L’usap Se Sent Mal Chez Elle

[Guest Xv-31]

Mécontents de la fronde de leur public dès l’entame du match face à Albi, les joueurs catalans l’avaient mauvaise samedi soir malgré la victoire. Le signe d’un malaise qui couve à chaque sortie un peu plus.

J’avais invité des amis d’Albi pour ce match et ils n’en sont pas revenus.

Ils m’ont dit, eh ben, si c’est ça le meilleur public de France!". La réflexion vient d’un vieil habitué d’Aimé-Giral, juste après le match, aussi catastrophé par le spectacle sur le terrain que par l’ambiance qui règne désormais autour. Une anecdote qui résume bien le malaise qui a entouré samedi la victoire catalane face à Albi et qui a visiblement meurtri les joueurs et le staff technique.

Tous sont venus s’épancher sur l’incompréhension qui est désormais la leur quand ils évoluent à Aimé-Giral. On a ainsi vu Christophe Manas applaudir ironiquement son public en première période, après que les premiers sifflets eurent résonné dans la cathédrale, dès le début de match. L’ailier catalan s’en est expliqué ensuite: La priorité, c’était de gagner ce match. Il y avait une équipe vraiment difficile à manœuvrer en face et on ne se sent pas aidé par le public à certains moments. Quand je vois que l’on siffle un joueur à son premier ballon raté, alors qu’on l’acclamait il n’y a pas si longtemps, je ne comprends plus". Une allusion évidemment au début de match de Manny Edmonds, certes manqué, mais qui ne risquait pas de se reprendre vu la fronde immédiate du public à son égard. Siffler ses joueurs ne pouvant qu’être contre-productif.

Une communication en question

Si on avait senti monter le phénomène ces dernières saisons, avec l’émergence d’un public moins rugby né de l’engouement nouveau que génère ce sport, il n’avait encore jamais atteint cette importance. D’autant plus inquiétante que l’USAP s’apprête à recevoir Biarritz, le 28avril, dans un match qui sera forcément décisif pour la qualification. Il ne faut d’abord pas tout mélanger et rappeler que les siffleurs restent quand même une minorité. Mais de moins en moins silencieuse.

Cette dérive vient d’abord d’une réalité que l’on ne peut nier, on s’ennuie ferme depuis quelques mois à Aimé-Giral devant le jeu de l’équipe catalane. Mais cela n’explique pas uniquement pourquoi le meilleur public de France est en passe de se transformer en un public de consommateurs.

On sent aussi clairement monter chez lui une exaspération née d’une incapacité du staff à assumer clairement les mauvais matches de son équipe. Les responsables biarrots, toulousains ou parisiens ne se gênent pas pour appeler un chat un chat quand leur équipe n’est pas à la hauteur de son standing. Le public ressent ainsi un complet décalage entre ce qu’il voit et les explications données par la suite. Est-il si difficile de faire comme Olivier Olibeau samedi soir qui nous déclarait: "J’assume les problèmes que nous avons rencontrés en touche car c’est moi qui étais responsable des annonces"?

Il existe enfin depuis longtemps un vrai problème de communication d’un club qui doit gérer un environnement plus pesant qu’ailleurs. Est-ce une coïncidence si après Julien Laharrague, ce sont Manny Edmonds et Nicolas Laharrague qui sont régulièrement pris pour cible alors que le club annonce ne plus compter sur eux pour la saison prochaine?

Involontairement, le club désigne lui même les cibles à la vindicte de son propre public. Du coup, c’est avec la peur au ventre que cette équipe évolue désormais à domicile où son manque de confiance saute aux yeux. Qu’on le veuille ou non, un club a toujours le public qu’il mérite. L’USAP se doit de prendre très vite à bras le corps ce problème, car personne n’a jamais été champion dans la division.

Benoît Brazès

http://www.lindependant.com

[catoc]

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