Guest Xv-31 Posted February 4, 2006 Share Posted February 4, 2006 René Bouscatel, président du Stade toulousain "Le rugby fonctionne encore sur des schémas du temps des amateurs" LE MONDE | 04.02.06 | 14h53 En France comme en Angleterre, fédérations et clubs discutent âprement la question de la mise à disposition de l'équipe nationale des joueurs internationaux employés par les clubs. Comment en est-on arrivé là ? Dans les deux pays, le rugby professionnel est organisé selon une structure de clubs. Ces derniers sont essentiels parce qu'ils forment les joueurs, qu'ils emploient, et ce sont des compétitions de clubs qui sont à la base de la vie du sport. En France, ces clubs font vivre plus de 1 000 joueurs professionnels. Or l'équipe de France concerne 30 joueurs au maximum en général, et environ 40 pendant l'année de préparation de la Coupe du monde. Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de solution à ce problème, notamment parce que le rugby n'est professionnel que depuis 1995, et que ses structures institutionnelles n'ont pas évolué depuis. On trouve à leur tête l'International Rugby Board (IRB), qui n'est pas une fédération mais une société commerciale, dominée par l'hémisphère Sud, région du monde où la structure du rugby repose sur des franchises provinciales. Et en plus, des ambitions personnelles, bonnes ou mauvaises, font que l'on ne remet pas en cause le système. On ne peut pas m'empêcher de penser que certaines positions du président Lapasset (président de la Fédération française de rugby) sont dictées par l'ambition légitime d'être à la tête de l'International Board. Ces structures institutionnelles ont le contrôle sur l'organisation des compétitions... Oui, et, là aussi, le rugby fonctionne encore sur des schémas du temps des amateurs. Dans l'hémisphère Nord, on continue avec un Tournoi des 6 nations qui se déroule tous les ans. On y a rajouté tous les quatre ans une Coupe du monde. Et à cela s'ajoutent les tournées de trois ou quatre semaines, en été et en automne. Tout cela fait au minimum 11 matches internationaux, les années hors Mondial. On peut arriver à 20 matches les années de Coupe du monde. Car le calendrier est ainsi géré que l'on ne supprime rien, on cumule. Quel est l'impact réel sur les clubs de la mise à disposition du XV de France de leurs joueurs ? Les clubs mettent les joueurs à la disposition de l'équipe de France pendant douze semaines sur quarante-deux lors de la saison sportive. Et on voudrait y rajouter de la préparation l'année précédant le Mondial. Cela viendrait fausser les compétitions de clubs deux années de suite. Au problème sportif s'ajoute le problème économique. Nous avons été échaudés par ce qui s'est passé après le Mondial 2003, où l'indemnisation des clubs n'a été que de 3 millions d'euros payables sur trois ans. La Ligue a fait mener un audit, qui a évalué le manque à gagner pour la Coupe du monde 2007 entre 14 et 18 millions, selon les options de préparation choisies. Mais le succès du XV de France ne bénéficie-t-il pas au rugby en général et aux clubs en particulier ? Nous sommes d'accord sur le fait que la priorité, c'est l'équipe nationale, mais cela ne veut pas dire faire n'importe quoi. Les intérêts de l'équipe nationale et des clubs ne sont pas contradictoires, mais ils sont concurrentiels. Que faut-il faire, selon vous ? Il doit y avoir moins de matches de manière que l'équité sportive ne soit pas faussée. Ensuite, il faut mettre en place un type de saison où il y aurait une plage pour les compétitions de clubs et une autre pour les compétitions internationales, et non pas trois comme aujourd'hui avec les matches d'automne, le Tournoi en février et les tournées d'été. L'autre nécessité serait d'harmoniser les saisons entre les hémisphères Nord et Sud. Car les nations du Nord sont pénalisées lors des Coupes du monde par ce décalage. Concrètement, comment le calendrier pourrait-il évoluer ? Il faut essayer de trouver une réduction équivalant à 5 matches. Pourquoi ne pas supprimer deux dates des tournées, au moins à titre transitoire, et jouer le Tournoi des 6 nations, non plus sur sept semaines mais sur six ? Et dans la Coupe d'Europe, passer de 9 matches à 6. Dans ce cadre, deux voies s'offrent à nous. Soit la négociation, soit les recours juridiques, fondés sur le principe d'équité sportive et sur le respect des règles économiques. C'est pourquoi si, pour l'année de la Coupe du monde, on nous dit que les clubs doivent se passer de leurs joueurs internationaux pendant un nombre conséquent de matches, je demanderai à mon conseil de surveillance de m'autoriser à engager des recours sur cette base. Arrivera-t-on à trouver une solution malgré ces débats qui traînent ? Je ne suis pas complètement pessimiste car, depuis une dizaine d'années, les choses ont plutôt bien évolué pour notre sport. On mettra peut-être beaucoup de temps, mais l'IRB finira par faire évoluer ses principes. Propos recueillis par Bertrand d'Armagnac Article paru dans l'édition du 05.02.06 Link to comment
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