Guest Xv-31 Posted March 30, 2007 Share Posted March 30, 2007 Ce médecin-pilier argentin est devenu un avant incontournable du Stade Français. Portrait d’un rugbyman d’hier et d’aujourd’hui. Rodrigo Roncero, à Paris depuis deux ans, s’est taillé une grosse réputation chez les piliers du Top 14. Mais cet Argentin, qui devrait affronter la France pour l’ouverture de la Coupe du monde, a connu un parcours singulier dans le rugby professionnel. Récit d’un itinéraire, de la pampa argentine au Stade Français qui affronte Leicester dimanche en quarts de finale de la Coupe d’Europe. AUTANT LE DIRE. On a un faible pour les « bourriques » qui travaillent d’en haut. Les pénibles en mêlée qui connaissent chaque ligne de « Vivir para contarla » (*). Alors, forcément, l’autre jour, plein soleil, alors que la matinée s’étirait dans les tribunes du stade Jean-Bouin, on a passé un joli moment avec Rodrigo Roncero. Il y avait même une forme de nostalgie qui prenait forme à l’écouter parler. Parce qu’il est, au fond, Rodrigo, le rugby tel que l’on voudrait parfois qu’il demeure, ne serait-ce qu’ici et là,même si ce n’est pas le sens de l’histoire. Car, à choisir, on aime assez la sienne. Commencée là-bas, dans l’infini des plaines argentines, où paissent inlassablement les troupeaux sous le regard ombrageux des gauchos.« Je suis né dans la pampa, à 700 kilomètres au sud de Buenos Aires. Mais je n’ai pas eu le temps de connaître cette vie dans cette nature grandiose. Mes frères m’ont dit que cela avait été une forme de paradis. » Son père, chirurgien établi à Buenos Aires, avait décidé de quitter la ville pour aller soigner les plus démunis dans ce coin oublié du monde. « C’était une vocation, explique-t-il, parce que médecin de campagne dans la pampa argentine, cela veut dire une vie très simple. Les gens n’ont rien ; ils le payaient en poulets, en légumes. Cela a duré seize ans. Mais, quelque temps après ma naissance, nous sommes rentrés à Buenos Aires, afin que mon père retrouve une situation qui permette de payer les études de mes frères et soeurs. » Les cinq enfants deviendront avocat, psychologue, architecte... Rodrigo est le benjamin de la famille. Pendant que ses aînés bûchaient à l’université, lui coulait une enfance heureuse dans les rues de son quartier de Villa Urquiza. Bien entendu rhytmée par les vivats des matches de Boca Juniors. Car, en Argentine, on naît footballeur. On peut devenir banquier ou rugbyman, mais l’on naît footballeur. « Bien sûr, c’était mon rêve de jouer dans la “Bombonera”, le stade de Boca, mais j’ai vite compris qu’avec mon niveau de football, je n’y arriverais jamais. » Et pourtant, un jour, il jouera devant 80 000 personnes. Mais très loin de la Bombonera. Et avec une autre forme de ballon. Toujours cette histoire d’un copain qui en invite un autre à venir essayer le rugby. Et puis le copain y prend goût et y fait carrière. Lui tout de suite à la « pile ». « J’ai aimé ce poste, ça tombait bien parce que, vu mon physique, je n’aurais guère pu jouer ailleurs. » Suivra alors une belle jeunesse.« On se retrouvait tous les samedis. Au match, au club-house, et la fête jusqu’au petit matin. Quels beaux moments on a passés ! » Il y avait, parmi cette insouciante jeunesse du club Deportivo Francesco, Juan Martin Hernandez, devenu son coéquipier à Paris. Ensuite, il a fallu faire des études. Le rugby ne paie pas son homme en Argentine. De toute façon, Rodrigo ne s’est même pas posé la question. Il sera médecin, comme ce père exemplaire. « Ce n’était pas toujours facile, on s’entraînait trois fois par semaine. Je rentrais de l’entraînement vers 23 heures et ensuite, je bachotais jusqu’à 3 ou 4 heures du matin… Et je me levais à 7 heures pour aller en cours. » Il obtient son diplôme en 2001 et se destine à la spécialité des maladies infectieuses quand ce foutu destin s’en mêle. « J’ai eu mon diplôme le 28 décembre. Et, le 30 janvier, un agent est venu me proposer de jouer à Gloucester. Je lui ai dit : “Pourquoi pas ?” Mais je ne voulais pas abandonner mon métier pour jouer en équipe 2. Alors, on a fait un essai, concluant, et je suis parti en juin en Angleterre. Il serait venu un mois plus tard, j’aurais commencé ma spécialité, je ne serais jamais parti. Là je n’ai donc exercé que quelques mois. À Gloucester, au début, j’ai essayé de travailler à l’hôpital mais j’ai très vite arrêté. Ce n’est pas possible en s’entraînant tous les jours. Mais le problème, c’est comme tout métier : si tu ne pratiques pas, tu oublies. Alors, après la Coupe du monde, je vais entamer une spécialisation de médecine du sport. » À Paris, où il est arrivé en 2005 et dont il est désormais l’un des avants respectés; pilier gauche titulaire complet avec la blessure de Marconnet. Un vrai, dur et mobile.Comme souvent les hommes de la pampa, « parfois rudes mais toujours courtois », comme disait Audiard. Qui revient de blessure après quatre semaines d’arrêt, une pauvre côte cassée pour affronter Leicester et peut-être son pilier droit, Alejandro Moreno. Un autre Argentin. Alors, évidemment, on lui parle de la confrérie des hommes forts. « Une famille ? Je ne crois pas, entre nous , i l y a souvent des connasses… » Pardon, Rodrigo ? « Heu, de la connerie ? Faut que je progresse en français. Le problème c’est qu’avec Internet, tu cliques et trois jours après tu as les livres qui arrivent d’Argentine. Avec ma femme, on en commande quinze à vingt par mois. La littérature sud américaine, c’est si fort. Et puis cela me permet de garder un lien avec mon pays, ma culture. Mais, du coup, je ne lis qu’en espagnol. » Pas grave, Rodrigo, franchement. Pas grave. JEAN-CHRISTOPHE COLLIN L'Equipe (*) Vivre pour la raconter, l’autobiographie de Gabriel Garcia Marquez. Link to comment
leilei Posted March 30, 2007 Share Posted March 30, 2007 C'est sympa comme article Mirci Link to comment
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