de la Coupe d'Europe de rugby contre l'équipe irlandaise du Munster. Je suis devenu en public ce que j'étais en privé.» Un jeune homme souriant, avenant et liant. Longtemps, Imanol Harinordoquy, Basque de Garazi (en français Saint-Jean-Pied-de-Port), a souffert de son image de «merdeux», comme disaient les anciens de l'équipe de France pour le chambrer. «Prétentieux», «pédant», «dédaigneux», «provocateur», ces épithètes peu flatteuses ont précédé le joueur dans les vestiaires et les salles de presse. Un mauvais reflet dans le miroir de la célébrité que le joueur a lui-même contribué à créer en se cachant derrière une «fausse image de timidité». Jacques Brunel, coentraîneur de l'équipe de France, avance une explication dans un éclat de rire béarnais : «Imanol n'est rien de tout ça. Mais il est basque.» Le Basque serait donc fier. Si Harinordoquy a appris à se pencher, il ne courberait pas l'échine. «Imanol, c'est Imanol», se sont entendu rétorquer ceux qui ont voulu traduire son prénom en Emmanuel. Ses soeurs s'appellent Argixu et Amaia. Le père, Lucien, est maquignon. «Négociant en bestiaux», reprend son seul fils, sans qu'on sache si c'est par peur de ne pas se faire comprendre ou s'il rechigne à utiliser un terme qui semble appartenir au passé et qui ne colle pas à l'image de «famille aisée de la bourgeoise commerciale», comme la jugent ceux qui la connaissent. «Nous achetons des chevaux ou des broutards, des petites vaches, à des éleveurs en France. Nous les revendons par lots de 90, 100 têtes à des engraisseurs en Espagne, en Italie ou en France.» Il dit «nous», Imanol, car c'est à ce métier que ses parents l'avaient voué et qu'il exercerait aujourd'hui si le rugby de haut niveau ne l'avait pas enlevé à son village. «J'ai le négoce dans la peau», lance-t-il d'ailleurs : sa reconversion est déjà écrite. Le rugby s'est imposé à l'adolescence seulement. Certes, c'est «le sport du coin» et le père a joué en équipe de Garazi, mais Imanol pratique d'abord foot, tennis, pelote, natation, judo. «Et puis, à 14 ans, j'ai connu des problèmes de croissance. J'ai dû arrêter tout sport pendant un an.» Quand il peut s'y remettre, ses copains sont passés au rugby. Il les suit «sans rien connaître aux règles», jure-t-il. Son formateur, Dominique Celan, croit savoir que c'est dans cet arrêt d'un an qu'Imanol, relégué au bord des pelouses d'entraînement, a développé ses facultés d'observation. «Il ingurgite et il met en application», dit autrement son agente, Carine Rossigneux. Harinordoquy sait s'adapter. Les progrès sont fulgurants. Grand adolescent «sauvage», qui n'a «jamais été plus loin que Garazi et la côte basque», comme il le reconnaît, Imanol Harinordoquy fait ses débuts professionnels en terre étrangère, à Pau, où il suit un BTS de gestion agricole. Il signe avec ce club un contrat «pour un an, pas plus», avec la promesse secrète de tout arrêter au bout de deux mois si cela ne lui plaît pas. «A Garazi, on aime garder les enfants du pays au pays», résume-t-il. A l'été 2004, il signe pour deux ans à Biarritz, qui recrute alors star sur star. Tout s'accélère en quelques mois, en quelques matchs même. Appelé en équipe de France en février 2002 pour le Tournoi des six nations, il se fait remarquer d'abord par son nom imprononçable pour les commentateurs, puis par son jeu vif et éclatant. Habile manieur de balles, plaqueur mobile, attaquant et défenseur infatigable, «des qualités naturelles au-dessus de la moyenne», selon Jacques Brunel, Imanol Harinordoquy dépoussière l'image de la «force basque» symbolisée jusqu'ici par des piliers comme Ondarts ou Dospital, au jeu plus fruste. Le jeune homme enchaîne les matchs, s'embarque pour la Coupe du monde en Australie en 2003, où l'image de son essai contre l'Irlande, saut de l'ange dans l'en-but main en avant, ballon sur le coeur, reste comme l'une des plus marquantes. «Je planais.» Le jeune homme aux joues rouges, aux cheveux blonds coupés ras, attire regards, caméras, sponsors, micros. Et incompréhensions puis jalousies. Lui qui est «renfermé sur ses idées et la culture de son pays», selon Jacques Brunel, se perd dans les règles du jeu de la célébrité. Les journalistes le pressent de questions, il les rembarre. Le public lui demande sourires et disponibilité, il offre bouderies et ironie. Sa première saillie médiatique est restée célèbre : à la veille de son premier match contre l'Angleterre, il déclare qu'il n'aime pas les Anglais. «Je le pensais, donc je l'ai dit», maintient-il aujourd'hui. On se gausse. Contre l'Ecosse au Tournoi 2003, remplacé par Sébastien Chabal, il rentre directement au vestiaire, dents serrées, sans un regard pour le banc de touche. On raconte aussi qu'après une défaite il a réduit en miettes une porte de vestiaire à coups de pied. «Après les matchs perdus, fallait pas me parler, même mes amis. J'avais mon caractère, dit-il au passé. Je pensais que seule comptait la vérité du terrain.» On lui reproche même de ne pas chanter la Marseillaise. Il rétorque que, s'il la chante, les Basques lui en voudront. Ses coups de gueule deviennent légendaires. Les chiffres les plus fous circulent sur son salaire à Biarritz. On murmure qu'il a chopé la grosse tête. «Soit tu acceptes d'être un personnage public, soit tu arrêtes.» L'ultimatum lui est lancé par son agente Carine Rossigneux. Imanol est en plein tournage d'une pub pour un sponsor sur le Champ-de-Mars à Paris. Ç'aurait pu être la guerre. Mais Harinordoquy encaisse. Et corrige le tir. En d'autres temps, les teignes, les timides, les grinçants, survivaient sans trop de dégâts dans le rugby international. Aujourd'hui, professionnalisme et communication obligent, ils apprennent à sourire, à répondre, à se pencher. «J'ai fait un gros travail sur moi pour des petites choses auxquelles je faisais trop attention et qui me sont devenues naturelles», assure le joueur. Cette remise en question est allée de pair, depuis un an et demi, avec le doute sportif. Blessures et contre-performances hachent sa saison, lui ferment la porte de l'équipe de France. Depuis, il ronge son frein en club en évitant l'esclandre. Son retour dans le XV de France est prévu pour la tournée de juin. Harinordoquy est patient et prudent. S'il répond aux sollicitations médiatiques, c'est dans une brasserie biarrotte près de la plage où il a ses habitudes. Entouré par ses très proches (son amie, son entraîneur de Garazi) avec qui il vient de déjeuner et qui restent à distance. Il ne veut pas parler du parler du Pays basque, «forcément magnifique», de peur d'être récupéré politiquement. Il refuse de parler de son salaire. Sa vie privée reste en zone protégée, c'est par ses performances qu'il veut revenir sous les feux médiatiques. Et, comme il est l'homme en forme de Biarritz, les choses redémarrent. C'est sa photo qui a été choisie pour représenter son équipe sur l'affiche officielle de la finale de Coupe d'Europe. Dates Imanol Harinordoquy en 7 dates 20 février 1980 Naissance à Bayonne. 1999 Quitte Saint-Jean-Pied-de-Port (Garazi en basque) pour faire ses études à Pau. 16 février 2002 Premier match en équipe de France. 16 novembre 2003 Demi-finale de la Coupe du monde contre l'Angleterre. 2004 Quitte Pau pour Biarritz. 11 juin 2005 Champion de France avec Biarritz. 20 mai 2006 Biarritz-Munster, finale de la Coupe d'Europe des clubs. http://www.liberation.fr/page.php?Article=383175 (je l'ai cop-col' parce que la consultation est devenue payante au bout de qq jours) Link to comment
amateur Posted May 19, 2006 Share Posted May 19, 2006 Beh , s'il est aussi mauvais en public que sur le terrain, c'est sur ça aide pas Link to comment
Guest leilei avec des ongles Posted May 20, 2006 Share Posted May 20, 2006 Tiens ma Zoé, un zoulie p'tit photo d'Imanol pour illustrer ton article de l'exceptionnel Jar-Jar de Aupa-Bo et le lien vers sa galerie qui est encore plus belle et interressante que celle de la Fox de Guetty Le lien vers la galerie de Jar-Jar Link to comment
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