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Le topic des "je sais tout, je suis été à l'école"


Manpat

Messages recommandés

il y a 1 minute, manpat31 a dit :

C'est bien dommage de perdre une occasion de se cultiver.

je sais, par contre je lis très bien les Haïku.

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Il y a 2 heures, tire-bouchon a dit :

je sais, par contre je lis très bien les Haïku.

Tu peux essayer d'en écrire  c'est du niveau CM2. 

"Tire bouchon mon cochon 

 Sous le soleil mange

 Radieux est son sourire" 

Franchement, je ne suis pas sûr que ce soit bon, mais j'ai arrêté mes études en CM2. 

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Chapitre 2 : Je ne veux plus être prof !

Je débutais avec les 5e, dont on m’avait dit que bon, "ça allait". Pas terribles terribles mais comparé aux 3e, ça allait (oui parce qu’ils ont confié une classe à exams à un débutant, ces fous. Si ce n'est pas un signe qu’ils n’en ont strictement rien à secouer, j’ignore ce qu’il vous faut).

Bref, je rentre dans la salle, en tentant de les toiser de toute ma hauteur afin d’appuyer un peu mon autorité (je suis assez grand, ça aide). Et l’effet est immédiat :

« M’sieur, vous avez quel âge ? Vous êtes jeune. Vous jouez aux jeux vidéo ? »

Aie. Le piège. Onizuka aurait sûrement répondu un truc du style « J’ai l’âge de sortir avec ta mère, petit con ». Moi, je balbutie difficilement un misérable « N… non mais c’est… c’est quoi ces questions, ça ne te regarde pas, enfin. »

Je ne m'attendais absolument pas à une telle interrogation. Si vite. Je me souviens qu’en tant qu’élève, JAMAIS je n’aurais osé la poser. J’avais peut-être des professeurs plus charismatiques en face de moi, cela dit. Notamment Monsieur S. qui m’aurait balancé un cahier à la tronche si j’avais eu le malheur de tenter de franchir la frontière dès le premier jour.

Et ça va vous paraître bête, mais j’ai su à cet instant précis que ma réaction maladroite et peu assurée serait symptomatique de mon futur échec de contractuel.

Bref, le cours débute, j’avais prévu une révision sur la voix active et la voix passive.

« C’est quoi ça ? »

Gros blanc.

« Comment ça, c’est quoi ça ? Voix active, voix passive, le chat mange la souris, la souris est mangée par le chat. »

Gros blanc.

« On n’a jamais vu ça, M’sieur.

- Vous plaisantez ou quoi. On voit ça en primaire. »

Quand tu débarques dans un collège après être passé par la case études, tu n’as absolument pas conscience du gouffre qui te sépare de tes élèves. Et les programmes s’étant appauvris, tu réalises que ce que tu pensais acquis en 5e ne l’est absolument pas. Bref, on a VU et non REvu la voix active et la voix passive, lorsque j’en aperçois un qui n’écrit rien. Je vais le voir :

« Je peux savoir pourquoi tu n’écris pas ?

- BAH j’ai pas envie, y a quoi ?

- BAH tu vas avoir envie, sinon je m’énerve. » (Je n’avais pas encore suivi ces formations miraculeuses où l’on t’apprend qu’il ne faut pas dire que tu es énervé car les élèves s’en tapent, mais que ça énerve le reste de la classe, afin de créer un sentiment de culpabilité et de dresser le groupe contre le paria. Grosse arnaque quand on y pense, car aujourd’hui, si je dis à un élève que je vais m’énerver, généralement ça le calme. Donc il y a tout de même une part d’assurance qui ne s’acquiert vraiment qu’avec l’expérience.)

Un bras de fer se lance alors. J’y passe 20 bonnes minutes, mais je ne cède pas. Il finit par écrire. Petite victoire, mais j’ignore alors qu’il faudra se battre absolument tous les jours avec ce gosse pour qu’il écrive trois lignes (pour cesser quand tu as le dos tourné)

Par contre, gros souci qui va vite prendre de l’ampleur : les élèves ne la ferment pas une seconde. Les bavardages fusent de partout, à la moindre occasion. J’ignore qui punir tant le bruit est général et diffus. Et je n’ai aucune idée de l’existence d’une échelle des sanctions. Moi, je balance des heures de colle dès qu’on me casse la tête. J’en délivre donc une dizaine dès le premier cours. La vie scolaire est RA-VIE.

Ma deuxième et unique heure du mardi se déroule un peu mieux. Je travaille sur « La parure » de Maupassant, et comme j’aime beaucoup cette nouvelle, c’est un peu moins galère. Enfin, mes cours ne ressemblent à rien, moi non plus, mais la classe est très sympa. Je comprends très tôt qu’ils savent que je débute, et jamais ils ne tentent de me piéger. Au contraire, même, ils sympathisent avec moi de manière plutôt saine. Les quelques rigolos sont des comiques gentils, ils rient avec le prof et non contre le prof (d’ailleurs pour l’anecdote, c’était l’époque du délire sur Morsay et je les avais surnommés les truands de la grammaire, en référence aux Truands 2 la galère, ce qui les faisait beaucoup rire).

Le soir, je contacte tout de même la collègue remplacée (à sa demande : elle s’inquiétait pour ses élèves et voulait de leurs nouvelles. Je trouvais ça très étrange. À l’époque, je n’avais pas assez d’empathie pour imaginer une seule seconde que l’on puisse s’inquiéter, sur son temps libre, pour les enfants des autres). Je lui parle alors du gamin bizarre qui ne veut pas écrire.

« Aaaah, c’est Dylan. Y a rien à faire. Même moi je n’y arrive pas. Alors je lui donne le dictionnaire à recopier, il aime bien. En ce moment, il en est aux F. »

Bon, ça m'interpelle un peu. Je me dis que si même elle n’y parvient pas, alors je ne ferai pas de miracle. Mais bon, cinq ans d’études pour faire recopier le Larousse, c’est chaud. Puis, le gars préfère se taper le recopiage d’un dico plutôt que de récrire trois lignes de cours. N’importe quoi.

J’apprends aussi qu’elle le trouve « mignon et attachant malgré tout ». Le concept me dépasse car j’ai bien du mal à concevoir qu’un gamin qui n’a que huit ou neuf ans de moins que moi puisse être « mignon ». Un bébé peut me sembler mignon, mais la différence d’âge avec Dylan est vraiment trop réduite pour que j’éprouve le moindre attendrissement à son sujet. Et à dire vrai, je le trouve même complètement con.

Enfin, dans la discussion, j’apprends qu’une de mes élèves de 4e a 18 ans, car elle a redoublé plusieurs fois. Incroyable. Je n’avais rien remarqué, on dirait vraiment une gamine, même mentalement. Parfaitement intégrée à sa classe. 4 ans nous séparent, mais elle est encore en 4e. Ça me fait un petit peu de la peine. Je me mets à l’imaginer venir au collège en voiture, claquer la portière et enfiler son Eastpak.

Quant à moi, je prépare mes cours du lendemain (je découvrirai vite que tous les soirs, je me coucherai à 3h. Je ne m’attendais pas à une telle montagne de taf. Je serai rapidement débordé).

En effet, le lendemain, je rencontre mes élèves de 3e, dont on m’a vanté les tristes mérites. Je dois donc être parfait, sans la moindre faille. Il ne faut surtout pas qu’ils grillent que je débute. Et surtout… qu’il n’y ait aucun temps mort.

Je regagne confiance en moi car la première journée s’est déroulée à peu près correctement (malgré des bavardages déjà trop récurrents en 5e).

La nuit passe, trop courte, suivie d’un trajet, trop long. Je pars à la rencontre de mes gentils poussins de 14-15 ans. Et tout se passe à MERVEILLE. À tel point que je quitte l’établissement, le soir, avec cette pensée guillerette en tête :

« Putain. Je ne veux plus être prof. »

À suivre (J’espère que vous aimez l’effet narratif de cette fin de chapitre 2. C’est pour la jouer façon flash-back, comme les intros nazes de films où tout débute par une situation catastrophique, puis l’écran freeze et le personnage principal déclare : « Vous vous demandez comment tout cela est arrivé ? Laissez-moi vous raconter depuis le début ! »

Bref, à suivre !

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Il y a 7 heures, manpat31 a dit :

Enfin, dans la discussion, j’apprends qu’une de mes élèves de 4e a 18 ans, car elle a redoublé plusieurs fois.

Non mais c'est vraiment possible, ça ? :o

 

Surtout de nos jours où les redoublements n'existent quasiment plus. :huh:

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il y a une heure, Gabi a dit :

Non mais c'est vraiment possible, ça ? :o

 

Surtout de nos jours où les redoublements n'existent quasiment plus. :huh:

 

Autre époque mais quand je suis arrivé en 6ème il y avait dans ma classe un élève qui avait presque 16 ans, donc l’âge de pouvoir être déscolarisé, c’est ce qu’il a fait quelques semaines ou mois plus tard. 

Je te raconte pas le choc quand tu as à peine 11 ans, que tu sors de primaire et que tu tombes sur un mec comme ça dans ta classe. 

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il y a 9 minutes, RMP a dit :

 

Autre époque mais quand je suis arrivé en 6ème il y avait dans ma classe un élève qui avait presque 16 ans, donc l’âge de pouvoir être déscolarisé, c’est ce qu’il a fait quelques semaines ou mois plus tard. 

Je te raconte pas le choc quand tu as à peine 11 ans, que tu sors de primaire et que tu tombes sur un mec comme ça dans ta classe. 

Putain, 5 redoublements en primaire, c'est incroyable ! :o

 

De nos jours, on dirait que c'est parce que c'était un génie (euh, pardon... un Haut Potentiel) et qu'il s'ennuyait en classe. :rolleyes:

Modifié par Gabi
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il y a une heure, Gabi a dit :

Putain, 5 redoublements en primaire, c'est incroyable ! :o

 

De nos jours, on dirait que c'est parce que c'était un génie (euh, pardon... un Haut Potentiel) et qu'il s'ennuyait en classe. :rolleyes:

 

Il n’y avait pas que des redoublements en primaire, il devait être à sa troisième classe de 6ème, il connaissait bien l’établissement. 

  • Confus 1
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Il y a 2 heures, Gabi a dit :

Non mais c'est vraiment possible, ça ? :o

 

Surtout de nos jours où les redoublements n'existent quasiment plus. :huh:

Oui, on trouve de tout maintenant, certainement une gosse qui est là pour être protégée de quelque chose ; cette année, on a un élève de 22 ans en 1ère année de CAP !

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il y a 1 minute, manpat31 a dit :

Oui, on trouve de tout maintenant, certainement une gosse qui est là pour être protégée de quelque chose ; cette année, on a un élève de 22 ans en 1ère année de CAP !

Y'a des blagues où on dit que l'élève est plus vieux que le prof. Mais s'il faut, c'est déjà arrivé ! :biggrin:

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il y a 53 minutes, Gabi a dit :

Y'a des blagues où on dit que l'élève est plus vieux que le prof. Mais s'il faut, c'est déjà arrivé ! :biggrin:

Pas loin en tout cas, j'ai une collègue de 23 ans !
En 1992, en seconde BEP Carrosserie, j'avais un élève qui avait une licence d'histoire, 20 ans au milieu des kékés de 15 ans. J'en ai fait un allié précieux.

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Il y a 10 heures, manpat31 a dit :

Chapitre 2 : Je ne veux plus être prof !

Je débutais avec les 5e, dont on m’avait dit que bon, "ça allait". Pas terribles terribles mais comparé aux 3e, ça allait (oui parce qu’ils ont confié une classe à exams à un débutant, ces fous. Si ce n'est pas un signe qu’ils n’en ont strictement rien à secouer, j’ignore ce qu’il vous faut).

Bref, je rentre dans la salle, en tentant de les toiser de toute ma hauteur afin d’appuyer un peu mon autorité (je suis assez grand, ça aide). Et l’effet est immédiat :

« M’sieur, vous avez quel âge ? Vous êtes jeune. Vous jouez aux jeux vidéo ? »

Aie. Le piège. Onizuka aurait sûrement répondu un truc du style « J’ai l’âge de sortir avec ta mère, petit con ». Moi, je balbutie difficilement un misérable « N… non mais c’est… c’est quoi ces questions, ça ne te regarde pas, enfin. »

Je ne m'attendais absolument pas à une telle interrogation. Si vite. Je me souviens qu’en tant qu’élève, JAMAIS je n’aurais osé la poser. J’avais peut-être des professeurs plus charismatiques en face de moi, cela dit. Notamment Monsieur S. qui m’aurait balancé un cahier à la tronche si j’avais eu le malheur de tenter de franchir la frontière dès le premier jour.

Et ça va vous paraître bête, mais j’ai su à cet instant précis que ma réaction maladroite et peu assurée serait symptomatique de mon futur échec de contractuel.

Bref, le cours débute, j’avais prévu une révision sur la voix active et la voix passive.

« C’est quoi ça ? »

Gros blanc.

« Comment ça, c’est quoi ça ? Voix active, voix passive, le chat mange la souris, la souris est mangée par le chat. »

Gros blanc.

« On n’a jamais vu ça, M’sieur.

- Vous plaisantez ou quoi. On voit ça en primaire. »

Quand tu débarques dans un collège après être passé par la case études, tu n’as absolument pas conscience du gouffre qui te sépare de tes élèves. Et les programmes s’étant appauvris, tu réalises que ce que tu pensais acquis en 5e ne l’est absolument pas. Bref, on a VU et non REvu la voix active et la voix passive, lorsque j’en aperçois un qui n’écrit rien. Je vais le voir :

« Je peux savoir pourquoi tu n’écris pas ?

- BAH j’ai pas envie, y a quoi ?

- BAH tu vas avoir envie, sinon je m’énerve. » (Je n’avais pas encore suivi ces formations miraculeuses où l’on t’apprend qu’il ne faut pas dire que tu es énervé car les élèves s’en tapent, mais que ça énerve le reste de la classe, afin de créer un sentiment de culpabilité et de dresser le groupe contre le paria. Grosse arnaque quand on y pense, car aujourd’hui, si je dis à un élève que je vais m’énerver, généralement ça le calme. Donc il y a tout de même une part d’assurance qui ne s’acquiert vraiment qu’avec l’expérience.)

Un bras de fer se lance alors. J’y passe 20 bonnes minutes, mais je ne cède pas. Il finit par écrire. Petite victoire, mais j’ignore alors qu’il faudra se battre absolument tous les jours avec ce gosse pour qu’il écrive trois lignes (pour cesser quand tu as le dos tourné)

Par contre, gros souci qui va vite prendre de l’ampleur : les élèves ne la ferment pas une seconde. Les bavardages fusent de partout, à la moindre occasion. J’ignore qui punir tant le bruit est général et diffus. Et je n’ai aucune idée de l’existence d’une échelle des sanctions. Moi, je balance des heures de colle dès qu’on me casse la tête. J’en délivre donc une dizaine dès le premier cours. La vie scolaire est RA-VIE.

Ma deuxième et unique heure du mardi se déroule un peu mieux. Je travaille sur « La parure » de Maupassant, et comme j’aime beaucoup cette nouvelle, c’est un peu moins galère. Enfin, mes cours ne ressemblent à rien, moi non plus, mais la classe est très sympa. Je comprends très tôt qu’ils savent que je débute, et jamais ils ne tentent de me piéger. Au contraire, même, ils sympathisent avec moi de manière plutôt saine. Les quelques rigolos sont des comiques gentils, ils rient avec le prof et non contre le prof (d’ailleurs pour l’anecdote, c’était l’époque du délire sur Morsay et je les avais surnommés les truands de la grammaire, en référence aux Truands 2 la galère, ce qui les faisait beaucoup rire).

Le soir, je contacte tout de même la collègue remplacée (à sa demande : elle s’inquiétait pour ses élèves et voulait de leurs nouvelles. Je trouvais ça très étrange. À l’époque, je n’avais pas assez d’empathie pour imaginer une seule seconde que l’on puisse s’inquiéter, sur son temps libre, pour les enfants des autres). Je lui parle alors du gamin bizarre qui ne veut pas écrire.

« Aaaah, c’est Dylan. Y a rien à faire. Même moi je n’y arrive pas. Alors je lui donne le dictionnaire à recopier, il aime bien. En ce moment, il en est aux F. »

Bon, ça m'interpelle un peu. Je me dis que si même elle n’y parvient pas, alors je ne ferai pas de miracle. Mais bon, cinq ans d’études pour faire recopier le Larousse, c’est chaud. Puis, le gars préfère se taper le recopiage d’un dico plutôt que de récrire trois lignes de cours. N’importe quoi.

J’apprends aussi qu’elle le trouve « mignon et attachant malgré tout ». Le concept me dépasse car j’ai bien du mal à concevoir qu’un gamin qui n’a que huit ou neuf ans de moins que moi puisse être « mignon ». Un bébé peut me sembler mignon, mais la différence d’âge avec Dylan est vraiment trop réduite pour que j’éprouve le moindre attendrissement à son sujet. Et à dire vrai, je le trouve même complètement con.

Enfin, dans la discussion, j’apprends qu’une de mes élèves de 4e a 18 ans, car elle a redoublé plusieurs fois. Incroyable. Je n’avais rien remarqué, on dirait vraiment une gamine, même mentalement. Parfaitement intégrée à sa classe. 4 ans nous séparent, mais elle est encore en 4e. Ça me fait un petit peu de la peine. Je me mets à l’imaginer venir au collège en voiture, claquer la portière et enfiler son Eastpak.

Quant à moi, je prépare mes cours du lendemain (je découvrirai vite que tous les soirs, je me coucherai à 3h. Je ne m’attendais pas à une telle montagne de taf. Je serai rapidement débordé).

En effet, le lendemain, je rencontre mes élèves de 3e, dont on m’a vanté les tristes mérites. Je dois donc être parfait, sans la moindre faille. Il ne faut surtout pas qu’ils grillent que je débute. Et surtout… qu’il n’y ait aucun temps mort.

Je regagne confiance en moi car la première journée s’est déroulée à peu près correctement (malgré des bavardages déjà trop récurrents en 5e).

La nuit passe, trop courte, suivie d’un trajet, trop long. Je pars à la rencontre de mes gentils poussins de 14-15 ans. Et tout se passe à MERVEILLE. À tel point que je quitte l’établissement, le soir, avec cette pensée guillerette en tête :

« Putain. Je ne veux plus être prof. »

À suivre (J’espère que vous aimez l’effet narratif de cette fin de chapitre 2. C’est pour la jouer façon flash-back, comme les intros nazes de films où tout débute par une situation catastrophique, puis l’écran freeze et le personnage principal déclare : « Vous vous demandez comment tout cela est arrivé ? Laissez-moi vous raconter depuis le début ! »

Bref, à suivre !


J’ai été contractuel en SEGPA l’année où j’ai eu mon concours.

 

Je me retrouve beaucoup dans ce qui est dit dans ce texte.

 

Bon, moi la nana que je remplaçais était partie en arrêt maladie car elle n’en pouvait plus, toutes les classes me testaient en permanence, et quand tu lâches un peu du lest, c’est pratiquement impossible de récupérer derrière.

 

Et la vie scolaire ne gérait absolument pas les SEGPA, donc si tu leur mettais une heure de retenue c’était pour ta gueule.

 

Ce qu’on ne dit pas aux étudiant, et neo professeur, ou pas assez, c’est que ton autorité, ce n’est pas tant toi qui va la faire que ton cours.

Si tu maîtrises ton sujet, que tu sais où tu vas, que tu peux anticiper plus ou moins le déroulé de ton cours pour ne pas perdre tes élèves, tu as de bonnes fondations pour maintenir ta classe à flot.

 

Je ne dis pas que ça te garantira une classe paisible, mais avec des relous si tu n’as pas ça tu es mort. Ils le sentent quand ils ont quelqu’un de pas sûr de lui en face d’eux.

 

Et quand tu débutes, difficile quand même d’être sûr de ta pédagogie.

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Comme je compatis.

CQFD !

La base. D'où l'intérêt d'avoir un "bon" niveau".

Modifié par manpat31
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Chapitre 3 – Bienvenue au zoo.

Je file récupérer ma classe de 3e dans les rangs et… aie.

C’est quelque chose qui se remarque directement. Dans les regards, l’attitude, l’aplomb. Ça va être l’enfer. Ils sont bruyants, exubérants. Éparpillés. J’ai le sentiment de me retrouver face à un essaim de bruit et d’insolence.

Déjà, à peine avancé-je pour les guider que j’entends deux gamines chuchoter derrière moi, beaucoup trop fort : « Mate un peu son cul ! »

J'ignore totalement si je dois réagir. La scène potentielle se déroule à cent à l’heure dans ma tête. Je vais devoir jouer la colère, marquer le coup car c’est grave, devoir l’annoncer au principal adjoint cowboy, me taper la honte alors que je ne suis « prof » (faites de gros guillemets avec vos doigts en lisant ça, svp) que depuis 24h. Je fais semblant de n’avoir rien entendu et je continue mon chemin.

Dès l’entrée en classe, c’est la foire. Entre ceux qui s’assoient, ceux qui restent debout, ceux qui en profitent pour changer de place par rapport à leur plan habituel, ceux qui se vannent, se frappent, vont faire n’importe quoi à la fenêtre. « What the fuck », me dis-je en me demandant si je peux moi aussi faire n’importe quoi à la fenêtre et, si possible, l’ouvrir et me barrer à toutes jambes. Si ceux qui n’ont jamais enseigné lisent ce témoignage, il faut s’imaginer face à une déferlante, sauf que vous ne savez pas nager. Crier n’y fera rien, et c’est pourtant votre seul réflexe de survie.

Je mets au moins 20 minutes à les faire asseoir. Une éternité à les faire taire. Je ne me souviens plus de ce que l’on étudiait, ni même si on est parvenu à l’étudier. Dès que j’avais un espoir de silence, il y avait toujours un gland pour le briser avec une blague, un cri d’animal ou autre.

Et, alors que tout espoir semblait perdu, une main innocente se dresse. Ouf. Enfin une question, sur laquelle je pourrai rebondir pour, peut-être, en tout cas je l’espère, initier un début d’élan pédagogique.

« Oui, Kyllian ?

- M’SIEUR ! J’ARRIVE À PRENDRE MON ZIZI AVEC MON POUCE ! »

La classe éclate de rire. Qu’il est con ce Kyllian, y a que lui pour être aussi drôle, ah ah ah.

Je lui lance alors :

« Pas étonnant à ton âge. Le pouce suffit pour en faire le tour. »

Un immense « POOOOOOOOH » s’élève. Kyllian en prend plein la tronche par ses camarades. Je me dis que ça en fait au moins un de calmé, parce qu’il est bien dégouté. Ça mériterait presque une photo finish, que l’on encadrerait à l’entrée de la salle pour lui rappeler À VIE son histoire de zizi dans le pouce.

Étrangement, ça canalise un peu la classe qui daigne suivre le cours en faisant un poil moins de bruit (enfin, tout est relatif. Imaginez-vous quand même faire cours à côté d’une rue en travaux. Ça donne à peu près ça. Sauf qu’au moins, les pelleteuses, elles, ne prennent pas leur zizi dans le pouce)

J'ose croire naïvement que la classe est acquise et que cette confrontation aura suffi. C’est sans compter qu’une classe comme celle-ci, c’est TOUS LES JOURS que tu dois la conquérir, sans forcément la victoire assurée.

Petite parenthèse narrative à cet instant du récit : j’avais un problème, particulièrement, avec une gamine, que l’on appellera Alia (Je modifie tous les prénoms, vous imaginez bien). C’est l’une des deux élèves ayant fait la remarque sur mon cul. Elle a entrepris d’être très provocatrice avec moi, me parle avec une voix mielleuse en se dandinant, façon drague exacerbée, de très mauvais goût. Cela fait beaucoup rire ses camarades. Moi, ça me met mal à l’aise, car on touche à un interdit. On ferme les yeux, on se bouche les oreilles, on ne souhaite même pas que le sujet soit mis sur la table. On veut juste l’ignorer, faire comme s’il ne s’était rien passé. Alors bien sûr, je la remets à sa place, mais ma réaction est bien trop impersonnelle, bien trop floue, elle ne vise par le cœur du problème. Je n’ose pas poser des mots sur ce qu’elle est en train de faire. Je commets l’erreur de ne pas en parler à Lucky Luke (or il faut en parler ! C’est le moi du présent qui intervient, là ! Si des élèves ont une attitude déplacée envers vous, il faut tirer la sonnette d’alarme au plus vite et ne pas faire l’autruche !). Je crois que dans un sens, je culpabilisais. Je me disais que c’était sûrement ma faute : si j’avais été plus autoritaire, ça ne se serait pas produit, elle n’aurait même pas tenté de jouer à ce jeu. C’est d’une grande bêtise, car c'est un raisonnement assez similaire à celui qui consiste à dire, dans une affaire de harcèlement, que la victime l’avait bien cherché. Bref, la seule solution que je trouverai avec Alia, c’est de l’exclure presque automatiquement avec comme motif très vague : « Grande insolence à l’égard de son professeur ». Cela suffira malgré tout à ne plus avoir à subir ça. Moi du passé, vraiment, tu étais mauvais ! Mais fermons cette parenthèse et reprenons le fil du récit.

La journée se poursuit avec mes 5e de la veille (on est passé à un niveau de bavardage qui explose le mur du son, à tel point que j’ai parfois le collègue de la salle voisine qui vient demander le calme à ma place. Niveau décrédibilisation de ton autorité, ça se pose là).

Et une nouvelle classe de 5e horrible, infâme, presque du même acabit que mes 3e. Sauf qu’il y a un détail bien plus dangereux qu'escompté : tu ne peux pas chambrer un 5e avec autant de virulence qu’un 3e. Parce que derrière leurs masques de rebelles de la forêt, ce sont encore des enfants. Or moi, je leur assène des punchlines bien sèches, qu’ils rapportent immédiatement à leurs parents le soir venu.

Et j’ai beau avoir passé une chouette séance avec les 4e (Je percute en écrivant ces lignes qu’ils ont 25 ans aujourd’hui, ça fait peur, non ?), j’ai aussi vécu l’enfer avec les trois autres.

Surtout qu’ils ont fini par davantage prendre leurs aises, et certaines de mes séances étaient un vrai zoo.

J’avais perdu tout contrôle. J’avais même eu un élève qui, un jour, avait pris ma veste, s’était assis à mon bureau et avait déclaré : « Regardez, je suis devenu prof » pendant que j’aidais une petite à corriger un travail de rédaction.

À ce stade, c’est le point de non-retour. Je distribuais toujours les heures de colle comme Jésus multipliait les pains, surtout auprès des 5e qui avaient fini par me détester.

Un gamin m’avait, à ce sujet, interpellé :

« M’sieur , j’aime pas être là. »

Ce à quoi j’avais répondu :

« Moi non plus, mais contrairement à toi, je suis payé pour. »

J’ai aussi un élève qui m’a traité de « sale pd » quand j’ai ramassé son carnet pour lui mettre un mot. Le soir, j’appelle les parents, lesquels me répondent : « C’est parce que vous manquez d’autorité, sinon il n’aurait jamais osé dire ça ».

Un carnage du début à la fin. Un calvaire de deux LOOOONGS mois qui en paraissent mille, sauf sur le bulletin de salaire. Si bien qu’un beau matin, je suis convoqué dans le bureau de Lucky Luke (il a pas peur de personne) :

« Monsieur RIP, je vous ai fait venir pour faire le point avec vous, car j’ai reçu de nombreux mails de plainte de la part des parents qui remettent en question votre autorité et votre pédagogie. Je sais que vous êtes en difficulté, et j’ai demandé l’intervention d’un inspecteur qui viendra assister à l’une de vos séances pour vous donner des conseils. »

Ma fierté en prend un coup mais je me dis qu’il a quand même un peu de chance, cet inspecteur : il va pouvoir visiter un zoo pour pas un rond, alors que Beauval, ça tourne plutôt autour de 30 balles l’entrée.

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Il y a 4 heures, manpat31 a dit :

« Monsieur RIP, je vous ai fait venir pour faire le point avec vous, car j’ai reçu de nombreux mails de plainte de la part des parents qui remettent en question votre autorité et votre pédagogie. Je sais que vous êtes en difficulté, et j’ai demandé l’intervention d’un inspecteur qui viendra assister à l’une de vos séances pour vous donner des conseils. »

Ma fierté en prend un coup mais je me dis qu’il a quand même un peu de chance, cet inspecteur : il va pouvoir visiter un zoo pour pas un rond, alors que Beauval, ça tourne plutôt autour de 30 balles l’entrée.

Je trouve ça très bien comme initiative.

Je ne sais pas si c'est du pipeau (la suite de l'histoire nous le dira ) mais le principe d'aide externe par un inspecteur est intéressant.

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Chapitre 4 – Great T̶e̶a̶c̶h̶e̶r̶

"L’inspecteur viendra en fin de semaine."

Voici l’unique pensée qui m’animait à chaque heure de ma vie. Celle-ci, et « comment empêcher Dorian de se lever en plein cours pour aller mettre une claque à Nabil ». Entre autres. Bon, d’accord, beaucoup trop de questions, en réalité.

Et je ne trouve aucun réconfort en salle des profs. D’abord parce que j’ai le sentiment d’être un imposteur. Je ne suis tout simplement PAS un professeur, mais un gamin déguisé en professeur. Je n’arrive même pas à me reconnaître quand on m’appelle "Monsieur", et dès lors qu’on y ajoute mon nom de famille, je crois que l’on s’adresse à mon père.

Autant dire que perdu au milieu de cette foule savante, je ne suis qu’un étudiant qui a voulu voler trop près du soleil. Je m’imagine en Kid Paddle, portant Horace à bout de bras sous un imper afin de berner le guichetier et visionner un film interdit aux mineurs. Et les collègues ne m’aident vraiment pas. Étant d’une timidité outrancière, je n’ose m’approcher de qui que ce soit. Je reste discrètement dans mon coin. Je me souviens que seule une collègue d’anglais, Lucie, faisait le premier pas. Elle avait un côté assez grande gueule que j’aimais beaucoup, sûrement par fascination et contraste avec le moi de l’époque. Elle me disait « Non mais t’hésites pas, tu les défonces. C’est eux ou toi. Moi aussi je les ai, tes petits cons de 3e. Alors c’est pas agréable hein, je passe mon temps à les défoncer. Je n’en ressors pas satisfaite, mais avec une classe aussi ingérable, c’est la seule chose à faire ». Bien sûr, J’aimerais que ce soit aussi simple, mais je n’ai pas son aisance. On sent qu’elle en a bavé, qu’elle a su se forger une assurance que seule l’expérience peut nous offrir. J’éprouve tout de même beaucoup de reconnaissance pour elle, car c’est bien la seule à braver ma timidité maladive et à me soutenir à chaque récréation.

Pour ce qui est des autres collègues… je me souviens de l’anniversaire de l’un d’entre eux, avec des plats qui passent de main en main sans transiter par les miennes, parfois juste sous mon nez. Je fais alors semblant de corriger des copies pourtant déjà corrigées afin de me donner une contenance. Ainsi, c’est moi qui choisis d’être trop occupé pour festoyer, ce n’est pas comme si j’étais mis à l’écart par le groupe.

Puis le jour fatidique arrive. L’inspection conseil. Je me suis paré moralement. En réalité, je rumine tellement chaque soir que je suis bien décidé à en découdre. J’ai l’image d’un vieux grincheux austère en costume, qui va m'asséner des vérités cinglantes et me jeter plus bas que terre. Il sera bien reçu, car je compte lui faire payer l’injustice de ma situation. Je commence en effet à avoir assez de recul pour réaliser qu’il est scandaleux d’envoyer des jeunes aussi inexpérimentés au turbin, sans la moindre vérification de leur capacité à se tenir devant un jeune public.

Première surprise : il ne correspond pas du tout à l’image que je m’étais faite. La cinquantaine, encore des cheveux (pas autant que moi car à l’époque, j’arborais un magnifique raton-laveur tombant sur les yeux, à la Justin Bieber croisé avec Zac Efron, période High High School Musical), des lunettes, et surtout, un… sourire. Il me serre chaleureusement la main et assiste à une séance avec les 4e, les plus sympathiques de tous mes élèves.

Je suis extrêmement angoissé et je découvre la grande difficulté de jouer un tour de magie devant un public dont l’un des spectateurs connaît les ficelles (un sentiment que je n’apprécie toujours pas aujourd’hui). Les élèves sont, comme à leur habitude, attachants et de bonne volonté. Toujours un peu brouillons mais je capte une vraie bienveillance de leur part. D’ailleurs, l’un d’entre eux glisse à l’inspecteur en fin d’heure :

« Vous allez lui mettre une bonne note, hein ? »

Vient le moment de l’entretien. Deuxième surprise : il est effectivement aussi compréhensif et à l’écoute que son sourire le laissait présager. Je perds toute intention belliqueuse à son égard, car le bonhomme semble conscient de l’absurdité de la situation. Il ne le dit pas concrètement, mais il me fait bien comprendre qu’il sait. Que je suis jeune, que l’on n’aurait jamais dû me confier une telle responsabilité, un temps plein qui plus est, avec si peu (c’est-à-dire pas du tout) d’expérience :

« Bien sûr, vous débutez, donc on peut trouver à redire sur beaucoup de choses ! Votre lecture du texte, par exemple, manque de conviction car vous êtes terrorisé à l’idée de vous y investir pleinement, vous avez encore cet élève en vous qui n'ose pas mettre le ton. On l’a tous vécu, c’est normal. C’est surtout une question de posture. C’est ce qui nuit à votre autorité : votre jeunesse vous rend vulnérable. Mais paradoxalement, elle génère une sympathie très sincère chez votre public. Vos élèves, là, ils vous apprécient beaucoup, je l’ai bien vu dans leur manière de se comporter avec vous. Croyez-moi, ils savent parfaitement que vous débutez, mais ils vous aiment bien et estiment les connaissances que vous avez et qu’ils n’ont pas. Et ce n’est pas parce que ça n’a pas fonctionné une fois que c’est définitif. C’est un métier difficile au cours duquel on peut souvent chuter. La vocation n’existe pas,, vous savez. C’est un vrai métier, avec des compétences, que l’on peut acquérir certes, mais il faut du temps, beaucoup de temps. Vous pouvez vous aussi les acquérir, et vous en avez déjà. Le contenu de vos séances, il est très solide, par exemple.»

Je lui réponds alors :

« Ce que vous me dites me va droit au cœur, mais vous savez… vous tombez sur ma seule classe agréable. Pour le reste, c’est un désastre. Il aurait fallu que vous assistiez à mes séances avec les 3e. Je n'y arrive vraiment pas. Ils n'ont pas cette sympathie envers moi, justement. Leur présence est écrasante, je ne sais absolument pas quoi faire. Et j’ai l’impression que c’est beaucoup trop tard. J’ai laissé s’installer de très mauvaises habitudes. »

Il en convient, et me demande ce que je compte faire :

« Démissionner. Ça ne sert plus à rien ici. Je pense que j’en ai fait le tour, que je ne parviendrai pas à de meilleurs résultats.

- C’est peut-être une bonne chose effectivement. Mais cela ne veut pas dire que je ne crois pas en vous. Une démission peut être rédhibitoire auprès de l’administration, mais si vous voulez retenter une expérience avant de vous lancer, j’écrirai personnellement afin que l’on retienne votre candidature. »

J’ignore encore aujourd’hui ce qui le pousse à me tenir ce discours. Croit-il vraiment en moi, ou est-il conscient d’une pénurie croissante de personnels pour assurer les missions de remplacement ? Peut-être un peu des deux.

Je le remercie pour ses encouragements, mais je décline l’invitation, prétextant que je préfère tout miser sur la préparation du concours. J’attends les résultats des épreuves écrites (dont je vous reparlerai plus en détails dans le chapitre suivant), même si, entre nous, j’espère ne pas être admissible aux oraux, afin de tracer une croix définitive sur ma « vocation » enseignante.

Mes élèves apprennent que je me tire dans quelques jours. Les 4e sont dégoutés, les 3e en profitent pour être encore plus odieux qu’ils ne l’étaient. Quand je termine ma journée avec les 5e, une petite élève surdouée vient me voir et me chante maladroitement « Merci Monsieur le professeur », alors que je tourne pour la dernière fois la clé dans la serrure. J’ai un pincement au cœur entremêlé d’un sentiment de malaise (la scène est improbable, non ? En plus, ça me fait salement penser à un clip de la Star Ac’ qui passait à l’époque et qui me blasait atrocement).

Je prends le train pour chez mes parents, je me cale devant la télé avec un bol de Chocapic, je prends mon plus beau feutre mental pour barrer le T de l’expression GTR (Great Teacher Rip, bien sûr !), et je déconstruis / reconstruis le puzzle de mon avenir, auquel j’ai l’impression qu’il manque des pièces.

Je tombe sur un mail de ma fac évoquant la clôture récente des candidatures au Master Création Éditoriale, me découvre aussitôt une passion immédiate pour le milieu de l’édition, me saisis à nouveau de mon feutre mental et trace fièrement, dans un coin de ma tête, en lettres d’or : Great Editor Rip !

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Le pauvre, il est complètement paumé.

 

Quel est l'intérêt de faire un "master de recherche en littérature moderne et contemporaine" (sic) si ce n'est pas pour être prof, sachant que c'est le seul débouché de ce genre d'étude (ou bibliothécaire comme il dit) ?

Et encore, il a eu l'intelligence de refuser une thèse. Ouf.

 

Pourquoi subventionne t'on massivement des étudiants pendant 4 ou 5 ans dans des cursus qui les amène finalement à changer de voie ?

M'enfin, bonne chance à lui dans son nouveau cursus dans l'édition (choisi au pif visiblement).

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il y a une heure, Gabi a dit :

Le pauvre, il est complètement paumé.

 

Quel est l'intérêt de faire un "master de recherche en littérature moderne et contemporaine" (sic) si ce n'est pas pour être prof, sachant que c'est le seul débouché de ce genre d'étude (ou bibliothécaire comme il dit) ?

Et encore, il a eu l'intelligence de refuser une thèse. Ouf.

 

Pourquoi subventionne t'on massivement des étudiants pendant 4 ou 5 ans dans des cursus qui les amène finalement à changer de voie ?

M'enfin, bonne chance à lui dans son nouveau cursus dans l'édition (choisi au pif visiblement).

 

Tu as lu en diagonale non ?

 

Car il est toujours prof.

 

Merci @manpat31 de nous partager ça, je ne connaissais pas, et ça m'aurait sans doute soulagé de le lire il y a quelques années (heureusement l'équipe avec laquelle je bossais était sympa).

Mais j'ai vécu exactement la même chose. Ce moment où tu luttes pour ne pas te barrer de la classe en courant. Les 3e de 16 ans (et oui, SEGPA donc ils ont quasiment tous un an de retard) qui s'amuse à se bagarrer en plein cours, en t'ignorant magistralement.

La collègue d'â côté qui leur passe un soufflon parce qu'elle les a entendus pendant une heure faire n'importe quoi dans ta classe.

 

Juste après la naissance de mon fils, un élève de 5e que j'avais gardé avec moi après le cours parce qu'il avait insupportable m'avait sorti "je m'en fous, vous passerez moins de temps avec votre enfant".

 

Et la comparaison avec le zoo est tout à fait appropriée. Cette impression d'avoir affaire à  des animaux sauvages, dénués de bon sens ou d'empathie. Car quand tu discutes en solo avec eux, tu leurs dis que t'es pas là pour les emmerder, pour les faire travailler, pour les aider, blablabla. Ils en ont rien à foutre, et ils repèrent la faille ^^.

 

Pourtant le directeur de la SEGPA m'avait prévenu," quand tu les récupères, tu dois avoir un "masque", le visage fermé, tu souris pas". J'ai eu beaucoup de mal à avoir ce côté "fermé", ce n'est pas quelque chose d'évident. Maintenant, beaucoup plus ^^.

 

J'ai une jeune collègue qui a un peu souffert de sa première journée avec des CM1 CM2. Je lui ai dit "franchement, tu cherches pas à comprendre, tu tires à vue". Le premier qui bronche, tu l'allumes. Tu marques ton territoire. Sur une journée, t'as pas vraiment le temps pour la diplomatie. Certes ils sont plus jeunes, mais le potentiel de nuisance peut être élevé.

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il y a 41 minutes, Vigomar a dit :

J'ai une jeune collègue qui a un peu souffert de sa première journée avec des CM1 CM2

Du délire !

Pourquoi elle s' est pas entrainer au kik-boxing avec les CP !

On rêve.

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il y a 42 minutes, Vigomar a dit :

Tu as lu en diagonale non ?

 

Car il est toujours prof.

Ben, plus à la fin de cet épisode (il décide de lâcher l'affaire).

J'attends la suite.

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On est tous passé par ces moments-là avec plus ou moins de réussite ; ça nous a formé à la plus dure des écoles : celle d'une réalité qui ne te fait aucun cadeau et que l'on doit gérer en direct, sans filet. Je savais que certains se retrouveraient dans ce récit.

J'ai des CAP réservés depuis plus de 12 ans (SEGPA - Migrants - Associaux...) chaque journée qui se termine n'augure jamais de la suivante. CAP "dernière chance" comme disent les élèves.

J'adhère à ce qu'écrit RIP-Educ. Ça "pue" la vérité.

Et ce n'est pas fini.

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Il y a 2 heures, manpat31 a dit :

Et je ne trouve aucun réconfort en salle des profs.

[...]

Et les collègues ne m’aident vraiment pas. Étant d’une timidité outrancière, je n’ose m’approcher de qui que ce soit. Je reste discrètement dans mon coin.

[...]

Pour ce qui est des autres collègues… je me souviens de l’anniversaire de l’un d’entre eux, avec des plats qui passent de main en main sans transiter par les miennes, parfois juste sous mon nez. Je fais alors semblant de corriger des copies pourtant déjà corrigées afin de me donner une contenance. Ainsi, c’est moi qui choisis d’être trop occupé pour festoyer, ce n’est pas comme si j’étais mis à l’écart par le groupe.

[...]

Par contre, y a pas l'air d'avoir une bonne ambiance dans son collège et pas trop de soutien des collègues vis-à-vis du débutant.

C'est plutôt le mode "chacun sa merde".

C'est une réalité ça ?

Modifié par Gabi
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Ça dépend des bahuts, des dirigeants, c'est comme partout. Mais je dirais que le métier, devant les difficultés, a tendance à devenir de plus en plus individualiste. Il faut absolument créer des groupes autour des classes, matières ou projets. C'est parfois difficile au vu des horaires de certains (je parle du 2nd degré) et aussi des caractères. Je bossais pas mal avec mes trois autres collègues, maintenant, c'est plutôt avec un seul.

 

Modifié par manpat31
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Une bonne équipe pédagogique peut t'aider à passer certains caps, mais ça ne suffit pas, car dans ta classe, tu es livré à toi-même et à un "public" hostile.

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Il y a 14 heures, manpat31 a dit :

Une bonne équipe pédagogique peut t'aider à passer certains caps, mais ça ne suffit pas, car dans ta classe, tu es livré à toi-même et à un "public" hostile.

Le "public", n'est pas forcément hostile, il est surtout mal dans sa peau et dans la société actuelle, une de mes parentes qui a fait toute sa carrière dans le 93, m'avait dit:" aux  premiers jours, il faut identifier les meneurs, et leur donner des responsabilités parfois ridicules, mais il paraît que ça marche. 

Ensuite ne jamais les affronter toujours les côtoyer afin de les pousser peu à peu dans le sens qu'on désire. 

J'ai connu une prof de philo, qui acceptait tout ce que disait les élèves avant de dire,c'est bien, c'est une idée, une façon de voir que vous avez développée, toutefois on pourrait aussi penser que... "....."... Qu'en dites vous  ? 

 

 

 

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Je pense que tu devrais te proposer comme contractuel, mais attends toi à de grosses désillusions.

L'éducation que les parents n'ont pas faite n'est pas rattrapable à l'école.

Ces trublions ne respectent pas leurs parents, alors j'imagine même pas ce qu'ils pensent des profs.

Surtout quand les parents vont dans leur sens comme l'a décrit le pauvre "bleu"

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Il y a 2 heures, stadeli a dit :

Je pense que tu devrais te proposer comme contractuel, mais attends toi à de grosses désillusions.

L'éducation que les parents n'ont pas faite n'est pas rattrapable à l'école.

Ces trublions ne respectent pas leurs parents, alors j'imagine même pas ce qu'ils pensent des profs.

Surtout quand les parents vont dans leur sens comme l'a décrit le pauvre "bleu"

Loin de moi cette idée, je ne suis pas du tout pédagogue, et je supporterai mal une classe telle que vous décrivez ici. 

Très franchement je m'echapperai lâchement pour faire un autre métier. 

C'est bien pour ça aussi que je soutiens et respecte le corps enseignant. 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Il y a 6 heures, papé a dit :

Le "public", n'est pas forcément hostile, il est surtout mal dans sa peau et dans la société actuelle, une de mes parentes qui a fait toute sa carrière dans le 93, m'avait dit:" aux  premiers jours, il faut identifier les meneurs, et leur donner des responsabilités parfois ridicules, mais il paraît que ça marche. 

Ensuite ne jamais les affronter toujours les côtoyer afin de les pousser peu à peu dans le sens qu'on désire. 

J'ai connu une prof de philo, qui acceptait tout ce que disait les élèves avant de dire,c'est bien, c'est une idée, une façon de voir que vous avez développée, toutefois on pourrait aussi penser que... "....."... Qu'en dites vous  ? 

 

 

 

Tu as raison sur le fond : identifier les meneurs, toujours ; essayez de les retourner, ça marche aussi, mais pas toujours.

Mais souvent malheureusement le public majoritaire est inerte et fainéant et laisse l'agitation aux hostiles qui égayent leurs cours.

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Chapitre 5 : In-signifiance

Le poète contemporain Christian Prigent écrit :

« Parce qu’elle embrasse passionnément le présent, la poésie affronte une in-signifiance : le sens du présent est dans cette in-signifiance, dans ce cadrage impossible des perspectives, dans ce flottement des savoirs, dans cette fuite des significations devant nos discours et nos croyances. »

Christian Prigent, A quoi bon encore des poètes ?, P.O.L., 1996, p. 36.

Voilà le sujet sur lequel j’avais dû plancher quelques mois auparavant en novembre, si je ne m'abuse), et qui ne m’autorisait absolument aucun espoir de valider les écrits du CAPES. Le sujet n’avait, à mes yeux, aucun sens. Et même mon directeur de recherche me le confirmait :

« Il s’agit de ce que l’on appelle familièrement de la masturbation intellectuelle. Je suis effaré que l’on estime trier de futurs enseignants sur une thématique aussi abstraite. Vous n’avez vraiment pas de chance, cette année. »

Fort heureusement, mes plans avaient changé et je m’étais découvert une passion subite pour le milieu de l’édition. Lequel, en toute honnêteté, ne m'importait pas le moins du monde avant de recevoir ce fameux mail informant de la clôture des candidatures pour le nouveau Master en Création Éditoriale. J’imagine que l’inaccessible attise la curiosité, et j’ai opté pour la tentative de la dernière chance. J’ai alors pris connaissance des critères d’admission au fameux cursus : il s’agissait d’envoyer une lettre de motivation couplée à une critique structurée d’une œuvre littéraire parmi une liste imposée. J’ai choisi la bande-dessinée Maüs et y ai mis tout mon cœur. Je n'avais, de toute façon, que ça à faire. Autant y aller au culot et espérer qu’un dossier le plus creusé possible me permettrait de contourner la fameuse date butoir (deux semaines de retard, tout de même !)

Parallèlement, je vivais un début d’histoire d’amour avec une étudiante en 2ème année de sociologie. Une idylle teintée d’amertume car j’étais conscient que j’étais en fin de parcours étudiant, que j’allais bientôt partir. Et ça peut paraître présomptueux, mais je sentais poindre un décalage entre elle et moi. J’avais affronté, pendant deux mois, les responsabilités d’une vie d’adulte, j’étais passé de l’autre côté du mur. Quand bien même je m’étais débrouillé comme un manche, je n’arrivais plus du tout à prendre au sérieux les anecdotes qu’elle me racontait, ironisant sur l’attitude de tel enseignant, sur ses futurs partiels, etc.

« Et ce prof, il est d’un chiant. On s’ennuie à crever pendant ses cours !

- Ah ah ah… Ouais… »

Quelque chose ne collait plus, malgré mes sentiments sincères à son égard. Pendant plusieurs mois, je ne savais plus où je me situais exactement. Trop jeune et inexpérimenté pour enseigner, mais à bout de souffle dans un cursus étudiant qui n’avait que trop duré. Je crois que je prenais frontalement ses critiques comme si elles m’étaient destinées. Je savais à quel point tenir une classe était difficile et je n’avais plus goût à me moquer des méthodes de tel ou tel enseignant. Je m’étais d’ailleurs mis à éprouver de la reconnaissance à l’égard de professeurs que j’avais, par le passé, orgueilleusement méprisés ou tout simplement ignorés.

Bon, peut-être pas Monsieur S. Lui, ne m’avait suscité qu’un dégoût profond qui m’avait accompagné durant toute ma scolarité. Je n’ai jamais oublié cette fois où il m’a humilié devant le reste de la classe. C’était en troisième, je ne comprenais pas un traitre mot de sa séance sur les atomes et, bien qu’élève sérieux et travailleur, j’avais eu droit à un traitement lapidaire, ponctué par un clapement de langue :

« T… t… t… C’est minable, de voir ça. »

Alors autant dire que ma reconnaissance rétroactive avait ses limites.

Je m’étais alors juré de devenir un professeur plus compréhensif qu’il ne l’avait jamais été (et aujourd’hui, quand je perds patience face à mon auditoire, j’ai cette petite voix qui me rappelle à l’ordre : attention, c’est une pente glissante. Ne t’y aventure pas. Comme un genre de Batman qui craint de ne sombrer dans une folie identique à celle du Joker. Enfin, un Batman sans les muscles, sans le côté sombre qui pète la classe, sans les collants moulants... Bref, peut-être pas un Batman, finalement.)

J’ai commencé à prendre mes distances avec cette fille.

Et là, sans crier gare, double rebondissement : quasiment la même semaine, j’apprends que j’ai validé les épreuves écrites du CAPES (Je pense honnêtement qu'ils n'ont rien compris à ma copie sur Christian Prigent. J'ai utilisé la technique ancestrale du "Quand le sujet n'a aucun sens, rédige, toi aussi, un truc qui n'a aucun sens. C'est passé, j'ai eu 10. La note caractéristique du syndrome de "lol, g PA lu."). Et que ma candidature au Master Création Éditoriale a été exceptionnellement retenue, au vu de la qualité du dossier envoyé !

Je ne m’y attendais pas une seule seconde. J’espérais, au mieux, dans un monde idéal, valider l’une des deux options.

Je ne tenais absolument plus à exercer le métier d’enseignant, mais paradoxalement, je me disais qu’il était peut-être dommage de me fermer une porte. Je voulais m’offrir le plus de choix possible, le moment venu. J’ai donc pris la décision de me rendre aux oraux du CAPES ainsi qu’à mon entretien de candidature au Master. (Ce dernier étant une formalité, je ne m’étendrai pas sur ce sujet. Je suis simplement passé devant un jury, lequel m’a rappelé les objectifs du cursus avant de me confirmer que ma demande était validée. Ouf. J’avais une issue de secours !)

Parallèlement, il s’agissait donc de préparer les fameuses épreuves orales. Je me suis attelé à la tâche avec un sérieux exemplaire couplé à une passion volcanique. Ainsi, nuit et jour, j'ai carburé, le bras endolori par une perfusion de caféine et… Non, c’est faux, bien sûr. Je n’ai pas ouvert un seul bouquin. Je n’en avais rien à secouer, je voulais simplement passer ces épreuves pour la beauté de l’art, mais j’étais davantage transporté par ma future vocation éditoriale. Je n’ai donc jamais ouvert le précis de grammaire de Denis et Sancier, et j’ai passé plus de temps à jouer à ma Nintendo 3DS qu’à accumuler des connaissances.

La fin de l’année scolaire approche, et je dois me rendre à Tours afin de me frotter aux épreuves finales : un commentaire de texte devant un jury de trois personnes, et cette épreuve un peu bâtarde aux modalités aussi floues que la brume écossaise : la didactique.

À partir de cet instant, je donnerai de moins en moins de nouvelles à cette fille avec laquelle je vivais un semblant de relation amoureuse. Je lui ai à peine dit au revoir, sans jamais avoir concrétisé la fin de notre histoire, et je sais que je ne reviendrai dans ma ville étudiante que pour achever mon déménagement. J’étais encore trop égoïste pour réaliser que je me comportais comme un sac. Je le paierais pendant plusieurs années, incapable de repasser par cette ville tant elle m’évoque une culpabilité profonde. Particulièrement, chaque jour de ma future année de stage s’achèverait par une pensée pour elle : « Qu’est-ce qui m’a pris de partir et de te faire ça ? »

Mais reprenons.

Je réserve mon hôtel pour deux jours, et j’attends patiemment la date fatidique, que j’aborde en réalité comme un sympathique séjour à Tours ponctué, malheureusement, de deux énormes corvées. Je note le nom de toutes les boutiques de jeux vidéo et de bandes dessinées sur Google Maps afin de n’en louper aucune.

Je suis donc paré pour cette noble épreuve chargée de recruter la crème des crèmes des enseignants de demain ! Non ?

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Il y a 5 heures, manpat31 a dit :

Tu as raison sur le fond : identifier les meneurs, toujours ; essayez de les retourner, ça marche aussi, mais pas toujours.

Mais souvent malheureusement le public majoritaire est inerte et fainéant et laisse l'agitation aux hostiles qui égayent leurs cours.


Parfois ce sont eux qui m’insupportent le plus.

Les moutons qui rigolent bêtement des conneries des autres, et qui n’ont aucune personnalité.

 

Une fois à la Segpa, un peu à bout j’avais dit à une de ces élèves « connecte ton neurone ».

 

Bon, elle n’avait pas percuté :yes:.

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Pas étonnant ! Faut trouver le bon niveau de "fréquence" pour être capté.

Toute agitation des "meneurs" profitent à leur inaction et leur fainéantise : c'est tout bénéf pour ne rien faire.

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Il y a 3 heures, manpat31 a dit :

Pas étonnant ! Faut trouver le bon niveau de "fréquence" pour être capté.

Toute agitation des "meneurs" profitent à leur inaction et leur fainéantise : c'est tout bénéf pour ne rien faire.

De tout temps à jamais ce sont les plus tocards qui foutent le merdier de façon à ramener les autres à leur niveau. A une certaine époque ils se faisaient virer, maintenant il faut les supporter, on est depuis longtemps par le nivellement par le bas. 

Et ça marche !!!! 

Modifié par papé
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Et alors, personne ne souligne ici le grand retour des maths dans le tronc commun au lycée. 

1h 30 par semaine ! Ouah !! 

Mais comment va- il-faire le ministre (peut être s'en fout-il ?) pour recruter des profs de maths. 

Malin, le précédent, voyant qu'il n'y avait plus de profs de maths avait simplement supprimé la matière, indéniable intelligence situationnelle. 

Je vais réviser la table de 4 et de 7, et si je vais à un entretien pour être prof de math, je suis sûr d'avoir mes chances, d'autant plus que j' ai été toujours copain avec Pythagore et Thales. (ça c'était il y a longtemps). 

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il y a 26 minutes, papé a dit :

Et alors, personne ne souligne ici le grand retour des maths dans le tronc commun au lycée. 

1h 30 par semaine ! Ouah !! 

Mais comment va- il-faire le ministre (peut être s'en fout-il ?) pour recruter des profs de maths. 

Malin, le précédent, voyant qu'il n'y avait plus de profs de maths avait simplement supprimé la matière, indéniable intelligence situationnelle. 

Je vais réviser la table de 4 et de 7, et si je vais à un entretien pour être prof de math, je suis sûr d'avoir mes chances, d'autant plus que j' ai été toujours copain avec Pythagore et Thales. (ça c'était il y a longtemps). 

 

Je ne sais même pas jusqu'à quel point Blanquer ne devrait pas être traduit en justice pour avoir détruit la scolarité de lycéens, et donc leur niveau, pendant 5 ans.

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(pas d'internet fiable vendredi)

Chapitre 6 – Et ta mère, elle est romantique ?

Je débarque à Tours par un doux soir de fin de printemps (nous sommes à la mi-juin !). La ville est encore baignée d’un soleil apaisant qui m’apporte un réel réconfort, ce qui contraste radicalement avec cette petite boule d’angoisse qui s’est nichée au creux de mon estomac. « À mon âge, ça doit être le stress des exams », comme disait la pub. Eh bien non, même pas ! C’est avant tout pour ma petite chatte noire que je suis préoccupé : je déteste être séparé d'elle plus d’une journée et je m’impatiente déjà à l’idée de la retrouver et de la serrer contre moi. Pas trop fort car la bête n’aime pas lorsque les cajoleries s’éternisent. (C'était une chatte épileptique, à laquelle je devais administrer un traitement midi et soir pour soulager sa maladie. Autant dire que je n'aimais absolument pas la confier à qui que ce soit. Surtout que je l'avais élevée au biberon, donc un lien très fort me rattrachait à elle. Pour l'anecdote, j'étais encore étudiant lorsque je l'avais trouvée sur un parking, âgée de 3 semaines, et avais dû programmer un réveil toutes les 4 heures afin de la nourrir. Je devais donc sécher quelques cours à la fac pour m'occuper d'elle. Je lui ai tout appris manuellement, même à bondir et à chasser des bestioles en plastique)

Pour ce qui est des épreuves orales… toujours rien à secouer, quand bien même la première se déroule le lendemain à 11h.

Premier détail amusant : l’hôtel est quasiment réquisitionné par des candidats au CAPES ! C’est comique à observer car mes concurrents sont éparpillés un peu partout, la mine grave, absorbés par leurs dernières révisions (on ne relit pas ses cours au dernier moment, enfin !). De mon côté, je file dans ma chambre pour tester la baignoire (j’adore la baignoire des hôtels), armé de ma PS Vita et de mon nouveau jeu : Gravity Rush (un jeu génial dans lequel on peut manipuler la gravité !). Vous l’aurez compris, je me terre dans un univers fictif à des kilomètres des préoccupations censées capter mon attention… jusqu’au lendemain !

10h45 : me voilà devant cet établissement dont je garde peu de souvenirs, si ce n'est qu’un surveillant me mène dans une salle où je pioche un sujet (Merde ! Les Destinées d’Alfred de Vigny. Pas de bol), puis dans une autre où je devrai préparer ma prestation orale. Il faut savoir que le genre poétique est mon préféré (mon mémoire de recherche portait sur la poésie fragmentaire du XXe siècle, et je me donnais à l'époque un genre vestimentaire de poète maudit, avec une panoplie constituée d'un long manteau noir et d'une collection d'écharpes adaptées à toutes les situations et températures !), mais alors la fascination d’Alfred de Vigny pour le sacré ne m’émeut pas le moins du monde. Je bricole malgré tout un fatras d’idées qui me semblent tenir la route, et mon passage devant un jury de trois personnes se déroule sans accroc. Je n’ai pas l’impression d’avoir transcendé les étoiles, mais ça devrait faire l’affaire. Ne soyez pas trop déçu(e)s : le deuxième oral sera plus drôle.

L’après-midi, j’écume toutes les boutiques de jeux vidéo du quartier, dont je ressors les bras chargés de babioles (dont une figurine de Chocobo de la série des Final Fantasy). Les autres candidats sont restés à l’hôtel. Le soir, on se salue sobrement et l’on se souhaite bonne chance, tout en beurrant les marches d’escaliers en priant pour un accident fortuit qui réduira les effectifs.

Je file me coucher en ignorant qu’il me reste à peu près 12 heures avant la collision. (Je vous laisse le soin d’insérer, ici, un petit bruit de compteur angoissant, à la manière du décompte journalier dans Zelda : Majora’s Mask).

Et c’est d’humeur placide que je me présente le lendemain, à l’épreuve de didactique, dont je n’ai toujours pas cerné le principe. De ce que l’on m’a appris, il s’agirait de réfléchir à l’utilisation pédagogique d’un manuel scolaire, en précisant comment un extrait donné peut s’inscrire dans une progression, tout en listant ses points positifs et négatifs. Toutefois, on m’avait mis en garde : « Mieux vaut faire attention avec les points négatifs car il se peut que l’un des membres du jury soit à l’origine de la conception du manuel et qu’il prenne assez mal qu’un blanc bec sans expérience remette en question le fruit de son labeur. » Je n’ai jamais su s’il s’agissait d’une légende urbaine ou non. Mais je sais en revanche que je suis tombé sur les deux plus gros blaireaux de l’histoire des jurys.

Tintin et la Vieille. Je les surnomme encore ainsi aujourd’hui. Le type de gauche a vraiment la même tronche que le reporter du Petit Vingtième, et son acolyte est une dame d’un certain âge sans marque de distinction spécifique.

Je dois d'abord analyser un extrait des Misérables dans un manuel scolaire.

Enfin, j’essaie d’analyser. Car le fait est que Tintin m’interrompt sèchement dès qu’il semble en désaccord avec mes propos, et ponctue chacune de ses interventions d’une petite blague lapidaire dont le cynisme déclenche automatiquement un rire étouffé chez sa comparse.

« Vous êtes sûr ? Victor Hugo ? Vous parlez de l’auteur ou de la rue où se trouve votre boulangerie ?

- Hu hu hu hmpfrrrr ! »

« Ah bon ? Historique ou romantique ? Il faudrait vous décider ! On ne va pas le faire à votre place !

- Hu hu hu hmpfrrrr ! »

Je souris gentiment à chacune de ses interventions mais, au fond de moi, je commence à fulminer (Mes pensées n’étaient pas d’une grande profondeur, et se résumaient, grosso modo, à « Put*in de Tintin de mes deux, je vais te faire manger tes boîtes de crabe par le trou de b*lle. C’est fin, je sais). À la 7ème ou 8ème blague, je n’ai plus qu’une envie : que ça se termine.

Vient alors la question fatidique : Jean Valjean est-il un héros romantique ? Je déploie mon plus bel argumentaire, quand Tintin me coupe net :

« C’est un voleur. Je ne vois pas ce qu’il y a de romantique à ça. »

Ce à quoi je réponds

« Ça ne contredit en rien son statut de héros romantique. Peut-être n’avez-vous pas lu le livre depuis longtemps, je pourrai vous le prêter. »

Gros froid. J’ai pourtant été soft, je ne me suis pas aventuré sur le terrain des boîtes de crabe.

Tintin et la vieille ne rient plus du tout, et l’on s’apprête à dépasser le temps réglementaire. Pourtant, ils continuent de me cuisiner, sans faire mention de ma perte de sang froid, probablement pour se donner un air professionnel (après en avoir manqué durant vingt minutes). Comme deux robots qui mèneront l’interrogatoire jusqu’au bout. Cette fois-ci, c’est au sujet d’un extrait d’œuvre théâtrale de Tardieu.

Notre jeune reporter me questionne alors sur le type d’activité que je peux présenter à des élèves afin de les faire travailler autour d’un tel support :

« Je leur proposerais des ateliers de mise en voix, afin de s’approprier le texte, de l’oraliser et de cerner la différence entre la littérature faite pour être lue, et celle de la représentation.

- Ah ? Vous voulez devenir professeur de théâtre ou professeur de français ?

- Professeur de français.

- Alors tenez-vous en à ce qu’on vous demande. »

La vieille éclate de rire. (Profite, c'est bientôt la canicule). Au fond de mon crâne se déroule un autodafé de toute ma collection des albums de Tintin. J’ai très envie de lui demander :

« Et vous, vous vouliez devenir jury ou sac à m*rde ? »

Je me contente de :

« Ce sera tout ? »

Je prends mes affaires, je quitte le centre d’examen, je récupère mon sac à l’hôtel et je rentre chez mes parents. Le soir, je refuse d’en parler à qui que ce soit. Je me contente de taper sur Google : « Jean Valjean romantique ». Avec l’irrépressible envie d’imprimer tous les résultats sortants au format A3 et de retourner à Tours les tartiner sur le pare-brise de l'ami Tintin.

La destinée s’était donc prononcée (non, pas la tienne, Alfred. Rendors-toi). Je serais éditeur. Je n’aurais pas à choisir. C’était une bonne chose. Et j’avais découvert Tours, voilà tout.

Enfin, ça, c’était avant que je ne reçoive un courrier m’annonçant que j’avais validé les épreuves orales du CAPES.

À suivre.

 

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il y a une heure, papé a dit :

Et alors, personne ne souligne ici le grand retour des maths dans le tronc commun au lycée. 

1h 30 par semaine ! Ouah !! 

Mais comment va- il-faire le ministre (peut être s'en fout-il ?) pour recruter des profs de maths. 

Malin, le précédent, voyant qu'il n'y avait plus de profs de maths avait simplement supprimé la matière, indéniable intelligence situationnelle. 

Je vais réviser la table de 4 et de 7, et si je vais à un entretien pour être prof de math, je suis sûr d'avoir mes chances, d'autant plus que j' ai été toujours copain avec Pythagore et Thales. (ça c'était il y a longtemps). 

Si, si, j'en ai parlé il y a quelques mois quand notre précédent Leader Maximo El Blanquero s'était vanté de réintroduire les maths au lycée, alors même qu'il était l'auteur de leurs disparitions.
Et comme tu l'as justement noté, les maths avaient disparu, faute de profs de maths, tellement le métier est devenu attractif (bientôt, - déjà ! - le Français, les langues...)

1h30/semaine ! Fichtre ! Quelle belle École, il nous a fabriqué celui-là. Une fabrique de Champions... Il est de Toulon, Blanquer ?:P

Modifié par manpat31
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Il y a 1 heure, papé a dit :

Et alors, personne ne souligne ici le grand retour des maths dans le tronc commun au lycée. 

Alors que c'était un nouvel exemple de lutte contre les inégalités de la part de notre chère école républicaine.

Et oui c'était surtout les garçons et les enfants favorisés qui faisaient des bacs scientifiques et étaient bons en maths. Donc on a supprimé tout ca.

Plus de maths, plus d'inégalité, c'est simple.

Comme pour les redoublements et les bacs. :smile:

 

Bon, comme à chaque fois, à l'arrivée, en voulant lutte contre, on a au contraire exacerbé les inégalités (la part des filles et des enfants défavorisés prenant l'option math a chuté drastiquement ces dernières années) mais c'est pas grave, ca. On peut dire que tous les enfants sont encore plus égaux, c'est le principal.

Modifié par Gabi
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On voit de mieux en mieux l'Iceberg, non ?!

C'est bien de se révolter maintenant, mais quand les profs, qu'on n'écoute jamais, soulèvent le problème en amont depuis une quinzaine d'années, les railleries fusent.

Voilà.

Les méthodes, les réformes, si on peut appeler ça comme ça, appliquées, les plus ineptes et hors sol les unes que les autres depuis des années, dans un seul but : économiser sur la formation et le savoir des masses... €€€€€€

L'EN c'est le Titanic, gouvernail sous-dimensionné, volonté de cacher les problèmes (incendie, canots en sous nombre, panneaux "étanches" pas assez haut) pour battre des records, le bateau coule, mais l'orchestre continue de jouer et juste, en plus.

 

 

Modifié par manpat31
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J' avais posé une question qui était restée sans réponse.

Combien y a t'il de syndicats dans l' Education Nationale.

J' ai la réponse (site de l' EN)

il y en a ... 19.

:happy_dance:

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Il y a 5 heures, tire-bouchon a dit :

J' avais posé une question qui était restée sans réponse.

Combien y a t'il de syndicats dans l' Education Nationale.

J' ai la réponse (site de l' EN)

il y en a ... 19.

:happy_dance:

7% en France et environ 30% dans l'EN (en baisse constante)

Je ne pense pas vraiment (euphémisme, je suis sur) qu'ils soient responsables des programmes, de la suppression des maths, des suppressions de classes à profil, de l'accueil des migrants en LP...

Modifié par manpat31
vérification des chiffres
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Le gros pb, quasiment insurmontable est le manque de prof en maths. 

Et ce ne n'est pas demain la veille que ce sera résolu. 

On a fait chier des étudiants en médecine car on imaginait que le nombre de médecin augmentait le nombre de consultations. Nous sommes en pénurie complète de professionnel de santé. Et pourtant il paraît qu'on sait faire des stats. 

C'est lamentable d'avoir des dirigeants aussi myopes, la gestion d'un état à courte vue nous pousse vers l'abîme. En fait il leur faut des ophtalmos.

À propos d'ophtalmo, j'ai consulté hier, après un RV pris il y a 7 mois !! 

Résultat : parfait, parfait, me  dit-elle, c'est pas possible 10 /10 à chaque œil À Votre Age (non mais tu pourrais t' abstenir pensais-je).

Du coup je lui ai dit," tout le reste est pareil" , mais maintenant que la médecine est très spécialisée vous n'aurez pas la chance de vérifier. 

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Chapitre 7 – Les trois premiers jours du reste de ta vie

Ma place obtenue au concours était très modeste (et pour cause : je n’avais strictement rien révisé et m’étais pris la tête avec le jury de l’épreuve de didactique). Mais je l’avais obtenu ! On m’offrait sur un plateau d’argent la possibilité d’entrer concrètement dans le monde du travail, de fuir ce milieu étudiant dont j’avais fastidieusement fait le tour. En outre, ma petite machine à laver mentale avait rincé et essoré mes récentes expériences : j’avais maintes fois ruminé mon échec pédagogique de février dernier et je refusais de partir sur une défaite. La réflexion m’avait animé d’une motivation nouvelle, et j’étais bien décidé : je devais impérativement réussir dans l’enseignement. Je réfléchirais ensuite à une démission potentielle, mais j’exécrais plus que tout un choix par défaut. J’ai donc totalement balayé ma vocation éditoriale. Aussi, je voyais comme une chance mon affectation singulière dans une autre académie que la mienne (Orléans-Tours, le retour !). Ordinairement, les stagiaires ne sont pas envoyés sur une académie limitrophe, mais j’imagine qu’il ne restait plus grand chose, au vu de mon classement. Qu’à cela ne tienne, je reprendrais ma vie à zéro. Une réussite, rien qu’une réussite, et je verrais ensuite !

Me voici donc en route pour la ville où se situera mon établissement de stage : un lycée !

« Excellent ! Cela sera plus simple que devant un public collégien ! », me dis-je avec une grande naïveté que seul le narrateur de dix ans l’aîné peut cerner.

J’ai loué, dans l’urgence la plus totale, un modeste appartement ma foi fort sympathique (avec une bête de terrasse !!), grâce à l’aide financière précieuse de l’Education Nationale pour loger ses fonctionnaires (insérez ici des rires enregistrés).

Petite anecdote amusante : j’ai emménagé deux jours avant la pré-rentrée des stagiaires. Le premier soir, alors que je termine mon rangement et que la nuit tombe, je tâtonne afin de trouver l’interrupteur du plafonnier… Ça alors ! Pas d’interrupteur. Je lève alors la tête : ça alors ! Pas de plafonnier ! Dans la précipitation, je n’avais absolument pas remarqué qu’il s’agissait de l’un de ces appartements avec des normes spécifiques, sans lustre ! Il fallait donc investir dans des lampadaires halogènes. Génial. Le temps de les recevoir, j’ai vécu façon homme des cavernes, calquant mon existence sur le rythme solaire, et me promenant de pièce en pièce avec ma lampe de chevet qui s’est accoquinée avec toutes les plus belles prises de sa région. (Envoie PRISE au 81212).

27 août : c’est parti pour 3 jours de stage intensif. On réunit les débutants dans un établissement (situé beaucoup trop loin à mon goût), et on les forme le mieux possible à leur entrée dans l’enseignement. Vous vous demandez sûrement comment il est envisageable de préparer la bleusaille à la lourde tâche qui l’attend, en seulement 72 heures ? Eh bien, c’est impossible ! Mais laissez-moi vous détailler le planning !

Premier jour : nous avons fait connaissance avec les autres stagiaires de notre matière. Je sympathise aussitôt avec Stéphanie et Laurie (noms d’emprunt, comme d’habitude). Puis nous sommes accueillis par l’inspectrice de Lettres Modernes, qui a l’air adorable et bienveillante (à cette époque, ce n’était pas encore un gros mot, pour moi !) : on dirait une petite grand-mère à l’accent sudiste qui va nous préparer des confitures. Je l’ignore encore, mais c’est un piège : parfois, certaines personnes arborent un masque de sympathie dont on dirait qu’il leur colle à la peau, mais je pense que le théâtre social le leur applique avec une colle si forte que dès qu’il tombe, des lambeaux partent avec l’esbroufe et dévoilent un visage moins angélique qu’il n’y paraissait au premier abord.

Les trois journées, harassantes, sont constellées d’activités plus ou moins pertinentes. Beaucoup de jeux de rôles où nous prenons tour à tour la place de l’enseignant ou de l’élève. Notre formatrice, Éliane, fait du mieux qu'elle peut, mais je pense qu’au fond d’elle, elle sait très bien que l’on ne fait pas de miracles en trois jours. Parfois, elle endosse le rôle de l’élève effrontée qui ne veut pas travailler, et l’on doit apprendre à la recadrer. Mais elle montre trop peu de hargne à défendre sa posture, et les situations fictives sont bien vite désamorcées. Je l’ignore encore à ce stade du récit, mais les caprices de la petite Éliane seront à des années-lumière de mes préoccupations, la semaine suivante. J'aurai loisir de vous conter bien d'autres journées de formation qui ont marqué mon année de stage, mais ce sera pour plus tard.

Enfin, une interrogation me préoccupe davantage :

« On ne prépare pas nos cours, dans cette formation ?! Non parce que c’est dans trois jours, hein. Et moi, je n’ai rien. Je ne sais même pas quels seront les niveaux auxquels j'enseignerai ! »

En réalité, il faut contacter son tuteur dans l’établissement d’exercice. Je me souviens avoir galéré car je ne parvenais pas à joindre la proviseure, laquelle était la seule habilitée à me transmettre les coordonnées de ma tutrice, Sylvie. De plus, comment trouver du temps pour se voir et préparer des séances de cours alors que, justement, mes journées sont occupées à faire le guignol avec mes petits camarades afin de singer des situations pédagogiques qui, à la manière d’un exercice d’évacuation face à un incendie, ne se dérouleront jamais dans les mêmes conditions ?

Je ne ferai sa connaissance que le 3 septembre, soit le jour de la pré-rentrée enseignante. Avec, par conséquent, un temps de travail très réduit. Je vous présenterai mon établissement d’exercice dans un prochain chapitre car il y aurait beaucoup à en dire.

Je profite de l’opportunité pour prendre connaissance de mon premier emploi du temps de prof de toute ma vie. Déjà, pas de chance : week-end classique. J’espérais avoir le vendredi après-midi ou le lundi matin pour rendre plus facilement visite à ma famille. Bon.

Autre déception : malgré l’alternance avec les jours de formation, mes 15 heures ne sont pas éparpillés avec le soin méticuleux de chouchouter le petit nouveau, loin de là. Heureusement qu’en tant qu'Auvergnat de naissance, j’ai un goût très prononcé pour tous les fromages possible (avec les croûtes, s’il vous plaît !) car je vais devoir m’habituer à un bel emploi du temps gruyère.

C’est aussi l’occasion pour moi de découvrir mes trois classes :

« Euh… Sylvie ? C’est quoi, ça, des 1STMG ?

- AH. Euh… C’est une classe de Première STMG, une filière technologique. Je crois que cela se nommait encore STG quand tu étais élève.

- Mais… ce ne sont pas des élèves difficiles à canaliser, généralement ?!

- Si… et ça a été un motif de dispute lors de la réunion de répartition. Les collègues ont jugé bon de te les confier car le niveau d’exigence est moins élevé, te permettant d’alléger tes préparations de cours » (Moi du présent : « Mon cul ! »)

Mes deux autres classes sont des 2GT (Seconde Générale et Technologique). Prudemment, je rencontre tout de même les professeurs principaux respectifs de mes classes, afin de vérifier s’ils ont pris connaissance du cursus scolaire de leurs anciens 3e. Sait-on jamais, peut-être que cela pourrait m’aider à anticiper mes premières séances, notamment au niveau de ma posture. Après tout, c’est ce qui m'avait principalement fait défaut lors de mes trois mois en collège, et je ne tenais aucunement à revivre pareil enfer.

Rien à signaler chez les 2GT4, ouf ! Un groupe-classe très classique, aux compétences hétérogènes. Pas de cas particulier, aucun problème de comportement signalé.

Mais en ce qui concerne les 2GT8, je sens poindre un sentiment de malaise lorsque j’évoque le sujet :

« Eh bien… non, je ne veux pas t’affoler, m’explique Henry, leur professeur principal. D’une part, leur provenance ne veut rien dire. Puis, cela peut faire la différence, d’être jeune auprès d’un tel public.

- Mais, quoi, quel est le problème ? Tu me fais peur !

- Je crois qu’ils ont rassemblé tous les élèves provenant d’un gros établissement REP voisin pour les mettre dans une seule classe. La 2GT8 est, ce qu’on appelle chez nous, une classe à profil. »

À suivre.

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Je peux m'y coller si tu veux, je suis très fort en résumé de texte.

Alors c'est un jeune branleur qui ne sait pas trop ce qu'il veut faire de sa vie.

Il s'engage sans conviction dans des études de Lettres qui offrent vachement de débouchés dans l'EN ou ANPE.

Après un stage cataclysmique dans un collège, il obtient son Capes sur un malentendu après l'avoir préparé sur la plage et au bistrot.

Vient ensuite son affectation dans un Lycée où croit-il, la "population" sera plus "bienveillante" à son égard...

... A suivre...

:P

 

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Par contre, y'a un truc que je ne comprends pas :

On nous expliquait qu'il y avait une grosse différence entre un contractuel (les fameux job dating) et un titulaire. Car le CAPES est très sélectif et permet de vraiment vérifier la motivation, le niveau technique et la formation des candidats.

Et là, un ex-contractuel nous explique qu'il a passé la CAPES par hasard, sans vraiment chercher à l'obtenir, qu'il l'a eu les mains dans les poches, en ne préparant rien et qu'il a été formé pendant 3 jours qui ne servent pas à grand chose visiblement.

 

On nous aurait menti ?

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